Faire et défaire les choses, ainsi est le jeu étoilé. Ainsi est le grand jeu de l'équipe... A force de chercher les victoires, on les invente, on les fabrique. Derrière tout ce qu'on voit, tout ce qu'on retient, c'est une machine à gagner qui fait avancer l'Etoile. Voilà, en effet, une équipe qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle qui ne se contente pas de gagner, mais qui a surtout la capacité de se revendiquer, de s'épanouir sur le terrain. Laquelle on aime? Laquelle on regrette parfois? Aussi loin que peut la mener sa quête pour les exploits, les performances et prétendre aux titres et aux grandes consécrations, elle a, comme elle se revendique, le droit de profiter des différentes situations. On l'a aimée ou on a contesté sa façon de procéder et de jouer, l'Etoile ne laisse, cependant, personne indifférent. Il y a matière à discussion avec ce qu'elle entreprend quelquefois. Mais on lui accorde le mérite d'avoir tenté d'intégrer dans sa manière d'évoluer et de s'exprimer, dans ses approches et ses théories, une synthèse des acquis de tout un parcours, d'une vie de combat. A chacun sa marche, sa cadence et sa démarche, elle a de sa part un objectif qui n'est pas commun. Celui qui donne l'opportunité aux joueurs de s'imposer en passionnés, c'est-à-dire en aimant ce qu'ils font et en se sentant concernés par toutes ses dimensions. Il s'agit, au fait, d'une détermination exceptionnelle qui déclenche d'un match à l'autre, d'une épreuve à l'autre, le sentiment du devoir accompli. La notion du plaisir n'a aussi de sens que dans le devoir de performance. Ici, et certainement rarement ailleurs, on n'étudie pas les problèmes, on les règle. On connaît la réponse avant la question. On est dans un monde où le savoir-faire et la compétence sont générés pour gagner et pour durer. Ce phénomène nous amène à constater que l'aptitude et la capacité ne sont pas une affaire marginale, qui concernent uniquement les joueurs qui arrivent malgré tout à se rendre utiles. Mais que cela fait partie désormais du système. C'est le secret de cette bande étoilée. Le cran et l'audace. Sa grande force consiste à refuser et à réfuter la fatalité. Hostile à l'esprit conformiste, elle ose tous les genres : technique, physique, dribbles, accélérations. Elle brouille les cartes. D'un match à l'autre et face aux adversaires de différents niveaux, elle donne chaque fois l'impression d'accéder à un palier supérieur. Elle sait bâtir son destin jour après jour, bousculant sans cesse ses limites, pour extraire le meilleur d'elle-même, obsédée par le moindre détail, assoiffée de progression et de victoires. Cette trajectoire ascendante paraît soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Une première mi-temps de rêve face au CSS. L'accomplissement dans sa globalité. L'ESS fait le pari de jouer, d'attaquer. De ne pas vivre sur un statut défensif. De ne pas trop «respecter» ses adversaires, mais ne pas, non plus, jouer pour jouer. Plutôt, jouer pour gagner. Elle montre son moral de vainqueur, elle laisse croire qu'elle ne craint rien. Elle n'oublie pas à chaque fois de replacer l'affaire sur un terrain rationnel. Un moteur de changement Pour aboutir à un résultat pareil, les joueurs ont dû forcément déployer de grands efforts pour abattre la forteresse de la passivité et de la nonchalance. Tout semble évoluer à la vitesse du vent. Il arrive à certains de découvrir leur nature profonde au fil de la compétition, à l'instar, notamment, de Hamza Lahmar. D'autres sont même formatés pour aller au-delà de ce qui leur est donné. Ils savent parfaitement qu'il ne suffit pas d'être bon dans un rôle particulier, dans un enchaînement spécial. Mais qu'il faut aussi l'être à tous les autres à cause de tous les mouvements, de toutes les permutations. Une sorte de mécanique toujours en mouvement. Une mécanique de précision, où tous les gestes doivent fonctionner parfaitement en même temps. Les jeunes s'y inspirent. Il ne font que suivre la voie de leurs aînés. Quand on joue dans cette équipe, c'est quasiment l'assurance d'enrichir son palmarès. Ils ne vont certainement pas grandir dans la facilité et la félicité. Le secret de leur talent se situe dans l'inné, mais aussi dans l'acquis. Ils dégagent ainsi autant de force que de talent. Les bonnes choses arrivent certainement. Les acteurs aussi. Cette métamorphose nous enseigne qu'une pareille évolution n'est pas nécessairement soumise à la dictature des résultats. L'ESS se présente désormais comme une incarnation vivante du football total. Faire et défaire les choses, ainsi est le jeu étoilé. Ainsi est le grand jeu de l'équipe. Avec la même passion et la même application que l'une et l'autre provoquent. Mais Le progrès réside à la fois dans les réformes techniques et dans la révolution des esprits. A quoi s'ajoute pour tous ceux qui aiment le football et qui lui portent un regard avisé, l'affirmation d'une source de bonheur, surtout lorsque l'Etoile prend de la hauteur sur les événements qui jalonnent l'histoire et qui tracent l'avenir.