Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a appelé, mercredi 2 juillet 2025, à accélérer la révision du décret 54, tout en saluant l'initiative législative visant à introduire un enseignement de l'éducation aux médias et à la communication dans le système scolaire public. Dans un communiqué publié aujourd'hui, le Syndicat exprime sa position ferme quant à la nécessité de revoir ce texte controversé, qu'il considère comme une menace directe à la liberté de la presse et d'expression. Promulgué en 2022 et présenté comme un instrument de lutte contre les infractions liées aux systèmes d'information et de communication, le décret 54 a souvent été décrié par les organisations de défense des droits et libertés. Pour le SNJT, il est impératif de remplacer ce texte par les garanties prévues par le décret-loi n°115 de 2011, relatif à la liberté de la presse, de l'impression et de l'édition, chaque fois qu'il s'agit de poursuites contre des journalistes ou d'affaires d'opinion. Le Syndicat pointe notamment la formulation floue du décret 54, qui permet des interprétations extensives et abusives, ouvrant la voie à des condamnations lourdes et arbitraires. Ces dérives, souligne-t-il, ne relèvent pas uniquement de la justice, mais aussi d'une faille législative facilitant la répression de la liberté d'expression.
Dans ce même communiqué, le SNJT salue les efforts de plusieurs députés ainsi que ceux de la Commission de la législation générale, qui a entamé aujourd'hui les premières auditions sur le projet de révision. Le député Yassine Mami a dénoncé, ce matin, le retard pris par le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple dans le traitement de cette révision, pourtant déposée conformément à la procédure. Il a confirmé que des auditions seront menées auprès d'acteurs clés tels que les ministères concernés, le SNJT, l'Ordre des avocats et les associations de défense des libertés, avec pour objectif de clore ces consultations avant les vacances parlementaires.
Dans un autre axe de réforme salué par le SNJT, l'Assemblée se penche également sur une proposition de loi visant à créer un poste d'enseignant en éducation aux médias et à la communication dans les écoles publiques. Le Syndicat considère cette initiative comme un tournant stratégique, à la fois pour renforcer la pensée critique chez les jeunes, lutter contre les discours de haine et les fausses informations, et revaloriser la profession journalistique grâce à l'insertion professionnelle des diplômés de l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI). Selon le député Bilel Mechri, cette matière serait introduite progressivement dès le cycle primaire, avec des contenus adaptés à chaque tranche d'âge. L'objectif : doter les élèves des outils nécessaires pour décoder les messages médiatiques, mieux comprendre leur environnement numérique, et développer un rapport responsable et citoyen avec les médias, notamment les réseaux sociaux. Le contenu pédagogique de cet enseignement serait élaboré par une commission composée de représentants du ministère de l'Education, de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), d'universitaires et de professionnels du secteur. Une réévaluation annuelle du programme est également prévue, afin de garantir sa pertinence et son efficacité face aux évolutions rapides du paysage médiatique.