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Itinéraire d'un fils maudit
Avant-première de L'art du Mezoued, de Sonia Chamkhi
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 08 - 2010

Du mezoued au CinémAfricArt, il fallait voir ça ! L'auteur, Sonia Chamkhi, a fait précéder la projection de son nouveau produit cinématographique — un documentaire présenté en avant-première samedi dernier— d'un mini-show de mezoued. L'euphorie générale dans la salle, dont on reconnaît le côté Art et Essai, sous les rythmes de «Hen alina ya loummima», chantée par Salah Farzit et sa troupe, semblait être un moment salvateur. C'était comme une réconciliation, le temps d'un soir, entre une classe intellectuelle tunisoise et un côté refoulé de la mémoire collective artistique.
Passons au vif du sujet. Que nous dit Sonia Chamkhi sur l'art du mezoued et comment le dit-elle ? Le film, qui dure une cinquantaine de minutes, s'ouvre sur un court texte de présentation. Ce texte nous apprend que le mezoued désigne la cornemuse et la musique basée sur cet instrument. Il nous apprend également que l'art du mezoued traîne une réputation sulfureuse parce que ses adeptes viennent des quartiers populaires de Tunis, qu'ils sont illettrés et ont souvent connu misère et prison. De plus, ils avaient à faire face au mépris social et à l'interdiction d'antenne dans les années 70 et 80. On a là les grandes lignes de la démarche du film.
Les témoignages des chanteurs et instrumentistes du mezoued sont le principal support de recherche. Des noms comme Moustapha Gattel Essid, Salah Farzit, Hedi Donia et Achref défilent devant la caméra pour parler, chacun, d'un aspect particulier du mezoued qui correspond à son expérience. D'autres noms exposent les techniques de fabrication et de jeu. Ces séquences sont alternées par des plans filmant des mariages populaires où les invités sont comme en transe sous l'effet du son de la cornemuse, de la zokra, de la derbouka, du bendir… Un montage qui met en évidence la double identité du mezoued : art populaire par excellence et art longtemps underground.
Moustapha Gattel Essid, par exemple, est «l'un des derniers détenteurs de la "Silsila", la chaîne de noubas dévotionnelles, version sacrée du mezoued, dédiée à la louange des saints, jadis largement diffusée à Tunis, y compris au sein de la communauté juive pour accompagner certains rituels». Plus tard, le mezoued devient l'expression de la souffrance, du mal-être et de l'envie de partir.
Le cheminement du film permet de constater l'évolution de cet art à travers les générations. De Salah Farzit, toujours en "di'ngri" version pêcheur, et qui connut autant la gloire que la misère, à de nouvelles figures au look tecktonik, le mezoued change de discours, s'habille d'arrangements musicaux qui le rendent plus soft.
Entre ce qui est annoncé et ce qui a été fait, L'art du Mezoued promet beaucoup, mais laisse un peu le spectateur sur sa faim. Il n'y a pas vraiment de grandes révélations ni de véritables découvertes. Sans doute est-il difficile de retrouver des traces ou des archives des anciens du mezoued et cela se voit dans le film, qui n'en montre que quelques photographies. Toutefois, comme dit Giorgio Vasari : «Qui cherche trouve». On a l'impression que Sonia Chamkhi n'est pas allée au bout de ses recherches ou, peut-être, qu'elle n'a pas pu. Certains éléments importants dans l'histoire du mezoued ne sont pas bien mis en évidence, comme le rôle des médias dans le retour du mezoued. Certains maillons manquent à la chaîne, comme le témoignage d'un Hédi Habbouba ou d'un Faouzi Ben Gamra, aujourd'hui converti aux chants religieux. Il y a donc comme un creux, celui du mezoued des années 90. De plus, Sonia Chamkhi s'est limitée au mezoued tunisois. Un choix possible qui se justifie, mais que ne reflète pas complètement le titre, général, du film. Même s'il est apparu et a principalement évolué à Tunis, le mezoued a été adopté par les régions et est chanté aussi par des femmes. Sonia Chamkhi s'est entourée d'une jeune équipe constituée pour la plupart de ses étudiants. Le résultat se traduit malheureusement par une certaine approximation dans l'image et le cadrage.
Ce qui est vraiment à retenir dans le film, c'est qu'il a réussi à ressortir le côté artistique et le visage humain du mezoued, longtemps enfoui sous la chape des préjugés. La démarche de Sonia Chamkhi est louable dans le sens où peu de gens ont pensé à faire du mezoued un sujet d'étude et de recherche. Le mezoued est aussi, à sa façon, un témoin de notre histoire et il est important d'écouter ce qu'il a à dire.


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