L'actrice et productrice Fatma Naceur, qui évolue en Egypte, s'est lancée dans la production de feuilletons télé. Dans cet entretien, elle nous parle des difficultés de cette entreprise et nous explique pourquoi elle ne choisit pas souvent les rôles dans des feuilletons dramatiques. Entretien. Comment êtes-vous venue à la production, alors qu'on vous attendait à apparaître dans des rôles de cinéma ? Cela fait un bon moment que je pense à passer à la production. La principale difficulté pour moi se résumait dans cette question: par où commencer ? L'opportunité s'est présentée pour moi l'année dernière avec le feuilleton «Nouba 2» dans sa seconde saison. Le feuilleton était donc installé et il n'y avait pas beaucoup de risques. Cela m'a boostée en quelque sorte et je me suis mise à la production. Maintenant, on ne peut rien juger avant que les nouveaux feuilletons ne passent à la télé et partent à la rencontre de leur public. Je parle de au pluriel, puisque nous en avons produit deux avec d'autres partenaires, l'un pour le mois de Ramadan et l'autre sera diffusé après. Pourquoi vous ne vous êtes pas attribué un rôle dans ce feuilleton? En ce qui concerne les rôles, je suis beaucoup plus intéressée par le cinéma que par les feuilletons dramatiques, du moins pas par les feuilletons de 30 épisodes. En même temps, j'essaie de faire une projection sur ma carrière pour les années à venir et je vois de quelle manière je vais avancer. Pour le cinéma, j'ai actuellement deux projets en cours. Un projet qui est le mien et le second en association avec une autre boîte de production . Je n'ai pas participé comme actrice ni dans «Nouba 2» ni dans «Awled El Ghoul». Pour «Nouba 2», le casting était déjà fait avec un réalisateur qui a sa vision artistique. Il ne s'agissait pas non plus pour moi de m'imposer. D'autre part, étant sur des projets en Egypte, je n'ai pas pensé à avoir des rôles dans des feuilletons tunisiens. Quant aux deux nouvelles productions de cette année, dont «Awled El Ghoul», je ne pouvais pas assurer les deux fonctions, à savoir celle de la production et de l'acting. De plus, il n'y avait pas de rôles qui correspondent à ma personnalité. J'espère que je serai présente l'année prochaine avec un rôle fort, digne de moi et de ma carrière. Sur quels critères artistiques avez-vous choisi de produire le feuilleton «Awled El Ghoul»? Etait-ce un scénario qui vous a été proposé ou vous l'avez commandé ? Au début, nous étions sur un autre projet de Elyès Baccar qui porte le nom de «Mouvma». Mais c'était un grand projet avec un gros budget et une écriture difficile. A un certain moment, nous n'avons pu avancer comme il faut. Nous avons donc reporté ce projet pour voir un scénario écrit et nous avons rencontré «Awled El Ghoul», écrit par Rafika Boujdai. C'est une valeur sûre pour nous, puisqu'elle est a écrit deux feuilletons qui ont marqué les Tunisiens, «Sayd Errim» et «Pour les yeux de Catherine». On est donc parti pour un feuilleton très proche des Tunisiens qui traite des années 90. C'est toujours difficile de s'étendre sur trente épisodes, mais on espère que le produit va réussir. On s'est basé sur un bon casting. Nous avons choisi Mourad Bechick pour la réalisation, car il vient du cinéma et il a déjà réussi des feuilletons à la télé. «Awled El Ghoul» a surpris par deux éléments : c'est un feuilleton qui sera entièrement prêt avant les délais, mais c'est aussi un projet sur lequel tout le monde a été payé... Quelle est la recette magique ? C'était important pour nous de donner à la post-production le temps nécessaire. Nous avons également anticipé un possible confinement comme l'année dernière. Cela dit, c'est important pour une société qui s'installe avec deux grands projets de tenir ses engagements financiers et de gagner la confiance des professionnels. Ce n'est pas évident, parce que la production est une opération suicidaire. Tout le poids repose sur les épaules du producteur. Nous devons trouver une solution pour que ce risque soit partagé et, à mon sens, il faut trouver d'autres marchés à part la Tunisie, sinon on ne s'en sortira pas. Sur ces projets, nous sommes plusieurs associés et c'est très difficile de s'en sortir. Mais nous ne pouvons continuer éternellement si on ne trouve pas notre compte. Les projets coûtent trop cher par rapport aux retours sur investissements. La production en Tunisie est très particulière, c'est le seul domaine où le producteur doit commencer à travailler avec 90 % du budget dans la poche ....