Les œuvres de Ahmed Souabni sont liberté. Elles ne finissent pas de se mouvoir. Telles des vagues, elles émanent d'un imaginaire qui tend vers l'infini Des vagues emportent les tableaux de Ahmed Souabni. Il ne peint pas, il s'égare dans les méandres de son imaginaire. Cet élève de Hédi Turki a commencé par illustrer des contes pour enfants. Mais l'appel de la peinture était trop puissant, c'est devenu sa demeure depuis déjà quarante ans. Sa passion de toujours a pris le dessus et il a défloré l'univers haut en couleur de la peinture. Ses tableaux témoignent d'une belle maturité qui s'est tissée au fil des ans. Il a trouvé sa voie. Un chemin où la lumière prend en otage ses œuvres. Rien n'est laissé au hasard, même sa toile fait partie de ses créations. Elle impose son blanc. La toile blanche fait partie intégrante de son œuvre conférant à ses touches un coup d'éclat et de jeunesse éternelle. Il se lance dans un figuratif des plus originaux réalisé par une sorte de taches. Disons plutôt par un pinceau qui caresse l'œuvre dans un mouvement de continuité. Les vagues déferlent et des figures naissent. Chaque tableau est rehaussé par de belles couleurs harmonieuses et bien vivantes, voire chatoyantes. La femme est là et sa beauté est exacerbée par une touche en mouvance et un tracé fluide. On est attiré par des yeux qui inspirent une belle sensualité. Ahmed Souabni donne libre cours à son pinceau. Un pinceau rebelle qui n'obéit à aucune technique classique, l'artiste refait la peinture en n'obéissant qu'aux fluctuations de l'instant présent. Gracieux et élégant, son coup de pinceau ne tient pas sur place, il bouge à une vitesse haletante. D'un mouvement de va-et-vient naissent un visage, un vase de fleurs ou des cavaliers au galop. Sa peinture occupe tout l'espace, même le vide est artistique. Le peintre mise sur la couleur qui berce le regard et l'emporte çà et là dans un univers qui stimule l'imaginaire. Lire ses tableaux c'est comme s'évader au gré d'un joli rêve débordant d'optimisme et témoin vivace d'un bien-être. Le tracé tend vers l'infini. Pas de limites mais une liberté d'action insatiable. La libération des couleurs inspire une tendance vers le fauvisme, l'artiste semble nous dire «l'homme n'a pas de port, le temps n'a point de rive...». Rien n'arrête son élan et son imaginaire meurt et renaît de ses cendres obéissant à une fluidité entraînante. La femme maîtresse des lieux, illustrée dans toute sa sensualité, cède sa place à une série de tableaux où des chevaux majestueux imposent leur grâce. Leurs trots sont élégants. Ils défilent hautains grâce à des cavaliers aux habits traditionnels réalisés par des coups de peinture hauts en couleur, le pinceau de Ahmed Souabni se hasarde dans un port imbriqué dans des couleurs antagonistes. Ciel bleu, mer marron, reflet du voilier, l'artiste fait montre d'une belle précision. Il utilise toutes les nuances des couleurs et son pinceau est trempé dans une palette très variée. Ahmed Souabni utilise toutes les audaces en termes de couleurs, de contraste et de lumière. D'une lumière jaillissent des nues pudiques aux courbes distinctes. Semi-figuratif, l'art de Ahmed Souabni aborde des sujets exploités de façon imaginaire. Il crée quelque chose de très personnel qui le démarque de plusieurs peintres. Un travail en épaisseur dote les œuvres de notre artiste d'un beau raffinement. Il flirte avec le figuratif sans pour autant l'accentuer. Une porte entrebâillée qui s'ouvre à l'infini. Une chose est sûre, ce peintre peu commun ne cessera jamais de nous étonner. Il saura nous surprendre à travers un imaginaire débordant et intarissable.