«Le statut privilégié et unique des femmes tunisiennes dans le monde arabe et musulman est incontestable. L'expérience tunisienne est avant-gardiste dans le domaine de la promotion des potentialités de la femme, la consolidation de son statut juridique et de sa participation dans la définition des choix futurs. Nul doute donc que la femme occupe une place privilégiée dans le projet moderniste de la Tunisie», indique maître Moncef Arous. L'égalité, un fondement Ceci dit, ce projet moderniste suppose la réunion de toutes les forces vivantes de la Tunisie, hommes et femmes. A ce propos, le principe d'égalité entre l'homme et la femme est consacré par l'article 6 de la Constitution tunisienne qui stipule que « tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi». Cet article fait de la femme tunisienne un partenaire à part entière, quel que soit le domaine. D'ailleurs, notre juriste indique que cette égalité permet à la femme de jouer un rôle essentiel au niveau de la société, d'occuper des postes très importants et d'assumer de grandes responsabilités. «La femme tunisienne demeure, malgré tous ces acquis, ambitieuse et audacieuse, prête à relever d'autres défis et à continuer sa conquête d'un plus grand pouvoir de décision dans la société», relève-t-il. La consécration de ce principe aboutit à l'instauration d'une relation de partenariat avec l'homme sans pour autant priver la femme de son importante place au niveau la famille, noyau de la société tunisienne. Un acteur central L'émancipation de la femme tunisienne est fortement liée à la promulgation du Code du statut personnel en 1956 qualifié par notre interlocuteur de «grand acquis». Il indique que le CSP est «la base» et «le pilier» de l'émancipation de la femme tunisienne, entre autres ces 20 dernières années. Cette période a permis de «consolider» les droits acquis par la femme tunisienne sous l'impulsion du Président Ben Ali et de favoriser une véritable évolution intellectuelle. «Plusieurs réformes et initiatives sont venues, ces dernières années, consolider l'édifice qui consacre la centralité de la place de la femme dans l'œuvre de développement national», souligne-t-il. Il ajoute qu'en encourageant les femmes à participer à la vie politique et à occuper des postes au sein des institutions publiques et gouvernementales, le Chef de l'Etat a également affirmé vouloir aider les femmes à jouer un rôle plus important dans la société tunisienne. Depuis 1987, explique-t-il, un arsenal de mesures est venu renforcer les acquis de la femme tunisienne dans l'optique d'abolir les discriminations basées sur le sexe, d'établir un partenariat avec l'homme. Dans ce cadre, il est important de rappeler que la Tunisie dispose de plusieurs structures consacrées à la femme et aux moyens d'assurer sa participation en tant qu'élément actif de la société. D'autre part, et comme l'indique notre interlocuteur, le Code du travail, depuis 1992, date à laquelle il a fait l'objet d'un amendement, affirme le principe de non-discrimination entre l'homme et la femme dans tous les aspects du travail, accès à l'emploi, égalité de salaire, aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé. Soulignant l'importance du Code du statut personnel dans la vie sociale, il a mis l'accent sur le rôle primordial qu'il joue dans l'organisation des relations familiales et la protection des droits de l'Homme. Il a relevé, à cet égard, le processus évolutif et dynamique du code, qui ne cesse d'évoluer à la faveur d'un élan réformateur remarquable. Un rôle actif Par ailleurs, un ensemble de mesures sont venues renforcer les acquis sociaux de la femme tunisienne et l'assise juridique de son statut. Outre la proclamation du principe de partenariat et de co-responsabilité au niveau du couple tunisien, la femme tunisienne dispose de prérogatives parentales plus valorisantes. Le code de la nationalité et le Code pénal ont fait eux aussi l'objet d'amendements, afin de consolider les principes de l'égalité et de non-discrimination entre l'homme et la femme mais aussi de renforcer la protection de cette dernière. Notre interlocuteur rappelle, à titre d'exemple, que battre une femme est susceptible de poursuite pénale, ce qui s'inscrit dans le droit fil des réformes du Code du statut personnel et du Code pénal visant à garantir le droit à la dignité et à l'intégrité de la femme et à la protéger contre toute forme d'agression morale et physique. Avec le temps et le réformes successives, une nouvelle mentalité s'est installée imposant une nouvelle réalité à laquelle les Tunisiens se sont adaptés : «La femme est une grande valeur dans la société. Un être actif loin de jouer un simple rôle de figuration», souligne l'avocat. A ce propos, il a exprimé son admiration pour l'expérience tunisienne, devenue un modèle en matière de promotion de la femme, soulignant le rôle primordial des efforts accomplis par l'Etat dans les domaines de la protection de la femme, le renforcement de ses droits et la préservation de ses acquis, considérant qu'en 2010, «les femmes mènent le bateau et le mènent très bien». L'évolution féminine en chiffres L'éducation et l'enseignement de la gent féminine ont été imposés par la législation tunisienne depuis l'Indépendance. Depuis quelques décennies, les indicateurs ne cessent de s'améliorer, démontrant le progrès qu'enregistre la femme sur ce plan. En selon les données fournies par le ministère des affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées, le taux de scolarisation des filles à l'âge de six ans est actuellement de 100%. La femme compte 50% des élèves inscrits dans les établissements de l'enseignement secondaire et 60% des étudiants. L'évolution de l'insertion professionnelle de la femme est traduite par des indicateurs fort significatifs. En effet, la femme tunisienne compte 27% de la population active. Elle a accédé à tous les secteurs économiques, motivée sans doute par la volonté mais aussi par des compétences perpétuellement confirmées. Dans le domaine industriel, la femme compte quasiment la moitié de l'effectif, soit 44%. Sa contribution dans le domaine agricole est de 23%. Le nombre des femmes chefs d'entreprises s'élève actuellement à 18 mille. Pour ce qui est de la fonction publique, la gent féminine représente 25% des postes fonctionnels. Il y a également lieu de noter que les femmes représentent 40% des professeurs universitaires, 47% des chercheurs, le tiers des juges et des avocats et 42% du corps médical tunisien. Convaincue de l'importance croissante qu'acquiert le tissu associatif dans une société moderne, la femme s'adonne au bénévolat contribuant ainsi à la dynamisation d'un domaine fondé sur l'esprit de solidarité. Elle compte, ainsi, 20% des responsables des ONGs et 42% du corps associatif. Aujourd'hui, la promotion de l'implication de la femme dans la vie politique constitue une priorité majeure. L'un des objectifs fixés par le Chef de l'Etat notamment dans le cadre de son Programme Présidentiel pour la période 2009/ 2014 est de hisser la place de la femme dans les postes de décisions à 35% à l'horizon 2014 contre 30% actuellement. Toujours selon le ministère de tutelle, la place de la femme dans la chambre des députés est passée de 7,4% en 1994 à 27,57% actuellement. Les femmes représentent 19% de la chambre des conseillers, et 50 % du parlement des jeunes, 26% du conseil constitutionnel, 22,8% du conseil économique, ainsi que 37,9% du comité central du RCD. En 1995, la présence féminine dans les conseils municipaux n'était que de 16% Actuellement, ce taux est passé à 32,7%. D.B.S