Le docteur Mohamed Jemaà, lauréat du Prix de Recherche sur le Cancer King Hussein, édition 2025    Météo en Tunisie : temps nuageux, pluies éparses    Pluies fortes et orages dès ce soir sur le centre et le sud de la Tunisie    Grève des Chauffeurs de Taxi : Exigence d'un Tarif de 1600 Millimes    Ce soir à 20h30: Tunisie × Brésil...sur quelles chaînes suivre le match?    Samsung récompensée pour sa technologie transformatrice par la Consumer Technology Association    Dix ans d'impact : le CORP propulse l'employabilité des jeunes Tunisiens    Les JCC 2025 dévoilent les films tunisiens en compétition et son affiche haute en couleurs    MEDRH 2025 : Maha Chehata révèle le vrai moteur de la performance des entreprises    Titre    49 certificats falsifiés : Tunisair appliquera la loi    Institut Salah Azaiez : une intervention chirurgicale exceptionnelle permet à une fillette de 5 ans de respirer,    Ooredoo Tunisie relance son initiative nationale de reforestation    Généralisation progressive des caisses enregistreuses fiscales à partir de juillet 2028    Tunisiens en France : êtes-vous concernés par la fin de la gratuité des soins ?    Météo en Tunisie : pluies éparses sur les régions de l'Est et l'Ouest    La protection des enfants contre la violence dans le cyberespace : conférence de l'ATNU le 19 novembre 2025    Journées de l'Entreprise 2025 à Sousse : le programme intégral    Hafida Ben Rejeb Latta : Une force kairouannaise (Album photos    Retard de paiement ? La Fédération explique la situation et rassure Jouadi    Ridha Bergaoui: Des noix, pour votre plaisir et votre santé    La Tunisie accueille les nouveaux ambassadeurs du Soudan, du Danemark et du Canada    Tir à la gare Montparnasse : Evacuation d'urgence à Paris !    La tunisienne Amani Ben Khalifa présente le programme Al Abtal al khamsoun (Les 50 Héros) sur Alaraby 2    Match Tunisie vs Jordanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN 2025 du 14 novembre?    Les IPDAYS X GITS 2025 : Ouvrir les portes de l'écosystème tunisien vers l'extérieur    Les Aigles de Carthage en action : suivez Tunisie vs Jordanie en direct    Célébration du roman tunisien du 14 au 16 novembre 2025 à la Bibliothèque régionale du Kef    Hafedh Chekir: Accroissement naturel de la population en Tunisie    WIFAK BANK anime une journée commerciale à la Faculté de Médecine de Tunis pour promouvoir son offre "Futurs Médecins & Pharmaciens"    Agil Energy illumine le Salon Auto Expo 2025 à Sousse    Jamila Boulakbèche et Isra Ben Taïeb remportent 2 médailles d'or aux Jeux de la Solidarité islamique 2025    Match Tunisie vs Mauritanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN Maroc 2025 du 12 novembre?    Drones en Tunisie : des mesures pour encadrer leur usage    Hafida Ben Rejeb Latta ce vendredi à Al Kitab Mutuelleville pour présenter son livre « Une fille de Kairouan »    Quand Mohamed Salah Mzali encourageait Aly Ben Ayed    Amina Srarfi : Fadl Shaker absent des festivals tunisiens    Justice tunisienne : 1 600 millions pour lancer les bracelets électroniques    Tunisie : Le budget de la Culture progresse de 8 % en 2026    Qui est le nouvel ambassadeur de Palestine en Tunisie, Rami Farouk Qaddoumi    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    Elyes Ghariani: Comment la résolution sur le Sahara occidental peut débloquer l'avenir de la région    Mondher Khaled: Le paradigme de la post-vérité sous la présidence de Donald Trump    Congrès mondial de la JCI : la Poste Tunisienne émet un timbre poste à l'occasion    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    Ligue 1 – 11e Journée – EST-CAB (2-0) : L'Espérance domine et gagne    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Lettre manuscrite de l'Emir du Koweït au président Kaïs Saïed    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La rupture est consommée entre les deux têtes de l'Exécutif : Un tournant dangereux ?
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 04 - 2021

Nouveau rebondissement de taille dans la crise institutionnelle qui frappe le pays. Désormais, c'est l'institution sécuritaire qui est au cœur des tiraillements politiques. Une chose est sûre, entre les deux têtes de l'exécutif, c'est la rupture totale.
A l'occasion de la commémoration du 65e anniversaire de la fête des forces de sécurité intérieure, le Chef de l'Etat, Kaïs Saïed, a voulu encore une fois délimiter son territoire politique, mais aussi rappeler à toute la classe politique et notamment ses adversaires qu'il était le commandant suprême de toutes les forces armées, y compris ce qu'il appelle les forces armées civiles, c'est-à-dire les forces de la sécurité intérieure. Des déclarations qui ont provoqué un tollé, d'autant plus que le ton utilisé par le Président de la République pour rappeler tout le monde à l'ordre, preuves constitutionnelles et légales à l'appui, était fort, catégorique et sans précédent.
Kaïs Saïed a assuré que tant que la Constitution n'avait pas spécifié, il ne pouvait avoir lieu de réduire ses prérogatives aux forces militaires, et qu'il était de son droit de désigner ou de limoger, après consultation du Chef du gouvernement, les hauts cadres des forces armées. Le locataire de Carthage met dans le viseur les forces armées intérieures, jusque-là sous les commandes de Hichem Mechichi, Chef du gouvernement et ministre de l'Intérieur par intérim.
Des déclarations qui ont officialisé la rupture entre les deux têtes de l'Exécutif, d'autant plus que, pour sa part, le Chef du gouvernement a également opté pour l'escalade. D'ailleurs, c'est pour la première fois qu'un Chef du gouvernement s'adresse en ces termes au Président de la République. Voulant lui-même délimiter son territoire politique et protéger ses prérogatives, Mechichi hausse le ton et affirme que ces propos étaient «inutiles» et «hors contexte» en cette fête des forces sécuritaires, soulignant que les circonstances ne se prêtent pas aux lectures «individualistes» de la Constitution.
Pour Hichem Mechichi, les propos de Kaïs Saïed selon lesquels il s'est déclaré commandant suprême de toutes les forces armées — militaires et sécuritaires confondues — renvoient à «la nécessité et la priorité absolue de mettre en place la Cour constitutionnelle, unique structure habilitée à trancher sur ce genre de questions». Or, la mise en place de ladite Cour pose déjà problème du fait qu'elle soit au cœur d'un blocage entre les trois présidences, le Président de la République accuse des intentions de règlements de comptes politiques derrière son installation.
Une tension sans précédent
Une telle tension n'a jamais été observée entre les deux têtes de l'exécutif. Même durant la crise politique entre l'ancien Chef du gouvernement, Youssef Chahed, et feu Beji Caïed Essebsi, on n'a jamais atteint une telle situation de conflit et de blocage.
En tout cas, dans cette démarche, le Président de la République peut toujours compter sur sa ceinture politique non annoncée, celle composée notamment du bloc démocratique. Le député de ce bloc, Haikel Mekki, soutient le Président de la République, en affirmant que toutes les forces armées sont sous l'ordre du Chef de l'Etat.
Sauf que pour certains observateurs de la scène nationale, la récente déclaration du Président de la République marque un nouveau rebondissement de taille sur la scène nationale et en dit long sur la prochaine phase politique en Tunisie. Le professeur de Droit public et chercheur en Droit constitutionnel, Rabeh Khraifi, est de cet avis. Pour lui, le Chef de l'Etat s'apprête à entrer dans une nouvelle ère politique qui pourrait correspondre à ce qu'il appelle de lourdes décisions. Il prévoit que le Président de la République soit sur le point de prendre des décisions en tant que commandant de toutes les forces armées que le Chef du gouvernement ne peut pas refuser. «Le Chef de l'Etat s'apprête à prendre de lourdes décisions pouvant toucher des arrestations parmi les députés ou les politiciens lorsqu'il a évoqué la levée de l'immunité ou les liens de parenté», a-t-il estimé.
En réaction au tollé déclenché par cette déclaration présidentielle, Naoufel Saïed, frère du Président et l'une des personnes les plus proches de Kaïs Saïed, a estimé, dans ce sens, que le Président de la République ne fait qu'appliquer les dispositions de la Constitution. «Pourquoi avoir peur d'un président de la République qui croit à la primauté de la Constitution qu'il a juré de respecter et qu'il invoque à chaque instant ?», s'est-il interrogé sur son compte Facebook, car, pour lui, la peur doit s'installer dans le camp de ceux qui s'opposent à l'application de la Constitution.
Les déclarations du Président de la République ne sont pas passées inaperçues. Pour certains, cela menace l'expérience démocratique en Tunisie. Le président du mouvement démocratique, Ahmed Néjib Chebbi, est allé jusqu'à dire que le Président de la République, Kaïs Saïed, est en train de fomenter un coup d'Etat «soft» en entravant la formation du gouvernement et la création de la Cour constitutionnelle, puis en annonçant qu'il est le commandant suprême des forces armées. « Entraver la formation du gouvernement, opposer un veto à la création de la Cour constitutionnelle et annoncer qu'il est le commandant des forces de sécurité intérieure à l'occasion de la commémoration de leur 65e anniversaire, ce sont les prémices d'un coup d'Etat», a-t-il affirmé.
Idem pour Jawhar Ben Mbarek, professeur en droit constitutionnel, qui a appelé dans ce sens à la mise en place d'un «gouvernement fort» pour protéger l'expérience démocratique devenue, selon ses dires, menacée suite aux propos du Président de la République.
Contacté par La Presse, Sghayer Zakraoui, professeur de droit, estime dans ce sens que ces déclarations, en dépit des preuves constitutionnelles présentées par le chef de l'Etat, interviennent sur fond politique. Pour lui, il s'agit d'une guerre de positionnement politique et de prérogatives dans laquelle des outils constitutionnels sont utilisés en l'absence de la Cour constitutionnelle. Il affirme dans ce sens que ce nouveau rebondissement constitue un tournant dangereux sur la scène nationale et ne peut pas être dissocié de cette crise institutionnelle et politique entre les deux têtes de l'Exécutif. La solution qu'il propose n'est autre que l'organisation d'un dialogue national pour surmonter cette crise politique avant de penser aux questions constitutionnelles.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.