A l'occasion de la fête des martyrs, le chef du gouvernement, Habib Essid, a pris connaissance, hier, au siège des Archives nationales, à Tunis, de la teneur d'une exposition documentaire organisée par cette institution, et comportant des documents numérisés des archives nationales qui retracent les étapes marquantes de la lutte de libération nationale et du combat acharné mené par le peuple tunisien pour le recouvrement de la souveraineté nationale spoliée, depuis l'établissement du protectorat français, le 12 mai 1881 jusqu'à l'obtention de l'indépendance le 20 mars 1956. Au nombre des documents figurait notamment le protocole de l'indépendance signé entre le gouvernement tunisien présidé, alors, par Tahar Ben Ammar, et le gouvernement français, le 20 mars 1956, ainsi que les portraits des grands leaders de la nation, qui avaient conduit le combat pour l'indépendance, à différentes époques, dont Abdelaziz Thâalbi, Ali Bach Hamba, Habib Bourguiba, Mahmoud Matéri, outre des documents relatifs à des combattants nationaux qui s'étaient particulièrement distingués, comme Mohamed Daghbagi. Il y avait, également, des documents relatifs aux initiatives tunisiennes en faveur de l'abolition de l'esclavage et l'amélioration du régime du gouvernement beylical, avant le protectorat français, comme le décret beylical relatif à l'abolition de l'esclavage en 1847, et la première Constitution tunisienne de 1861. Les copies numérisées, tirées par scannage, ont l'avantage de ressembler parfaitement aux originaux, à tous les points de vue. Le chef du gouvernement a porté son intérêt, notamment, sur le protocole de l'indépendance qui était conservé auprès de la présidence de la République et avait été remis aux Archives nationales, après la Révolution. Dans une déclaration à la presse, le chef du gouvernement a dit apprécier hautement de telles manifestations qui sont de nature à édifier et à informer les jeunes générations de la Tunisie sur l'action héroïque de leurs aînés , au service de la patrie, afin de suivre leur exemple pour la réussite de l'œuvre de développement économique et social qu'entreprend, aujourd'hui, avec détermination, la Tunisie, en faisant preuve de dévouement et d'abnégation au travail, comme eux. Spécificité tunisienne La célébration de la fête des martyrs par les Archives nationales, a comporté, également, avant la visite du chef du gouvernement, une conférence donnée par le directeur général des Archives nationales, Hédi Jallab, qui est historien, sur les circonstances ayant entouré les évènements du 9 avril 1938. La grande manifestation populaire qui avait été organisée, à cette occasion, dans la matinée du 9 avril 1938, à l'actuelle avenue du 9 avril, à l'appel du parti destourien, pour protester contre l'arrestation arbitraire du leader national Ali Bellahouane, la veille, par les autorités coloniales, s'était déroulée, en grande partie, à la place où se trouve aujourd'hui, le siège des Archives nationales, devant l'édifice du tribunal français, à l'époque, et qui sert encore de siège au tribunal tunisien de première instance. Le leader Ali Bellahouane avait, la veille, le 8 avril 1938, harangué les foules de Tunisiens rassemblés, à l'initiative du parti destourien, devant le siège de la résidence générale de France, en Tunisie, l'actuelle ambassade de France, dans une manifestation pacifique, pour protester contre la politique coloniale de la France en Tunisie. Mécontents et craignant le pire, les autorités coloniales procédèrent, la nuit, à son arrestation, et le lendemain, il avait été conduit devant le tribunal afin d'être jugé pour atteinte à l'ordre public. La nouvelle de son arrestation et de son procès s'était vite répandue. Des foules de civils tunisiens venus de tous les quartiers populaire de la capitale Tunis, dont le quartier proche d'El Mallassine, ainsi que les étudiants zeitouniens et sadikis, se sont rassemblés spontanément devant le tribunal pour protester contre ce procès arbitraire et dénoncer les exactions de l'occupant français, réclamant, entre autres, un Parlement tunisien. Mais, les autorités coloniales françaises avaient réprimé sauvagement la manifestation pacifique, en tirant sur la foule des manifestants sans aucun ménagement. Des dizaines de martyrs tombèrent sous les rafales de la police. Selon les autorités coloniales, leur nombre fut 23 martyrs, alors que des journaux français parlèrent de 150 martyrs, outre des centaines de blessés. Toutefois, le peuple tunisien, toujours aussi déterminé, poursuivit, sans répit, sa lutte, par tous les moyens, jusqu'à ce qu'il obtint gain de cause, à travers la reconnaissance de l'indépendance de la Tunisie par la France, par le protocole de l'indépendance du 20 mars 1956.. Hédi Jallab a tenu à souligner que dans leur lutte de libération nationale, comme dans leur révolution du 14 janvier 2011, les Tunisiens ont su, grâce à une certaine spécificité tunisienne, atteindre leurs objectifs, au moindre prix, contrairement à d'autres peuples, comme le peuple algérien qui a du consentir des sacrifices énormes pour obtenir son indépendance.