Reinventing the CIO at the Age of AI : la Tunisie accueille la 11e édition du Forum DSI    Le tout nouveau OPPO A6 Pro : Champion ultime de la durabilité et de la fluidité arrive bientôt en Tunisie    Huile d'olive Oueslati de Kairouan : une route thématique dédiée "Oueslati Zit'Tour" sera lancée    LG MAGNIT Active Micro LED dévoilé par LG Electronics    ActInSpace 2026 : AGEOS lance l'édition tunisienne du hackathon mondial en janvier 2026, organisé dans 40 pays    La douane tunisienne empêche la fuite d'un trésor archéologique    Les nouvelles orientations de la coopération archéologique tuniso-française    Corée du Nord : un essai de missile suscite l'inquiétude à l'échelle internationale    Foot : le calendrier des matches amicaux de la Tunisie pour la prochaine fenêtre FIFA    Arab Reading Challenge : les jumelles Bissane et Bilsane Kouka remportent le trophée de la 9e édition    Tunisie : Inauguration d'une nouvelle unité d'hémodialyse à Aïn Draham    Budget 2026 : la dette totale de l'Etat tunisien en chiffres    Le film 13 Round de Mohamed Ali Nahdi sélectionné au Festival Black Nights de Tallinn 2025    45 pays et 6 000 athlètes…Bahreïn lance le plus grand événement sportif asiatique de la jeunesse de 2025    Bourse : Carrefour chute après des ventes jugées décevantes au T3    Sfax : les chauffeurs de taxi exigent une attribution équitable des licences sur tout le territoire    Ligue 2 – 6e journée : L'US Tataouine sur du velours ?    Nabeul : célébration, ce samedi, de la journée nationale du paralympisme    Météo en Tunisie : nuages passagers sur la plupart des régions    Aziz Krichen, ce vendredi à Al Kitab; pour débattre de son nouveau livre «A contre-courant»    Les USA veulent imposer des sanctions à la Russie    Tunisie : L'étude de faisabilité de la Cité Médicale Les Aghlabides entre dans sa première phase    Le ministre de l'Equipement reçoit une délégation du Fonds koweïtien pour le développement    Signature d'un accord entre le ministère de la Santé et l'Amen Bank pour moderniser les hôpitaux publics    L'Europe en alerte : la tempête Benjamin frappe dès jeudi    Gafsa : saisie massive de viande de volaille dans un abattoir clandestin    40 morts dans le naufrage d'un bateau de migrants à Mahdia    Quand le trottoir devient un tribunal : l'Allemagne se penche sur le catcalling    France : Réouverture du musée du Louvre à Paris après le vol d'un butin d'une valeur de plus de 80 millions d'euros    Le Goethe-Institut Tunis propose Deux regards sur l'art contemporain : mémoire, écologie et pratiques curatoriales    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    Météo en Tunisie : pluies légères, températures en légère baisse    L'Espérance de Tunis ouvre la vente des abonnements "Virage" à partir du 22 octobre    Gabès : Le peuple et l'Etat unis face à la crise    Un nouveau pont entre l'université et la jeunesse : l'IPSI signe avec l'Observatoire National de la Jeunesse    Wushu Kung Fu : la Tunisie décroche 7 médailles au championnat du monde en Chine    Vient de paraître : Une fille de Kairouan de Hafida Ben Rejeb Latta    Sarkozy se rend en prison à bord de sa voiture personnelle    Gabès : un centre anticancer et la relance de l'hôpital universitaire en 2026    Zoubeida khaldi: La petite gazelle de Gaza    La Tunisie dévoile ses nouveaux maillots pour la Coupe arabe et la CAN 2025 !    L'Amiral Mohamed Chedli Cherif : Il aimait tant la mer, il aimait tant l'armée, il aimait tant la Tunisie    Seulement 10 personnes encore détenues à Gabès    Mohamed-El Aziz Ben Achour: La médina face aux malheurs de l'histoire    Pétrole russe : Pékin dénonce les “intimidations” de Trump et défend ses achats “légitimes”    Etats-Unis : la Cour suprême pourrait restreindre les protections électorales des minorités    Tunisie vs Namibie : Où regarder le dernier match qualificatif pour la coupe du monde 2026 du 13 octobre    Tunisie vs Sao Tomé-et-Principe : où regarder le match éliminatoire de la Coupe du Monde 2026    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Vivre le présent, penser l'avenir
L'essor de l'art contemporain tunisien
Publié dans Le Temps le 06 - 12 - 2011

Emna Barkaoui, artiste tunisienne résidant à Paris, analyse l'émergence de l'art contemporain tunisien sur la scène internationale et dans la société tunisienne.
C'est le Musée du Montparnasse de Paris qui a choisi de mettre à l'honneur l'art contemporain de Tunisie le temps d'une exposition, du 12 au 30 octobre dernier. Choix opportun puisque ce quartier, chargé d'une histoire artistique foisonnante, a vu se croiser des artistes du monde entier. Quoi de plus logique, donc, que la programmation du Musée s'inscrive dans le même esprit de convergence et de partage culturels.
L'exposition « Art Tunis-Paris » est le résultat d'un partenariat entre la France et la Tunisie dont le principal organisateur est le Musée du Montparnasse mais par le biais duquel s'ajoutent de nombreuses autres passerelles parisiennes, comme la Galerie Sponte ou encore la galerie Les Singuliers qui inaugurera dans la même veine une exposition d'artistes tunisiens le 9 décembre. L'événement Art-Tunis Paris est en réalité la transposition d'une exposition qui a eu lieu à l'Espace d'Art Mille Feuilles de La Marsa, en complément d'un parcours artistique organisé dans les jardins de la Résidence de France en Tunisie. L'exposition « Art Tunis-Paris » a très largement fait la part belle aux artistes peintres, plasticiens, vidéastes, photographes et sculpteurs émergents dont l'expression, la qualité et la diversité des démarches attestent de la singularité artistique de chacun. L'importance de renforcer la visibilité de la diversité de la création tunisienne contemporaine implique aux artistes de se positionner sur la scène internationale, d'où la nécessité de se confronter à ce type d'exposition hors frontières. De nombreux partenariats entre la France et la Tunisie ont été établis dans le passé pour promouvoir un certain nombre d'artistes mais c'est la première fois que nous assistons à un forum d'Art contemporain entre Tunis et Paris.
Cette première arrive, disons-le, assez tardivement. La Tunisie reste la grande absente de la scène contemporaine internationale. Aucun artiste tunisien ne figurait dans la récente grande exposition sur l'art contemporain arabe, à la Villa Emerige de Paris, alors que les artistes algériens et marocains, par exemple, y occupaient une place de choix. On peut donc s'interroger sur les raisons du manque de visibilité des artistes tunisiens. La principale raison pouvant expliquer l'absence de l'art contemporain tunisien tient au fait que les Beaux-arts ont longtemps été le parent pauvre des arts tunisiens. En effet, c'est le cinéma tunisien qui a le plus bénéficié du soutien du Ministère de la Culture, talonné par la musique et la danse. Qui plus est, pour des raisons d'attractivité touristique, les principaux musées nationaux dont le Musée du Bardo se focalisent essentiellement sur le très riche patrimoine archéologique et artisanal de Tunisie, ce qui tend à bâillonner les expressions individuelles contemporaines. L'art contemporain existe certes, mais il a été, en quelque sorte, confisqué par une certaine élite concentrée à Tunis et exposé par des galeries privées dans les banlieues aisées de la ville. Une confiscation, aussi, au sens littéral puisque l'Etat bénaliste est détenteur d'environ dix mille œuvres d'art moderne et contemporain, qu'il a accumulées comme un butin pour l'entreposer dans un local à Ksar Saïd. Cet élitisme tend néanmoins à évoluer, et on assiste depuis la Révolution à une forte effervescence populaire en direction de l'art contemporain. La manifestation annuelle « Dream City », préparait déjà ce terrain puisqu'elle proposait dès 2009 un cheminement artistique dans la médina de Tunis : l'art abattait les murs, se donnait à voir, en allant à la rencontre des Tunisiens afin de créer des liens entre la population et l'expérience artistique. L'émergence tardive d'une scène d'art contemporain tunisien tient aussi à la faiblesse de l'offre de formations dans les secteurs artistique et culturel des Beaux-arts de Tunis.
Malgré ce contexte qui peut paraître défavorable, la Révolution a généré une véritable effervescence dans le monde de l'art contemporain tunisien, et la place de l'art en Tunisie n'a jamais été autant questionnée. En effet, il apparaît aux yeux de tous que dans son nouveau contexte, la Tunisie doit se préoccuper de son patrimoine comme de son avenir. Il y a dans l'un et l'autre une mémoire collective à partager et à transcender. Il s'agit de penser le présent et de préparer le futur sans tourner le dos à son héritage, mais sans que celui-ci ne soit un frein à l'évolution de la société et à l'épanouissement des identités.
L'importance des Musées archéologiques dans notre pays souligne depuis la période coloniale la richesse d'un héritage romain et carthaginois. La peinture moderne et contemporaine, grande absente dans l'histoire de l'évolution de la création artistique en Tunisie, s'impatiente de trouver sa place dans un véritable musée. La nouvelle génération d'artistes tunisiens forge pourtant une identité artistique nationale qui gagnerait à être représentée au niveau institutionnel. Un tel musée est prévu : il sera intégré au projet de la Cité de la Culture à Tunis. Le 11 novembre, le Ministre de la Culture M. Ezzedine Bach Chaouch donnait une conférence de presse où il estimait la fin des travaux dans deux ans, pour un coût global de 75 millions de dinars. Si les valeurs fondatrices de la nouvelle démocratie sont celles de la résistance, de la réflexion et de la liberté, alors un grand Musée d'Art Contemporain y sera un symbole essentiel : ces valeurs sont aussi celles de la création contemporaine. La construction d'une telle institution au service de la société et de son développement favoriserait l'accessibilité à l'art dans une Tunisie en plein mouvement et dont les manifestations et les expressions émanent du peuple et pour le peuple, enfin loin d'une élite suffisante et égocentrée. La création d'un tel musée a figuré au volet culturel du programme du parti Ennahdha lors des élections dernières qui propose, en plus de « promouvoir le patrimoine national », de « créer un musée national des arts plastiques et une académie des arts ». Seront-ils à même de relever ce défi ?
Emna Barkaoui
(Paris)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.