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Une femme libre comme l'art
Entretien du lundi: Sana Tamzini

Cette artiste installatrice, designer d'intérieur et enseignante, s'enthousiasme, ne mâche pas ses mots et se fait traiter de rebelle. Son passage au centre d'art vivant n'a fait que confirmer sa nature de femme qui ne recule devant rien. La revoilà dans un nouveau poste au sein du ministère de la Culture : directrice des arts plastiques, les obstacles en moins, mais des solutions en plus
Quelle a été votre formation ?
J'ai fait de l'architecture d'intérieur à l'Ecole des beaux arts de Tunis. Ayant été major de ma promotion, j'ai obtenu une bourse d'Etat pour préparer un DEA à Paris I en arts plastiques et sciences de l'art. Par la suite, j'ai commencé mon doctorat à la Sorbonne, ce qui ne m'a pas empêché, dans le cadre des échanges avec l'université de Montréal, au Canada, de faire partie de plusieurs groupes de recherches, l'un en arts visuels, l'autre en conception assistée par ordinateur, et un troisième en arts plastiques appliqués.
La direction des arts plastiques n'est pas votre premier poste de responsabilité au sein du ministère de la Culture. Pourtant il n'y a pas longtemps vous avez été licenciée. Pourquoi ?
En effet, j'ai été nommée en 2011 directrice du Centre d'art vivant du Belvédère et on a mis fin à mon détachement en 2013. Je crois que ma façon de travailler dérangeait le gouvernement en place.
Qu'avez-vous commis comme «délits de créativité» ?
J'ai essayé de rassembler tous les arts, et j'ai ouvert la porte à toutes les spécialités qui ont été séparées à l'époque de Ben Ali, le président déchu.
Quelles sont ces spécialités ?
Les designers, les architectes, les urbanistes et les plasticiens. On était tous dans la même école, celle des beaux arts, et on travaillait en étroite collaboration.
Que s'est-il passé ?
Au nom de la spécialisation, on a créé une école pour chaque discipline.
Et pourquoi d'après vous ?
C'était une des stratégies politiques mises en place pour appauvrir les institutions éducatives ; pour que les artistes ne communiquent plus ensemble. Résultat : des conflits sur le terrain, dans la vie professionnelle, et des têtes vides.
Qu'avez-vous fait au Centre d'art vivant pour essayer de remédier à cela ?
J'ai regroupé tous les genres artistiques (arts numériques, arts vivants...) pour recréer cet entrelacement, à travers des work shop et des expositions et selon un fil conducteur : l'art contemporain. J'ai également ouvert trois espaces au sein du centre, car il n'y en avait qu'un seul consacré aux hommages posthumes à travers une programmation limitée à deux expositions par an.
Et quels étaient ces nouveaux espaces ?
Un espace était réservé pour les exposants professionnels, un deuxième pour les amateurs, et le jardin du Centre pour l'expérimentation. Dans ce dernier, il y a eu la création de plusieurs collectifs et associations dont le Collectif politique et l'association des arts vivants. On a même animé un atelier de Slam pour les délinquants habitant les quartiers défavorisés situés autour du Centre. Mais je crois que ce qui a précipité mon licenciement n'était autre que cette expo intitulée «Hadhirat» (Etre là), que j'ai organisée à l'occasion du 13 août (la Fête de la femme) et suite à cette loi qui allait être votée contre la femme et son identité.
C'était aussi la période des événements d'Al Abdellia, n'est-ce pas ?
Cette expo était aussi une réponse à la réaction du ministre de la Culture. Ce dernier a osé mettre les œuvres des artistes d'Al Abdellia dans des postes de police, telles des pièces à conviction. Sans oublier qu'il n'a rien fait pour empêcher les artistes d'être interrogés comme de vulgaires criminels.
Votre délit était-ce le fait de travailler sur l'actualité sociopolitique ?
Tout à fait. Ce n'est pas évident d'être contre le système, tout en travaillant dans le système.
Et qu'avez-vous fait après avoir quitté le centre d'art vivant ?
Je suis retournée à l'enseignement, et j'ai été élue responsable du FACT (la Fédération des associations culturelles en Tunisie). Là, j'ai entamé un nouveau combat : celui d'imposer aux autorités de tutelle les recommandations réfléchies et rédigées par tous les secteurs à propos de la politique culturelle en Tunisie. J'ai également élaboré un statut juridique pour la FACT, car elle n'en avait pas, et conçu un programme de formation pour les membres des nouvelles associations. Entre autres actions, j'ai réussi à collaborer avec le ministère de la Culture pour débloquer quelques projets associatifs, et j'ai fait le tour des réseaux internationaux pour faire connaître le FACT. Par ailleurs, j'ai entamé un diplôme européen en matière de gestion de projets. C'est ainsi que j'ai pu créer des projets de coopération culturelle entre la Tunisie et d'autres pays du monde.
Quels sont ces projets ?
Un premier projet au Mucem de Marseille (le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) où j'ai été commissaire d'exposition. Le but était de donner de la visibilité à une douzaine d'artistes visuels tunisiens dans le cadre d'une expo intitulée : «Traces, fragments d'une Tunisie contemporaine».
Le deuxième projet était une coopération avec un musée à Graz, en Autriche, où il s'agissait de la transformation de la médina de Tunis en un musée à ciel ouvert. Le troisième projet a eu lieu en collaboration avec Pôle Eunic (Union européenne des instituts nationaux de culture) Il concernait la sensibilisation de l'artiste tunisien sur son patrimoine matériel et immatériel. Là, on a travaillé sur le cas de Sbeïtla, une ville du centre de la Tunisie, dépendante du gouvernorat de Kasserine.
Vous n'aviez pas du tout chômé alors ?
Pas du tout. Il y a eu beaucoup d'autres projets depuis.
Vous voilà de retour au ministère de la Culture en tant que directrice des arts plastiques, et ce, depuis novembre 2015. J'imagine que votre nouveau poste n'est pas de tout repos...
Vous l'avez dit ! En effet, avec l'actuelle ministre de la Culture, nous avons ouvert un grand chantier : le sauvetage de notre patrimoine pictural qui est mal préservé et en voie de disparition. Figurez-vous que ce patrimoine si riche n'a jamais été exposé depuis l'indépendance du pays.
Et en quoi consiste cette opération de sauvetage ?
Cela consiste en une action de restauration, en un inventaire numérique qui permettra de connaître ce que nous avons dans la réserve et d'identifier les œuvres disparues. A propos, je profite de l'occasion pour signaler qu'il y a des faux qui circulent entre trafiquants et acheteurs.
Vous voulez parler des copies de ce patrimoine pictural ?
Absolument. Les faussaires ont eu accès à ce patrimoine qu'ils ont copié, en vue de le vendre.
Et qui sont les coupables ?
Devinez. Cela dit, la deuxième phase du projet consiste en l'écriture de l'histoire de l'art pictural en Tunisie. Il y aura un appel à candidature pour les chercheurs, les critiques d'art et les historiens de l'art. Je dirais, entre parenthèses, que la majorité des Tunisiens ne connaissent pas les artistes, il faudra également penser à intégrer l'histoire de l'art dans le programme étatique scolaire et universitaire.
Quelle est l'étape finale de ce projet de sauvetage ?
Toute cette matière, une fois sauvée et répertoriée, sera le point de départ pour la création d'un musée d'art moderne et contemporain, un projet tant rêvé par les plasticiens tunisiens.
En même temps, nous allons créer des noyaux de musées régionaux, cela nous permettra de sauver des œuvres acquises par le ministère de la Culture à travers la commission d'achat. Ces œuvres seront réparties dans les régions selon l'origine de chaque artiste. L'objectif étant de faire connaître les artistes dans leurs propres régions, et d'imposer une programmation artistique dynamique et interactive avec les habitants et surtout avec le milieu éducatif, en organisant des tables rondes et des ateliers autour de ces collections artistiques. Tout cela s'inscrit dans le cadre de la décentralisation de l'art et de la culture, la politique actuelle du ministère. Notre action pilote a commencé le 11 de ce mois à Kairouan.
Pourquoi Kairouan ?
Parce qu'à Kairouan il y a beaucoup d'espaces qui s'apprêtent à l'accueil de telles collections. Et puis, malgré sa richesse civilisationelle, cette ville vit une dégradation culturelle, sociale et psychologique intense. Kairouan compte le plus grand taux de suicides en Tunisie.
Qu'en est-il de la commission d'achat des œuvres d'art, souvent critiquée par les artistes ? Y aurait-il un changement quelconque ?
La loi qui régit la commission d'achat est assez ambiguë et ne correspond pas aux attentes et aux besoins des plasticiens d'aujourd'hui. Ainsi, nous avons lancé un appel aux différents organismes, tels que le syndicat, l'union et la ligue des plasticiens, les critiques et les historiens pour l'élaboration d'un nouveau projet de loi qui comprendrait une vision avant-gardiste basée sur une restructuration du secteur.
Et quoi de neuf par rapport à la direction des arts plastiques elle-même ?
Nous projetons d'intégrer les arts appliqués (design et architecture) dans les prérogatives de la direction actuelle des arts plastiques.
Avez-vous des projets personnels en tant qu'artiste ?
Je participe à une exposition qui aura lieu le 7 janvier 2016 à la galerie Musc et Ambre. En 2018 j'irais à la Friche Belle de Mai, lieu de production artistique pluridisciplinaire à Marseille, pour une expo personnelle. Je participerais également à une autre expo collective itinérante dans 9 régions de France.


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