«Ce qui nous importe le plus, c'est la dignité plutôt que le côté matériel », « on est là pour défendre les droits de nos affiliés », «stop à la diabolisation et à l'instrumentalisation», « nos protestations ne dérogent pas à la constitution ». C'est en ces termes que le Syndicat national des forces de sécurité intérieure vient de réagir aux critiques dont il fait l'objet, suite à ce qui s'est passé jeudi dernier devant la primature, à La Kasbah. Son secrétaire général, Nabil Ayari, a donné, hier matin, une conférence de presse au cours de laquelle il a tenu à dire tout ce qu'il avait sur le cœur, sans pour autant rentrer dans les détails de la crise qui le met face aux autorités de tutelle, au ministère de l'Intérieur et à la présidence du gouvernement. D'emblée, il est revenu sur la genèse du syndicat et les motivations de son lancement juste après la révolution. L'homme s'en fait le chantre. « Cinq ans, déjà, de militantisme, notre voix doit se faire entendre et les revendications de nos adhérents ne cesseront pas jusqu'à satisfaction », assène-t-il, dénonçant les tentatives de harcèlement et de provocation visant la division et la dissolution du syndicat. A ce qui a été jugé comme « graves agissements portant atteinte au prestige de l'Etat et de ses symboles », en allusion aux mouvements protestataires observés jeudi dernier sur l'esplanade de La Kasbah, Ayari a, tout bonnement, répondu par la négative, niant tout agissement déloyal de ses camarades sécuritaires. Démenti Il a bel et bien démenti avoir fait irruption dans les locaux de la présidence du gouvernement et avoir scandé des slogans politiques contraires aux principes de l'action syndicale, ou proféré des propos immoraux. « Est-ce parce que nous avons défendu nos droits et intérêts que nous sommes appelés à comparaître devant la justice ? Notre mission n'est que la protection de la Tunisie », affirme-t-il. Son collègue Chokri Hamada, porte-parole dudit syndicat, enchaîne. Cette « campagne calomnieuse» dont le syndicat fait les frais n'est, estime-t-il, que le résultat de l'action syndicale. D'ailleurs, explique-t-il, la question n'est pas celle des revendications sociales et matérielles auxquelles le syndicat ne va jamais renoncer. Mais il y a un hic : «Certaines parties syndicales qu'on ne considère pas légitimes tentent de semer la zizanie et ne manquent guère de souffler sur la braise. Elles voudraient nous soumettre à leur gré», révèle-t-il. Et de répondre une fois pour toutes : « Notre syndicat est libre et indépendant . Son problème, et on nous l'a reproché dit-il, est de vouloir faire entendre sa voix et réclamer ses droits, dont, deux principales revendications, à savoir la prime de risque et celle de pénibilité. Autrement dit, des garanties au profit des agents et de leurs familles. Est-ce là un problème ?», s'étonne-t-il. Escalade ou issue ? Pour lui, la responsabilité incombe au gouvernement, qui n'a pas répondu à l'appel. Pis encore, se plaint-il, les accords du 31 août 2015, conclus avec le ministère de l'Intérieur, d'une part, et les autres syndicats des forces sécuritaires, de l'autre, ne répondent guère aux attentes. De même, certaines clauses, ajoute-t-il, dont celles portant sur les principes de négociations, sont loin de désamorcer la crise. Car, d'après lui, négocier sur une durée de quatre ans ne fait qu'enterrer l'action syndicale et l'étouffer à jamais. Pourtant, « l'intérêt de la Tunisie demeure au-dessus de toute autre considération », a-t-il ajouté. Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure a vivement dénoncé ses détracteurs, pointant du doigt « les mauvaises langues » qui avaient lancé des invectives à son encontre. Il vise nommément le leader nidaiste Noureddine Benticha qui, selon la même source, l'a qualifié de « daechiste », ainsi que d'autres parties ayant demandé la dissolution du syndicat. Le conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des affaires sociales n'est pas non plus épargné. Mais, la bataille syndicale semble tourner autour des projets relatifs à l'assurance, au parc auto et bien d'autres dossiers au sujet desquels C. Hamada n'a pas donné d'amples détails. Seule conclusion tirée, à cet effet : «Ce sont des marchés douteux. D'ailleurs, on nous a exclus pour les faire passer.». A propos de la plainte que la présidence du gouvernement avait déposée à son encontre, auprès du procureur de la République près le tribunal de première instance de Tunis 1, ledit syndicat s'est dit prêt à affronter les poursuites judiciaires, afin de défendre sa position et son image. L'on se demande, alors, si le bureau exécutif élargi, devant se réunir hier après-midi, aura à décider d'une prochaine escalade ou seulement se contenter de ménager une issue.