Partant du principe que la participation de la femme est essentielle à l'édification d'une société moderne, le gouvernement s'est attelé à faire de la femme tunisienne un partenaire contribuant au même titre que l'homme à la dynamique économique du pays. Afin qu'elle puisse mettre pleinement son potentiel et ses compétences au service de la société, le gouvernement a mis à la disposition de la femme une batterie de moyens, passant par le renforcement du système législatif, dans le but qu'elle jouisse, en tant qu'être humain, et ce, au même titre que l'homme, de tous ses droits et qu'elle puisse s'épanouir et jouer un rôle important dans le tissu social en constituant un chaînon essentiel de la transmission des valeurs aux générations futures. La stratégie mise en place pour la promotion des droits de la femme a fait des droits de la femme une partie intégrante des droits de l'homme, en se basant notamment sur des mesures permettant de préserver l'équilibre social entre les hommes et les femmes, de renforcer la place de la femme au sein du ménage et de mettre à contribution les compétences de la femme afin d'en faire un acteur effectif du développement intégral. Cette politique a permis à la femme de jouir pleinement de ses droits en ayant accès au marché de l'emploi, au confort et aux services urbains, au savoir et à l'information et à certaines formes de liberté, notamment celle de se déplacer, de gérer sa vie matrimoniale et de maîtriser sa fécondité. Mais un des acquis les plus importants qui a contribué à la mutation marquant profondément la société est sans conteste le Code du statut personnel qui a fait l'objet d'amendements consacrant irrévocablement le principe d'égalité juridique et instaurant un équilibre entre les conjoints au sein du ménage, concernant notamment la gestion du budget. Un code du statut personnel qui renforce la place de la femme au sein du ménage La configuration du couple a totalement changé se traduisant par le passage de la famille patriarcale élargie, dans laquelle le chef de la famille assume entièrement les charges familiales en subvenant financièrement aux besoins de la femme et des enfants et dans laquelle la femme se contente de jouer un rôle passif en assurant l'éducation des enfants, à la famille nucléaire dans laquelle la femme contribue activement à la gestion du budget du ménage, apportant son avis sur les diverses préoccupations du ménage, à l'instar de l'achat de biens immobiliers ou de l'entretien du foyer. De nombreuses femmes actives et en ménage participent aujourd'hui à la constitution d'un compte épargne commun, à la construction ou à l'achat d'un appartement et subviennent également aux besoins du ménage et des enfants (alimentation, payement à part égale du loyer en cas de location, achat de vêtements pour les enfants...). La dynamique du changement des comportements au sein du ménage est d'autant plus significative que l'évolution du comportement n'a pas seulement concerné les jeunes couples uniquement mais également les ménages anciennement constitués sur le mode traditionnel et qui se sont adaptés au changement. Agée de 40 ans, Manel Baraket travaille comme secrétaire de direction dans une grande entreprise publique. Mariée depuis quinze ans, Manel, dont le mari n'occupe pas de poste fixe, tient les rênes du ménage en en gérant le budget et subvient presque quotidiennement aux besoins de son foyer. «Ce choix a été dicté par la situation de mon mari, explique la jeune femme dynamique. Etant donné que mon mari n'a pas d'emploi fixe, c'est moi qui ai pris un crédit pour l'achat d'une maison. C'est également moi qui paye les factures et qui fais les courses tous les jours. Sans compter les frais relatifs à l'éducation des enfants. Mais dès qu'il est en mesure de le faire, mon mari m'aide à subvenir aux besoins du foyer». Il existe de jeunes couples, qui décident, par contre, d'un commun accord, quelle doit être la participation de chacun dans les dépenses du ménage. Certains optent pour le partage équitable des charges, contribuant à parts égales dans toutes les dépenses relatives au foyer (alimentation, épargne pour l'achat d'une maison, dépenses relatives à l'éducation des enfants…). Partage des dépenses D'autres se répartissent les dépenses, comme c'est le cas pour ce jeune couple de fonctionnaires qui ont choisi pour l'un de payer les factures et pour l'autre d'assurer les dépenses relatives à l'éducation des enfants. 36 ans, fonctionnaire d'Etat et mère de deux enfants, Sarra contribue, pour sa part, à l'alimentation d'un compte épargne avec son mari, dans le but de faire l'acquisition d'une maison. «Je contribue à raison de deux cents dinars par mois à la constitution d'une épargne. S'agissant des dépenses relatives à la maison et aux enfants, mon mari me donne chaque mois une partie de son salaire que je vais utiliser pour les courses, l'entretien de la maison et les dépenses relatives à l'éducation des enfants. C'est ainsi que nous nous sommes entendus pour gérer le budget du ménage». Fatma, la trentaine, fonctionnaire également, a pris avec son mari la décision de s'occuper de tout ce qui est en rapport avec l'alimentation du ménage et l'entretien du foyer, alors que ce dernier a décidé de prendre en charge toutes les dépenses relatives à l'éducation des enfants. «Je fais les courses quotidiennement. Lui paye le jardin d'enfants de notre fille. Mais il contribue également aux dépenses quotidiennes du ménage», relève Fatma. Selon Dorra Mahfoudh, sociologue, contrairement aux femmes du siècle dernier, la femme tunisienne d'aujourd'hui est impliquée, à des degrés différents, suivant, entre autres, le niveau socioprofessionnel et la situation du conjoint, dans la prise en charge des dépenses liées au foyer et à la gestion du ménage.