Pour les Tunisiens, ce genre de fêtes est devenu insensé au vu de leur quotidien difficile et ses contraintes transformées en calvaire pour de nombreuses familles. Ces fêtes se transforment également en de simples actes protocolaires qui interviennent cette année dans un contexte de tension politique et de divergence entre les trois présidences. Sauf que derrière ces fêtes et ces occasions, il existe toute une histoire, des sacrifices et un vécu à sauvegarder. Comme chaque année, la fête des Martyrs, l'une des plus importantes en Tunisie, passe inaperçue. Cependant, un regard historique devrait nous rendre fiers de la commémoration de telles fêtes. Les événements remontent au 9 avril 1938, un pas majeur vers l'indépendance de la Tunisie encore sous protectorat français. Ce jour-là, des centaines de Tunisiens, révoltés, avaient revendiqué des réformes politiques et sociales, dont notamment la mise en place d'un parlement. En ce moment, la Tunisie vivait dans un mouvement d'agitation, entre manifestations et heurts. Un grand nombre de ses dirigeants sont emprisonnés. Parmi eux, figure le leader Habib Bourguiba. Devant la Résidence générale, des milliers de manifestants brandissent des pancartes appelant à la formation d'un Parlement tunisien, avec des slogans hostiles au protectorat. Débordées par un mouvement spontané, les forces de police et l'armée françaises ne rétablissent le calme qu'au prix de nombreux martyrs parmi les jeunes Tunisiens révoltés. Cette date marque en effet un événement majeur du mouvement national tunisien et le début du processus d'indépendance de la Tunisie. Cette manifestation de protestation s'était au fait formée à la suite de l'arrestation du leader de la jeunesse Ali Belahouane. Les forces armées et la police étaient rapidement intervenues pour réprimer ce mouvement, Bilan : des dizaines de morts, des centaines de blessés et plus de 3 000 arrestations. Cette cérémonie marque, donc, les événements du 9 avril 1938, à la mémoire de plusieurs martyrs tombés sous les balles des forces d'occupation françaises. Ces événements ont fait plusieurs morts, tombés en martyrs, notamment lors des deux manifestations à Tunis, appelant surtout à des réformes et à l'instauration d'un Parlement. Ces manifestations ont vu la participation, outre des dirigeants du Néo-Destour, de plusieurs franges de la société, et pour la première fois la femme tunisienne. Crise politique et conflit institutionnel Cette année, la commémoration de cette fête historique intervient dans un contexte politique extrêmement compliqué qui renvoie à une crise institutionnelle impliquant les trois présidences. Une cérémonie marquant la commémoration du 83e anniversaire des événements du 9 avril 1938 a été organisée, hier, au carré des martyrs, à Séjoumi. En effet, avant de s'envoler pour Le Caire pour une visite officielle de deux jours, le Chef de l'Etat Kaïs Saïed a présidé cette cérémonie. Le président de la République a déposé, à cette occasion, une gerbe de fleurs au pied du mémorial érigé en hommage aux martyrs et récité la Fatiha à leur mémoire. Il a salué le drapeau national au son de l'hymne national. Trois coups de canon ont été tirés à cette occasion. La cérémonie s'est déroulée en présence du président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, du Chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et du ministre de la Défense, Brahim Bertégi.