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La comédienne Sonia Zarg Ayouna : «Le théâtre est ma colonne vertébrale»
L'ENTRETIEN DU LUNDI
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 02 - 2016

Tête froide ou tête brûlée, Sonia Zarg Ayouna est une comédienne de théâtre qui a du caractère et sait où elle veut aller. Tantôt capitaine, tantôt matelot à bord d'un navire, l'Etoile du Nord, qui risque de couler faute de moyens, l'égérie de Noureddine El Atti embarque dans le paquebot Théâtre National Tunisien, sous la direction de Fadhel Jaïbi, pour une aventure théâtrale moins houleuse mais aussi passionnante que les précédentes. Révélations sur sa carrière et son tempérament..
On commence par «Bis», votre nouvelle création théâtrale, qu'une collègue de notre journal a nommé d'«étrange objet théâtral», ce qui est aussi le sentiment de plusieurs spectateurs. Est-ce que cette «étrangeté» est pensée, voulue ?
Oui, c'est une volonté. En tout cas ce n'est pas un hasard. Rien n'est gratuit sur une scène de théâtre. Rien n'échappe à la volonté de l'équipe depuis le texte jusqu'au jeu, l'atmosphère, les décors, les costumes. Tout est pensé forcément.
Si une personne va au théâtre pour qu'on lui raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin, il ne trouvera pas cela dans «Bis». Sur le tract de la pièce, on a fait exprès d'indiquer «ne cherchez pas d'histoire, il n'y en aura pas». Par ailleurs, je ne pense pas que la pièce soit inaccessible, incompréhensible, il faut juste se rendre disponible à autre chose que ce que le spectateur a l'habitude de voir. Il s'agit de plusieurs histoires qui se chevauchent avec un fil conducteur.
Dans ce genre de théâtre, le spectateur ne peut pas être consommateur. Il doit participer en faisant lui-même le travail de spectateur et aller à la rencontre de ce qui lui est présenté. Dans les propos, les mini –histoires, les échanges, tout est accessible. Ce n'est pas compliqué mais ce qui l'est, c'est le tissage. Le spectateur doit s'ouvrir à autre chose que ce qu'il a l'habitude de consommer au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Sinon, il reste à l'extérieur, tout devient compliqué pour lui et étrange et il peut carrément s'ennuyer ce qui est possible et qu'on prévoit quand on fait ce genre de travail. Ce n'est pas mauvais non plus de s'ennuyer.
Quel est le feed back des spectateurs ?
Ce qui se passe c'est que, malheureusement, la plupart du temps ceux qui viennent nous parler après la représentation ce sont ceux qui ont aimé. Ceux qui n'aiment pas rentrent chez eux sans rien dire.
«Bis» est la deuxième pièce de Sarah Kane que vous adaptez après «4.48 psychose» (2010). Pourquoi ne l'avoir pas indiqué dans les documents de présentation de la pièce ?
En fait, je ne fais pas du tout d'adaptation. Il y a deux raisons à cela. La première, c'est que «Bis», je l'ai montée au TNT et la deuxième, «4.48 psychose», est une traduction du texte de Sarah Kane.
Pour «Bis», l'équipe et moi-même, nous nous sommes inspirés de l'idée du texte et nous avons écrit un texte qui n'a rien à voir avec l'original. Cela a été un vrai travail collectif. Les comédiens sont des ressortissants de l'école du comédien du TNT. Je leur ai proposé cinq textes différents de cinq auteurs différents qu'on a lus et discutés. Je les ai laissés travailler seuls et faire leur propre choix qui s'est arrêté sur le texte «Manque» de Sarah Kane. Il y avait la possibilité de le traduire, d'en faire une adaptation ou de s'en inspirer et d'écrire un texte personnel. Ce qui intéressait l'équipe, c'est l'idée et l'univers du texte de Kane. Ils n'avaient pas envie de jouer le texte tel quel. Il s'agit d'une inspiration très libre.
Avec «Bis», c'est la première expérience avec le TNT sous la direction de Fadhel Jaïbi. Qu'est-ce qui vous a décidé de travailler dans cette institution ? Présente-t-elle un confort pour l'artiste ?
J'ai commencé l'expérience au TNT avec le pôle autour des lectures théâtrales contemporaines où depuis l'an dernier on a fait des lectures bimensuelles de textes du théâtre contemporain. Ce n'est pas une question de confort mais de disponibilité. Tout mon temps a été consacré à la création. A l'Etoile du Nord, il y a, à côté du travail de création, le travail d'administration, de communication et de gestion de l'espace. Au TNT, c'est une sorte de confort.
Vous avez choisi une approche minimaliste au niveau de la mise en scène et du jeu, ce qui est tout à fait à l'opposé de ce qui se présente actuellement sur la scène théâtrale tunisienne. Pourquoi le choix de l''économie des moyens ?
C'est ma démarche depuis longtemps pour ce genre de théâtre que je défends : un théâtre de texte. Le spectaculaire et la profusion empêchent de réaliser ce genre de théâtre. J'ai toujours travaillé avec une certaine sobriété. C'est réellement un choix.
Depuis 1996, vous avez travaillé aux côtés de Noureddine El Atti qui est aussi votre compagnon dans la vie et créé ensemble l'Etoile du Nord. Est-ce que l'expérience de l'Etoile du Nord est terminée et la rupture consommée ?
Absolument pas. Peut-être que l'Etoile du Nord disparaîtra. Nous sommes en train de voir si nous pouvons continuer. Ce n'est pas ma rupture avec l'Etoile du Nord. En fait, nous ne pouvons plus continuer à travailler de la sorte. C'est au jour le jour avec des moyens très limités, ne sachant pas la veille ce que nous allons faire le lendemain. Nous nous battons tous les jours, mais ça use. En 1997, nous avons travaillé en nomade pendant 4 ans et puis, en 2000, nous avons ouvert l'espace. Nous fêtons ce mois-ci les 16 ans de l'Etoile du Nord.
Travailler loin de Noureddine El Atti, est-ce une liberté pour vous ?
Je me suis sentie toujours libre à l'Etoile du Nord. En fait, je n'ai pas travaillé sans Noureddine puisque c'est lui qui a signé les décors, les lumières et les costumes de «Bis».
Vous avez toujours adapté ou traduit des textes d'auteurs connus ou moins connus. N'avez-vous jamais pensé à écrire un texte original ?
Je n'ai jamais adapté. J'ai toujours traduit des textes. Je suis anti-adaptation. J'écris ou réécrit à partir d'une idée. Le texte est intéressant mais ne correspond pas à une réalité tunisienne. Si l'idée m'intéresse, j'écris le texte à ma manière. Il existe d'excellentes adaptations mais elles ne correspondent pas à ma démarche. Pour ce qui est d'écrire un texte original, je considère que je ne suis pas auteur.
Vous assurez la traduction, l'adaptation, la mise en scène et le jeu. Qu'est-ce que vous préférez dans tout cela ?
Je suis une comédienne avant tout qui met en scène, traduit et écrit. J'aime me faire diriger mais cela dépend par qui.
Qu'est-ce qui est le plus important et le plus recherché chez un comédien ?
Ca dépend des metteurs en scène. Quand je travaille avec Noureddine El Atti, ce qu'il cherche c'est que j'aille jusqu'au bout des choses et que j'aille de plus en plus loin dans une quête de non-jeu ou de déconstruction du jeu et d'aller vers quelque chose d'authentique, de pas fabriqué, de pas plaqué, de pas joué dans le mauvais sens du terme.
J'ai travaillé comme assistante avec Fadhel Jaïbi qui demande aux acteurs de chercher dans leur propre vécu, dans leur propre douleur et dans quelque chose qui doit être profond et spectaculaire. C'est une autre quête. Noureddine ne me demande pas d'aller chercher dans des douleurs personnelles ; pour lui c'est le personnage qui est le plus important. Je lui prête ce que je veux à condition que cela soit sincère. Ce n'est pas une priorité que j'aille chercher dans une histoire personnelle. Je fais ma propre cuisine de comédienne. Je peux m'inspirer de films, de gens que je connais et qui m'ont touchée, les livres que j'ai lus. C'est un mélange de tout cela.
Quand j'arrive à la représentation, je ne sais plus démêler, c'est hors de moi, c'est moi le personnage et plus du tout moi. Si je joue un rôle tragique et douloureux, la douleur commence au moment où je monte sur scène et finit au moment du salut. Je ne l'emporte pas avec moi. Je n'ai pas mal quand je descends de la scène parce que ce n'est pas moi, ça ne m'appartient pas, c'est le personnage. Mais la douleur que je sens est réelle lors de la représentation. Si le personnage pleure, je pleure pour de vrai, si le personnage a une douleur physique ou morale je l'incarne. Ce n'est pas une identification avec le personnage.
Fadhel Jaïbi ne vous-a-t-il pas proposé un rôle dans une de ses créations?
Il m'a proposé un rôle en 1993 dans «Familia» à un moment où je n'étais pas encore prête. En 1992, j'étais encore étudiante à l'Isad. J'ai assisté pendant deux semaines aux répétitions et ce qu'il demandait aux comédiens exige une certaine rigueur. En fait, il fallait un comédien aguerri.
Au cinéma, vous avez joué dans un seul et unique film en 1998 qui est «Sois mon ami» de Nacer Ktari, un rôle pour lequel vous avez obtenu le prix d'interprétation féminine aux JCC 2000. Pourquoi n'avez-vous pas continué au cinéma ? Est-ce qu'on ne vous a pas proposé d'autres rôles ?
Je crois que le désamour est réciproque. Je n'adhère pas à la manière dont est pratiqué le cinéma en Tunisie. J'ai accepté de faire ce film pour voir ce qu'est être actrice au cinéma. J'ai vu et j'ai donc trouvé que ce n'est pas fait pour moi. Quand on accepte de jouer un rôle en ayant lu le scénario en français, et de découvrir la version tunisienne après avoir signé le contrat et que cette version ne fonctionne pas, notamment au niveau des dialogues qui étaient une horreur, j'ai du tout changé. Mais à un certain moment, j'étais fatiguée parce que je passais les premiers temps à rentrer le soir pour réécrire les dialogues du lendemain. J'étais censée faire ce travail avec le réalisateur, il m'a accompagnée durant deux jours ensuite, il était fatigué après une journée de tournage. Il m'a alors abandonnée.
Au bout d'une dizaine de jours, j'en avais marre de faire ce boulot pour lequel en plus je n'étais pas payée. Puis, durant le tournage, le réalisateur n'avait aucune notion de la direction d'acteurs et me disait «joues-la moi théâtrale», pour moi cela ne correspondait à rien. Le réalisateur arrivait sur le plateau bien reposé et prenait connaissance du décor après les acteurs. Il y avait un manque de professionnalisme flagrant. J'étais dispersée et pas du tout en confiance. Je lui en ai beaucoup voulu. Maintenant, c'est un détail que le film me plaise ou pas, je ne peux pas être bonne juge du film. Cela a été une souffrance pour moi de le voir. D'ailleurs, personne n'a pensé que c'était un bon film. Cela ne m'a pas soulagée. Je préfère être une comédienne moyenne dans un bon film que d'être une excellente comédienne dans un film médiocre.
Quelle est la comédienne qui vous impressionne ?
En fait, il n'y a pas grand-chose qui m'impressionne, par contre j'ai de l'admiration pour Raja Ben Ammar, Jalila Baccar, Fatma Saïdane et beaucoup d'autres. Au cinéma, il y a Julia Roberts qui est intéressante mais pour laquelle je n'ai pas forcément de l'admiration, Cameron Diaz, je la trouve très drôle, Isabelle Adjani à ses débuts, Isabelle Huppert, que j'ai vue dans «4.48 psychose», est excellente.
Que pensez-vous de la scène théâtrale tunisienne actuelle ?
Il y a pas mal de soucis. Les capacités, les idées, l'inventivité, l'imaginaire de ceux qui font du théâtre ou du moins ceux que je connais de la jeune génération, sont prometteurs. Il y a une sorte de bouillonnement intérieur et la frustration vient de là. La réalité de ce qui se fait montre qu'on a pas mal de problèmes de moyens, d'écriture, de public, de respect.
J'essaie de ne pas me couper de ce qui m'entoure mais j'ai l'impression que depuis quelques années, je me suis fabriqué un îlot dans lequel je fais ma vie, ce qui m'intéresse. En fait, quelque part, je me suis coupée du milieu. Je fréquente le milieu mais je n'y partage pas grand-chose.
A l'Etoile du Nord, je me suis fabriqué une sorte d'Etat indépendant dans lequel je fais ce qui me convient en dehors des sentiers battus. C'est une question de survie. Si je perds l'amour de ce métier, je ne serai plus capable de continuer à le pratiquer. Le théâtre, c'est un peu ma vie, ma colonne vertébrale. Mon identité est comédienne.
Vous êtes assez distante avec les médias, comment définissez-vous vos rapports ?
Mauvais. Mais c'est pour le bien de tout le monde. Personne ne voudra m'avoir sur un plateau. C'est une manière de me protéger et de les protéger aussi.


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