«Il y a toujours des drames avec la mer, mais de cette gravité et de cette importance-là, jamais... Makram a été percuté et grièvement blessé par un zodiac touristique à quelques mètres de la plage... sous les yeux de son fils», indique notre témoin. Une scène terrible... Dans l'après-midi du samedi dernier, Makram Kacem, un quadragénaire originaire de la ville de Tazarka (gouvernorat de Nabeul) a décidé d'aller profiter, avec ses enfants et sa femme, de la mer et du soleil pour passer une journée de rêve dans l'une des plus belles plages du pays. En quelques secondes, la sortie en famille s'est transformée en cauchemar et le destin de deux enfants et d'une mère a basculé dans l'inconnu ; à peine quelques minutes après leur arrivée, Makram, qui faisait de la plongée, a été percuté et grièvement blessé par un zodiac touristique à quelques mètres seulement de la plage. Une scène du moins touchante, qui faisait frissonner tout le monde : la tête a été grièvement blessée, le bras droit au niveau de l'épaule a été tranché par le moteur, le poumon droit a été transpercé... outre plusieurs blessures graves au niveau du ventre et de l'estomac. «La scène a de quoi être terrible. Pendant un instant, les présents n'ont pas compris ce qui s'est passé car tout s'est déroulé très vite. La couleur de la mer a viré au rouge et il y avait du sang partout... Un zodiac touristique a happé au passage un baigneur... Après quelques minutes, nous avons constaté que la victime n'est autre que Makram que tout le monde connaît bien... Il y a toujours des drames avec la mer, mais de cette gravité et de cette importance-là, jamais... Makram a été percuté et grièvement blessé à quelques mètres seulement de la plage... Pire, le drame s'est déroulé sous les yeux de son fils âgé de 15 ans ! Gravement blessée, la victime a été très vite hospitalisée, mais elle a succombé à ses blessures peu après... Ce drame, qui s'est soldé par un mort et deux jeunes orphelins traumatisés à vie par cet accident sous leurs yeux, a ému tous les habitants de la région et des villes voisines », indique à La Presse la présidente du Comité de santé, d'hygiène et d'environnement à la municipalité de Tazarka, Zouha Nechi, qui est également témoin de cette scène terrible. Que risque le conducteur ? Mme Nechi ajoute que le pilote du zodiac s'est rendu volontairement à la garde maritime de Beni khiar et qu'une enquête a été ouverte. Ce dernier, qui comparaitra pour homicide involontaire, risque deux ans d'emprisonnement pour la mort de Makram. Le code pénal tunisien prévoit dans ce cas une peine de 2 ans d'emprisonnement et 720 dinars d'amende, puisque selon l'article 217 « Est puni de deux ans d'emprisonnement et de sept cent vingt dinars d'amende, l'auteur de l'homicide involontaire, commis ou causé par maladresse, imprudence, négligence, inattention ou inobservation des règlements ». «L'homme, qui est originaire de la même ville, mais qui réside en France, avait été placé en garde à vue pour homicide involontaire... Toutes nos pensées et notre solidarité avec la famille et les proches de la victime. Que Dieu le Tout Puissant lui accorde Son infinie Miséricorde et l'accueille dans Son éternel Paradis», souligne-t-elle. A qui la faute ? Malheureusement, cet accident n'est pas le premier et sera comme d'autres ''sans sanction'', puisque ces dépassements ne cessent de se reproduire. En 2016, tout le monde se rappelle de Skander, le jeune conducteur de quad, qui a tué sur le coup une jeune femme (médecin de 35 ans) qui était sur la plage avec sa famille. Le jeune garçon, âgé de 18 ans et demi à l'époque, a écopé un an seulement de prison pour homicide involontaire. Aujourd'hui, un accident pareil se reproduit en mer. Qui assume la responsabilité? Selon Zouha Nechi, c'est l'Apal (Agence de protection et d'aménagement du littoral) qui doit assurer la protection des baigneurs en mer et sur le sable en coordination avec les autorités locales (communes) et la protection civile. «Il y a lieu de renforcer les programmes de surveillance et de protection en coordination avec les services concernés pour la protection des baigneurs. Les zodiacs, vedettes, jet-skis... ne doivent jamais se rapprocher des baigneurs. Il faut toujours garder la distance de sécurité et il est interdit de surfer dans la zone de baignade surveillée. Mais pour cet été, puisque la baignade était interdite à cause de cette crise sanitaire et de la propagation du coronavirus, le contrôle était quasi absent dans nos plages. De l'autre côté, le citoyen lui-même assume une grande part de la responsabilité de cette situation puisqu'avant d'utiliser ces moyens de loisirs, il faut se renseigner sur les risques, les dangers, les limites, la distanciation, les lois... Nous ne sommes pas en train d'amplifier l'histoire ou diaboliser le coupable, mais encore une fois, une nouvelle victime a été gravement percutée à la tête par le zodiac, sans même que son pilote ne s'en aperçoive. Tout le monde est encore sous le choc et souhaite exprimer toute sa peine à la famille endeuillée», souligne-t-elle.