Personne ne sait exactement ce qui s'est passé réellement à Sebrata, ni ce qui se produira à l'avenir en Libye Rien à faire : dès qu'un attentat ou une attaque se produit dans n'importe quel pays du monde, et particulièrement dans nos murs, c'est l'aubaine, c'est même la jubilation chez ces pseudo-experts en terrorisme qui s'empressent, comme par enchantement, de donner libre cours à leur imagination fertile. D'autant plus fertile que les analyses rivalisent de contradictions, de paradoxes et, par conséquent, d'un non-sens, tout ce qu'il y a de plus aberrant et de révoltant. Regardons ce qui se passe sur certains de nos plateaux TV férus de sensationnel et farouches accros du buzz. Que n'y a-t-on pas dit ? Tout, presque tout, sauf l'essentiel, à savoir la vérité. Qu'un observateur analyse un accident de la circulation, ou dissèque un fait divers, c'est peut-être acceptable. Mais en matière de terrorisme, c'est quasiment interdit. Pourquoi ? Tout simplement, parce que dans ce registre, tout s'opère, se trame et se fait secrètement, dès qu'il s'agit de contexte géostratégique. Le dernier raid américain à Sebrata en est une parfaite illustration. En effet, alors que même aux Etats-Unis, et de l'aveu de leurs médias, on sait très peu de choses sur les tenants et le déroulement de cette attaque et sur les circonstances de son lancement, on est, chez nous, en train de nous amuser à verser dans les révélations fantaisistes et les supputations incroyables, allant jusqu'à «affirmer» que les services secrets tunisiens étaient derrière cette opération, que leurs homologues libyens (existent-ils réellement ?) y ont pris part, que le gouvernement tunisien a été informé de l'imminence de ce raid, que l'Oncle Sam l'a fait en guise de «cadeau» pour la Tunisie et que sais-je encore ! Et le comble, certains ont même annoncé mordicus et fiers de leurs «trouvailles» que les Etats-Unis ont déjà recensé plus d'une centaine de cibles daechistes à bombarder en Libye, que l'intervention militaire terrestre aura lieu dans les jours à venir, que Daech est fini dans ce pays et que, au final, on peut crier victoire ! N'importe quoi.... Enigme Personne ne saura ce qui s'est passé réellement, l'autre jour à Sebrata, ni ce qui se produira à l'avenir en Libye. Là où tout est effectivement, du moins pour le moment, complexité, mystère, énigme et zones d'ombre qui échappent à tout recensement, qui déroutent les troupes les plus chevronnées. Sait-on, à titre d'exemple, que, pour lancer son dernier raid à Sebrata, Washington a dû mettre des mois d'un interminable travail de sape, d'espionnage et de collectes d'informations sur le mouvement des terroristes ? Sait-on que le FBI et la CIA avaient déjà (sans que les Libyens le sachent ?) élu domicile dans ce pays depuis belle lurette ? Depuis quand les Américains sollicitent le feu vert d'un pays pour ce genre de missions ? N'ont-ils pas, depuis longtemps, «planté» leurs redoutables drones dans l'espace aérien libyen ? Leurs GI's, mobilisés en espions, ne sillonnent-ils pas déjà le sol de ce pays, de fond en comble, ou presque ? Quel est le nombre exact de ces espions ? Que font-ils? Que feront-ils ? Quelle sera leur prochaine cible ? Préparent-ils une intervention terrestre ? Collaborent-ils vraiment avec leurs homologues libyens, tunisiens et occidentaux ? Non, nul ne le sait, car il est de coutume que les yankees sont, de tout temps, passés maîtres dans l'art d'entretenir le flou, au nom de la sacro-sainte sécurité nationale. Au point que des énigmes aussi célèbres que l'assassinat de Kennedy dans les années 60, l'invasion de l'Irak, la liquidation physique de Ben Laden, la bataille de Tora-Bora en Afghanistan et, dernièrement, la gestion de la guerre contre Daech, n'ont pu, à ce jour être élucidées! Et puis, autre détail non moins important, les Américains eux-mêmes n'ont pas encore réussi à établir un recensement définitif et crédible pour le nombre de daechistes sévissant en Libye, leurs caches, leur arsenal, leurs dépôts de stockage d'armes, ni où et comment ils s'approvisionnent et renflouent leurs caisses, au même moment où nul ne sait comment fonctionne la hiérarchie du pouvoir de l'EI, combien de caïds sont mobilisés en Libye, comment ils communiquent entre eux et qui donne les ordres, sur place où à partir de l'Irak ou de la Syrie, étant donné — autre casse-tête — que tout le monde ignore encore où se trouve Aboubakr Al Baghdadi ?