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Au bord de la seconde guerre froide
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 12 - 2015


Par Hmida BEN ROMDHANE
Décidément, la Turquie n'a pas l'air de vouloir arrêter ses provocations à l'égard de la Russie. Dimanche dernier, une provocation gratuite de la part d'un bateau turc contre un navire de guerre russe dans la mer Egée a failli engendrer un grave incident entre les deux pays. En effet, et alors que le bateau turc était à un kilomètre du navire russe, il commençait à recevoir les avertissements pour s'éloigner. C'est seulement quand il n'était plus qu'à 500 mètres que les Russes ont lancé une roquette qui ne l'a pas atteint, mais qui l'a obligé de s'éloigner.
Un commentateur américain a fait du comportement du pays d'Erdogan la description suivante : «La Turquie se comporte comme ce type qui entre dans un bar et entreprend de provoquer gratuitement les gens et de foutre la pagaille parce qu'il sait que des amis armés restés dehors le protègent... »
Cette image s'applique non seulement pour l'incident de dimanche, mais aussi pour l'incident du 24 novembre, le jour où tout a commencé. En effet, ce jour-là, et après qu'Erdogan a donné l'ordre d'abattre l'avion russe, la Turquie a aussitôt appelé au secours l'Otan dont elle est membre. Cette incongruité fait partie du climat d'irrationalité, de folie même qui sévit au Proche-Orient.
Si c'étaient les Russes qui avaient descendu un avion turc, il aurait été normal qu'Erdogan appelle au secours une organisation dont la charte stipule qu'une attaque contre l'un des membres est une attaque contre tous les membres. Mais les rédacteurs de la Charte de l'Otan n'étaient pas assez futés ou assez irrationnels ou assez fous pour prévoir la réponse à donner à l'un des membres qui agresse un ennemi et juste après appelle au secours les autres membres.
Bien qu'ils soient conscients de l'incongruité de la situation créée par la Turquie, l'Otan, par la voix de son secrétaire général, a tout de même soutenu « le droit de la Turquie à défendre sa souveraineté. » Mais en privé, les membres de l'Otan n'ont guère apprécié l'agression turque contre la Russie et considèrent Erdogan comme « un homme imprévisible et incontrôlable ». Ils n'ont pas caché leur inquiétude que le feu vert d'Erdogan à la destruction du Sukhoi russe risque de créer une situation tendue entre des forces surarmées et détentrices d'armes nucléaires capables de détruire plusieurs fois la terre.
La Turquie a justifié se destruction de l'avion russe par sa violation de l'espace aérien turc pendant ...17 secondes. Cette justification prend des proportions ubuesques quand on sait que le pays d'Erdogan viole en moyenne 1.500 fois par an l'espace aérien grec sans que la Grèce ne lance la moindre attaque armée ni même verbale contre son turbulent voisin.
La Turquie a constitué depuis 2011 et continue de constituer jusqu'à ce jour un danger mortel pour la Syrie. Elle a ouvert ses frontières et permis le déferlement massif en Turquie des terroristes les plus violents et les plus fanatiques. Elle leur a accordé toute l'aide nécessaire pour qu'ils mettent la Syrie à feu et à sang. Mission destructrice réussie au-delà de ce qu'espéraient les ennemis de la Syrie : la moitié du pays est détruite et 11 millions sur les 23 millions de Syriens sont soit déplacés à l'intérieur de leur pays soit réfugiés dans les camps du Liban, de Jordanie ou d'Europe.
Mais le problème du gouvernement islamiste turc est que cette mission destructrice a échoué dans son principal objectif : le renversement du régime de Bachar Al-Assad et son remplacement par un régime hostile à l'Iran et à la Russie et ami de la Turquie et de l'Arabie saoudite. D'où l'hystérie antirusse d'Erdogan.
En effet, le président turc ne pardonne pas à la Russie d'être intervenue massivement et efficacement en Syrie, changeant la situation sur le terrain en faveur d'Assad et provoquant la débandade des bandes de coupeurs de têtes, ceux-là mêmes à qui la Turquie d'Erdogan a offert toute l'aide possible. Il ne lui pardonne pas d'avoir rendu impossible son rêve de créer une zone d'exclusion aérienne au nord de la Syrie. Il ne lui pardonne pas enfin et surtout d'avoir réussi à faire changer l'attitude des grandes puissances occidentales qui ne voient plus d'inconvénient à ce que Bachar reste au pouvoir. Et il semble que c'est la goutte qui a fait déborder le verre d'Erdogan qui est entré dans un état d'hystérie qui explique ses décisions dangereusement provocatrices contre la Russie.
La stratégie du président islamiste turc consiste maintenant à exploiter son statut de membre de l'Otan pour envenimer par tous les moyens les relations entre les grandes puissances occidentales et la Russie, dans l'espoir de transformer la Syrie de 2015 en Afghanistan des années 1980, quitte à déclencher une seconde guerre froide.
La première guerre froide est terminée après avoir fait vivre l'humanité sur ses nerfs pendant un demi-siècle, mais les armes terrifiantes que les puissances rivales pointaient les unes sur les autres n'ont pas disparu. Les missiles intercontinentaux porteurs de têtes nucléaires sont toujours pointés sur leurs cibles et n'attendent qu'une grande crise internationale leur fasse reprendre leur statut d'épouvantail entré en hibernation depuis l'effondrement de l'Union soviétique.
Il n'est dans l'intérêt ni de l'Otan, ni de la Russie, ni de la Turquie, ni d'aucun autre pays au monde de voir se déclencher une seconde guerre froide. Les responsables de l'Otan sont conscients du caractère imprévisible et incontrôlable d'Erdogan dont les décisions intempestives pourraient engendrer de graves crises internationales. Ils n'ont d'autre choix alors que de le contrôler, quitte à le mettre en quarantaine.


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