Ah ! Quelle fraîcheur ! La douceur ambiante est apaisante‑; elle nous remonte le moral et nous donne des idées, de bonnes idées, bien sûr, celles qui nous inspirent de bons choix. C'est dans la quiètude que nous faisons connaissance avec notre s diva. Comme toutes les autres, elle profite des moments calmes de la belle saison pour penser à la plus dure, quand le ciel s'alourdit et que le froid nous engourdit les membres ; comme une fourmi prévoyante, elle sert aux siens ce qu'elle a mis en réserve, afin de faire face à ces petites faims matinales qui sont les plus difficiles à manquer. Nous pouvons sauter tous les plats, sauf celui du matin, car c'est celui qui nous permet de bien entamer notre journée et bien la terminer. Prenons le plaisir, donc, de faire sa connaissance, pour partager de bons moments agréables et sympathiques. Aïcha, perle du Sahel Aïcha est sahélienne, issue de ce Sahel séculaire et moderne, uni et multiple. Elle est née à M'saken, un petit bout du Sahel tenant à la fois du littoral et de l'arrière-pays. Issue par sa mère d'une lignée de patriotes qui a tout sacrifié pour que notre Tunisie soit libre à jamais, les Haouas. Mais M'saken est aussi la terre natale de nombreux oulémas, hommes de savoir et d'érudits. C'est sur cette terre que Aïcha a grandi sous la protection d'une mère protectrice, mais rigoureuse sur la discipline ; Om Ezzine, sa génétrice, a emprunté son nom à une grande sainte du Sahel ; le Sahel c'est, entre autres, le pays des saintes. Dans les petits villages de pêcheurs, le rôle des femmes les rapproche de la sainteté. A l'âge du mariage, Aïcha a épousé un fonctionnaire qu'elle a suivi pour aller vivre à Mégrine, une cité où la joie de vivre est érigée en dogme. Mais que faire quand on a le mal du pays ? Aïcha, chaque été, prend congé de sa famille de Mégrine, qui devient de plus en plus petite, pour aller prendre de l'air dans la ville de son enfance et de ses beaux souvenirs. C'est que Aïcha, malgré la cinquantaine d'années qu'elle a passées à Mégrine, ressent toujours le mal du pays. D'un coup, elle retrouve son terroir ; pour joindre l'utile à l'agréable, elle prépare pour sa nombreuse progéniture, éparpillée entre la Tunisie et la Hollande, la plus somptueuse des bciça, celle qu'on concocte avec soin après les moissons. Suivons-la : Aïcha prend la quantité voulue de qamh (blé dur) avec le 1/4 de pois chiches, deux poignées de fenouil (besbès),et une poignée d'anis (habet h'lawa), un zeste d'orange et une cuillerée de sel. Puis elle torréfie le tout pour en faire une farine très odorante qu'elle mélange avec l'huile d'olive. Mais pour que cette préparation soit vraiment fine, elle fait griller des graines de sésame, qu'elle incorpore à la préparation. La première sert de collation du matin à ceux qui ont bien digéré leur repas du soir. La formule fine est réservée aux accouchées et aux hôtes de passage.