Ayant subi avatars et épreuves durant cette période délicate de pandémie qui menace les vies de tout le monde sans exception, ayant été privés des soirées, des sorties amicales propices à l'épanouissement et au défoulement, les gens cherchent aujourd'hui à rescaper un temps perdu entre angoisse, confinement et privation. Privation avec tout ce que ce mot connote : séparation, écœurement et lassitude. En voilà une fête, celle de la Saint-Valentin qui vient amoindrir les peines en offrant à ces derniers l'occasion de se voir et d'échanger des mots d'amour et d'affection. Une animation joviale émane des magasins et des boutiques, agréablement ornés pour embellir un espace taciturne, enlaidi par les séquelles d'une épidémie oppressante. La couleur rouge, celle de la flamme amoureuse qui brille de mille feux, celle de l'effervescence ardente qui ébranle les cœurs, irradie les rues décorées par les ballons et les cœurs transpercés des flèches d'amour et de passion. Les jeunes amoureux s'apprêtent à fêter la Saint-Valentin en douceur, en échangeant des mots affectifs, porteurs d'adoration et en achetant des cadeaux à leurs amants et bien-aimées. Autrefois, les cadeaux furent symboliques : des roses fraîches, du chocolat et des mots d'amour sincèrement proférés. Néanmoins, devenant une fête « sacrée » ou presque, les dépenses deviennent excessives voire exorbitantes. Bien que des idées de cadeaux simples et emblématiques soient mises à la disposition de ces acheteurs, ces derniers préfèrent gâter l'ami, le fiancé ou le conjoint en un jour dit « spécial ». Cette fête devient dès lors commerciale, offrant ainsi la possibilité aux commerçants de tirer pleinement profit de cette occasion pour exposer leurs marchandises et vendre le maximum d'articles et de produits. Or, ce qui surprend et déconcerte c'est que ces personnes, préoccupées du matin au soir par les préparatifs de la fête, n'en connaissent pas l'essence. Quelle est l'origine de la Saint-Valentin ? , une question ambiguë, posée aux jeunes amoureux et qui, drôlement, est restée en suspens... La Saint-Valentin tire ses origines d'une fête annuelle païenne célébrée par les romains. Le 14 février de chaque année, les prêtres du dieu de la fertilité de Rome « Lupercus » sacrifiaient des chèvres et se grisaient. La légende raconte que lors de cette fête, les femmes s'approchaient, volontiers, des prêtres pour être touchées, croyant qu'un geste pareil pourrait accroître leur fertilité. Cette période était donc chez ce dernier emblème d'un amour qu'on célébrait en cachette avant de devenir un rituel voire une coutume. Mais, tandis que certains s'attellent à faire plaisir à leur.s bien-aimé.es, d'autres pensent, affectueusement, à leurs mères, à celles qui les ont enfantés pour leur dire de vive voix et à la manière de Cohen : « Louange à vous, mères de tous les pays... nos dames les mères, je vous salue, vieilles chéries, vous qui nous avez appris à faire les nœuds des lacets de nos souliers, qui nous avez appris à nous moucher ». En effet, l'amour d'une mère vaut la peine d'être célébré, chanté et fêté et l'amour ne représente en aucun cas l'apanage des amoureux ; Valentine et Valentin. Tristan aimait Iseult éperdument, Roméo et Juliette s'aimaient follement, Paul et Virginie étaient victimes d'un amour quasiment incestueux, tous ces derniers aimaient et glorifiant la passion tous les jours, sans attendre une date bien déterminée pour confesser leurs sensations et déclarer leur amour. La femme, mère, amie ou épouse est une muse inspiratrice, une nymphe, une Vénus vis-à-vis de laquelle l'homme devrait témoigner, fréquemment, son amour qui ne peut se restreindre à une fête formelle et symbolique. Si tous les jours avaient été balisés d'élan et d'éclat, notre vie aurait été plus sereine et plus calme, une vie régie par le respect mutuel, menée en pleine quiétude, loin des trébuches qui pourraient, parfois, l'avilir ou la défigurer : « Aimons donc, aimons donc ! De l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons », dixit Lamartine. Zeineb Golli