La sélection est enfin une équipe reconnaissable sur le terrain. Elle a récupéré un style de jeu propre qui, comme le souhaitent ses supporters, mise sur le football d'attaque et de qualité. A la veille des quarts de finale, la sélection mesure déjà le chemin parcouru. Naturellement, les souvenirs se bousculent, mais les motifs de satisfaction, de grand espoir aussi, surgissent spontanément et d'un seul coup. L'équipe de Tunisie a dû passer par une sérieuse remise en question pour rentrer dans le moule et mériter les louanges, tout particulièrement des observateurs avertis et souvent difficiles à satisfaire... Si on pense que cela est venu tout seul, on se trompe. Hatem Missaoui et ses joueurs ont dû bosser et s'investir. Il ne leur a fallu pas beaucoup de temps pour admettre que le plaisir se partage collectivement. Ils savent ce qu'ils veulent, tout est clair, et quelque part, on a fini par admettre qu'ils ont raison. Peut-être bien à leur manière. Mais le résultat est tout à fait convaincant et plus que jamais persuasif. Le sélectionneur a fait confiance à ses joueurs et c'est la moindre des choses qu'ils renvoient ainsi l'ascenseur. Il faut dire qu'on a rarement vu la sélection exercer une force de frappe aussi éloquente et tellement décisive. Indépendamment de la valeur de l'adversaire, c'est toute la raison d'être de l'équipe sur le terrain, son registre de jeu, sa réflexion et son inspiration qui ont fait réellement la différence. En quatre- vingt-dix minutes, tout, ou presque, a été transformé. Un effectif quelque part affligé, peiné et critiqué en un groupe de gagnants et une grande projection dans l'avenir. L'équipe de Tunisie a rétabli le cap de la manière la plus significative et la plus expressive, non seulement en stabilisant son jeu et en recadrant ses repères, mais aussi en dégageant un sentiment d'assurance pour l'avenir. La sélection est enfin une équipe reconnaissable sur le terrain. Elle a récupéré un style de jeu propre qui, comme le souhaitent ses supporters, mise sur le football d'attaque et de qualité. Cette récupération de la personnalité, après des années de football de basse qualité et la plupart du temps sans succès, lui permet de renaître. Son nom résonne à nouveau dans le concert des grandes équipes africaines. Elle a mûri. Elle est aujourd'hui une équipe presque complète, très intéressante dans la polyvalence de ses joueurs, suffisamment à l'aise dans le jeu et dans le combat. Une équipe qui doit prendre aussi davantage conscience de ses qualités, de son potentiel pour franchir un nouveau cap et se révéler plus décisive. C'est en tout cas une belle satisfaction. Le renoncement à la médiocrité Le mérite de cette transformation revient quelque part à Hatem Missaoui qui a su adopter une stratégie attractive, efficace et adaptable au fil du match. Ainsi il a réussi à permettre à son équipe de se frayer le passage par de vives accélérations, renforçant le milieu de terrain et alignant des joueurs à vocation offensive sur la même ligne de front. Incontestablement parmi les valeurs sûres de cette formation, on retrouve des joueurs au tempérament de feu. Indomptables et indispensables. Avec leur technique et leur vitesse de réaction, ils ont fait tourner la tête de leurs adversaires et ont parfaitement maîtrisé le jeu dans ses différentes versions et péripéties... Cet épanouissement, cette montée en puissance, cette force tranquille que la sélection a réussi à renvoyer sur le terrain, elle les doit aussi au contexte. Comme s'il fallait faire semblant, au moins un instant, de se mettre en difficulté, tout en acceptant une ultime ‘'dégradation'' pour pouvoir encore briller. En peu de temps, un vrai groupe s'est constitué, l'image d'une équipe compétitive récupérée, le renoncement à la médiocrité revendiqué. Dans la douleur, certes, mais dans un cercle plus que jamais vertueux. Parfois, la présence de certaines personnes peut être une étape captivante dans la vie collective d'une équipe. La sélection doit aujourd'hui tourner la page du passé et en ouvrir une vierge. Cela représente incontestablement un état de grâce susceptible d'entraîner une vague porteuse et bénéfique. Sauver la sélection, Missaoui et ses joueurs s'en sont toujours crus capables. De toutes les façons, l'optimisme est la foi du renouveau de l'équipe de Tunisie, notamment face à l'avilissement et aux illusions du passé. Elle ne méritait pas au fait le traitement qu'on lui infligeait, ni l'excès d'indignité dont elle était la victime de la part de ses hommes. De ses responsables. Elle a toujours un nom et une réputation à préserver. Elle aurait besoin aujourd'hui d'actes et pas seulement de paroles.