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Décès d'un jeune médecin dans un tragique accident d'ascenseur à l'hôpital de Jendouba : Faut-il encore croire à l'ascenseur social ?
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 12 - 2020

Quand un médecin résident décède à la fleur de l'âge d'une manière si tragique à cause d'un ascenseur en panne, on réalise que le système hospitalier tunisien a touché le fond, ou presque ! Au juste, cet incident triste, dramatique et inconcevable, qui résulte certes d'un laisser-aller, voire d'une négligence fatale, devrait interpeller notre conscience et nous inciter à revoir l'infrastructure défaillante du système hospitalier.
Il n'avait que 26 ans. Dr Badreddine Aloui, jeune médecin-résident à l'hôpital régional de Jendouba, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi, suite à une chute fatale provoquée par un ascenseur défectueux et où aucune signalisation n'était prévue. Ce médecin résident en chirurgie, qui assurait une garde de nuit, était appelé à traiter un cas urgent avant de connaître son sort tragique, en faisant une chute de plus de dix mètres. Selon les premières données, le médecin a fait une chute dans la cage de cet ascenseur qui était en panne, il a succombé à ses graves fractures et blessures, notamment au niveau de la tête.
Cet accident a créé une grande tension à l'hôpital mais aussi dans le gouvernorat de Jendouba. Une mort si tragique, douloureuse et brutale qui a également provoqué une onde de choc au sein de l'Organisation des jeunes médecins tunisiens. Dans un communiqué, l'organisation a décrété, hier, une grève générale à l'échelle nationale des médecins internes et résidents avec suspension des activités hospitalières. Dans une déclaration à La Presse, Jed Henchiri, président de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins, a estimé que le laisser-aller et la marginalisation du secteur de la santé ne peuvent que conduire à ce genre de drame. «En Tunisie, nous ne sommes pas capables de réparer un ascenseur. Les médecins et les citoyens font les frais de l'irresponsabilité des autorités. Ils sont tous au courant de cette panne. Il faut que les responsables rendent des comptes aux Tunisiens, nous ne voulons pas de fausses enquêtes ni de bouc émissaire», a-t-il regretté. Révolté, il a même accusé les responsables du ministère de la Santé d'avoir «tué» ce médecin par négligence.
En tout cas, l'enquête judiciaire ouverte suite au décès du médecin résident, Badreddine Aloui, à l'hôpital régional de Jendouba après sa chute dans une cage d'ascenseur a conduit à une première arrestation. Il s'agit du responsable de la maintenance à l'hôpital régional de Jendouba, arrêté sur décision du juge d'instruction au Tribunal de première instance de la région.
Révolte des jeunes médecins
L'Organisation des jeunes médecins tunisiens a, en effet, organisé hier un rassemblement, devant la faculté de médecine, qui a pris la direction, par la suite, du ministère de la Santé. En effet, un grand rassemblement de médecins en colère s'est tenu, hier, devant le ministère de la Santé, suite à la mort tragique de Dr Badreddine Aloui. Les médecins protestataires ont scandé des slogans hostiles au ministre de la Santé, appelant à leur offrir les moyens et les conditions nécessaires pour pouvoir exercer dans le secteur public.
Sur fond de ce décès tragique, la Faculté de médecine de Tunis a décrété hier un jour de deuil pour exprimer sa lourde peine suite à la disparition de Dr. Badreddine Aloui. « La médecine tunisienne et le secteur de la santé sont en deuil. Ils viennent de perdre à la fleur de l'âge un médecin en formation (résident en chirurgie) dans un tragique accident d'ascenseur à l'hôpital de Jendouba », a-t-on communiqué. La faculté précise que ce drame doit interpeller sur les conditions pénibles dans lesquelles exercent les médecins tunisiens dans le secteur public et rappelle le devoir de la tutelle d'offrir les moyens nécessaires pour garantir une formation professionnelle dans un climat de dignité.
Le ministère pointé du doigt
Hier, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a entamé la discussion du projet de budget du ministère de la Santé pour l'année 2021. Mais la plénière a porté notamment sur le questionnement du ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, compte tenu de la mort tragique de ce jeune médecin, mais aussi au sujet des multiples défaillances que connaît le secteur de la santé en Tunisie. C'est dans ce contexte que plusieurs députés ont accusé le ministère de la Santé de laisser-aller et de négligence, ce qui conduit à ce genre de drame. Lors de cette plénière, ils ont rappelé au ministre sa visite effectuée dans cet hôpital il y a seulement deux mois, quand il s'était engagé à améliorer son infrastructure. Revenant sur cet accident douloureux, Béchir Saïdi, secrétaire général du syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens à Jendouba, a également affirmé que le ministre de la Santé avait promis de faire réparer les ascenseurs en panne. « Sur un total de six, un seul était fonctionnel », a-t-il témoigné.
Effectivement, le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, était en visite dans cet hôpital, le 3 octobre dernier. Il s'était alors engagé à résoudre certains problèmes au niveau des équipements de cet hôpital, selon un communiqué du ministère de la Santé.
Face à ces accusations, le ministre a reconnu que le secteur de la santé est en crise. Il a promis d'annoncer de nouvelles mesures au profit des hôpitaux pour éviter ce genre de drame. «Ceci résulte d'une infrastructure défaillante, de vieilles politiques et d'un manque accru au niveau des équipements et des moyens dans nos hôpitaux», a-t-il répondu. Concernant l'état de l'ascenseur, il affirme qu'il est toujours sous garantie de la société chargée de sa maintenance, et qu'il est tombé en panne le jour de l'accident.
Emu, le ministre, qui s'est dit personnellement touché par cet incident en tant que médecin, a dénoncé les formes de corruption et de corporatisme dans le secteur de la santé, annonçant qu'il a ordonné de doubler le budget alloué à la maintenance des hôpitaux.
Funérailles nationales
Dr Badreddine Aloui a eu droit, hier, à des funérailles nationales dans sa ville natale, Kasserine. En effet, sur instructions du Chef du gouvernement, des unités de l'Armée nationale ont organisé ces funérailles, sa dépouille a été enterrée en présence d'une grande foule, dont notamment des médecins, mais aussi en présence de trois conseillers du Chef du gouvernement.
Cet accident, même s'il a choqué l'opinion publique au vu de son atrocité, devrait en effet, interpeller notre conscience et nous inciter à revoir l'infrastructure hospitalière. La question des pannes au niveau des ascenseurs des hôpitaux publics ne constitue pas une première. En mai dernier et au cœur de la capitale, un médecin avait lancé un cri d'alarme pour prévenir que l'ascenseur de l'hôpital Charles-Nicolle est hors service depuis le début de la Covid-19 en mars dernier. Il avait dénoncé la situation de l'hôpital où l'on voyait le personnel soignant transporter à bras d'homme un malade cloué au lit, à travers les escaliers.


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