KIEV (Reuters) — La commission électorale centrale a officiellement déclaré hier Viktor Ianoukovitch vainqueur de l'élection présidentielle en Ukraine. "La commission électorale centrale déclare Viktor Fedorovich Ianoukovitch élu président de l'Ukraine", a dit le président de la commission, Volodimir Chapoval, après avoir confirmé les résultats du second tour, le 7 février, qui donnent à Ianoukovitch 3,48% d'avance sur sa rivale, le Premier ministre Ioulia Timochenko. Cette dernière a promis de contester en justice ces résultats, affirmant détenir des preuves de fraudes. Elle estime que son adversaire, dont la victoire a été reconnue par la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a bénéficié de fraudes massives et n'avait donc pas été "légitimement élu". "Je veux le dire clairement: Ianoukovitch n'est pas notre président. Quoi qu'il arrive à l'avenir, il ne deviendra jamais le président légitimement élu d'Ukraine", avait averti Timochenko lors d'une allocution télévisée samedi. Mais elle a aussi dit qu'elle renonçait à appeler la population à descendre dans les rues, comme lors de la "Révolution orange" de 2004, provoquée par une victoire douteuse de Ianoukovitch à la présidentielle. Timochenko a soutenu que plus d'un million de bulletins, qui lui auraient accordé la victoire, avaient été falsifiés. "Aujourd'hui, je peux vous déclarer fermement que les élections en Ukraine ont été faussées, et cela n'est pas une déclaration politique, mais une évaluation claire par des juristes", a-t-elle dit samedi. "Devant toutes ces preuves, j'ai pris la seule décision possible: contester en justice le résultat de l'élection. Je vais défendre notre Etat et le choix que nous avons fait sur la foi de documents juridiques. Ne pas aller devant les tribunaux reviendrait à abandonner l'Ukraine aux mains de criminels, sans combattre." Timochenko a assuré que certains observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) possédaient des preuves, y compris des enregistrements vidéo, de "tricheries systématiques" lors du scrutin et qu'ils étaient prêts à témoigner en justice. Le refus de Timochenko de concéder sa victoire, et son refus de démissionner de son poste de Premier ministre, comme le demande Ianoukovitch, continuent à alimenter les tensions politiques en Ukraine, dans l'attente de la proclamation des résultats.