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Secousses telluriques récentes à Béja et a Sfax: «De nombreux séismes ne sont pas ressentis par les habitants»
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 11 - 2021

Les dernières secousses telluriques qui ont touché la Tunisie au Sud et au Nord-Ouest ont suscité l'émoi au sein de la population parfois apeurée par ce genre de phénomène aussi étrange que mystérieux. Lorsqu'il y a une panique générale des autochtones qui disent ressentir le tremblement de terre, il y a anguille sous roche...
Les explications d'un sismologue deviennent nécessaires pour comprendre le phénomène des tremblements de terre, des séismes, des secousses telluriques...qui menacent la vie de l'homme surtout lorsque les dégâts deviennent dangereux et colossaux. Les secousses sismiques se mesurent en degrés Richter dans une échelle qui va de 1, la plus légère et sans danger réel, à 9, la plus grave et extrême. Ainsi, lorsqu'on apprend que deux secousses telluriques majeures ont été ressenties durant le mois d'octobre à Béja et Sfax avec des valeurs médianes au niveau de l'échelle Richter de 3 à 4, on se demande dans quelle phase et à quel niveau de dangerosité se situe la Tunisie face à la tectonique des plaques qui menace perpétuellement la zone Méditerranée et l'Afrique du Nord et le risque de tremblement profond ou intense qui en découle ? Dans l'histoire, une ville a été engloutie dans les années 1960 au Maroc sous les effets dévastateurs d'un puissant séisme à Agadir. Ce tremblement de terre, qui a ravagé Agadir le 29 février 1960 et causé la mort de plus de 15.000 personnes, a été mesuré à une magnitude de 5,7 sur l'échelle de Richter et provoqué une secousse qui a duré 15 secondes. L'Algérie a connu ces dernières années de graves tremblements de terre qui ont ruiné la population, causé des centaines de morts et détruit les habitations. Mais la profondeur du séisme dans la terre est aussi un facteur à prendre en considération en plus de l'intensité de la secousse tellurique. Alors la Tunisie, qui est à peine épargnée, va-t-elle connaître une accalmie des secousses telluriques ou bien le pire est à craindre à l'orée des prochaines années ou des décennies qui suivent ? Pour rappel, une secousse sismique d'une magnitude de 4,05 sur l'échelle de Richter a frappé l'est de Nefza dans le gouvernorat de Béja dans la soirée du mardi 5 octobre 2021. La secousse qui s'est produite à 19h52 selon l'I.N.M. a été ressentie jusque dans la ville de Béja. Elle a, d'ailleurs, semé la panique parmi la population de la région.
Une seconde secousse tellurique d'une magnitude de 3,18 degrés sur l'échelle de Richter a été enregistrée une semaine plus tard, mercredi 13 octobre, vers midi au sud-est de la zone de Skhira (gouvernorat de Sfax). A ce sujet, nous avons posé trois questions à la sous-direction de la géophysique à l'I.N.M. pour rassurer l'opinion publique qui s'inquiète d'une amplification de ce phénomène sur notre territoire. Les dernières secousses telluriques sont-elles de nature à vous inquiéter?
Et si oui, y a–t-il à craindre de nouvelles secousses d'une telle amplitude voire encore plus élevées ? La tectonique des plaques qui concerne la zone Méditerranée a enregistré ses plus grands tremblements de terre en Algérie et au Maroc, pays frères et voisins. Qu'en est-il du « passé et de l'historique sismique» de la Tunisie et risque-t-elle de connaître de nouveaux tremblements de terre ou d'enregistrer des mesures plus élevées durant les années à venir ? Quels sont les moyens de prévention et de suivi dont dispose l'I.N.M. pour contrecarrer la gravité des secousses telluriques sur les habitations et sur la population en cas de péril imminent ?
Le séisme : un phénomène naturel
Le tremblement de terre est avant tout un phénomène naturel, mais c'est son intensité ou sa profondeur importantes qui peuvent susciter une inquiétude et porter la dénomination de catastrophe naturelle, d'où les précisions d'un géophysicien de l'I.N.M. qu'on rapporte intégralement : «Tout d'abord, il est très important de préciser que les tremblements de terre (ou séismes sans distinction ici dans ce texte) ne sont pas les derniers nés ou nouveaux phénomènes naturels qui étaient inexistants auparavant. Non, loin de là. Les séismes, tremblements de terre ou secousses telluriques, comme préfèrent l'entendre certaines personnes, naquirent avec la Terre. La Terre est une planète tellurique, comme d'ailleurs beaucoup d'autres planètes de notre système solaire ou lunaire. C'est donc un phénomène naturel et l'espèce humaine doit apprendre à vivre avec. Ces séismes ne sont pas effrayants comme d'habitude on l'entend et on le voit. De nombreux séismes passent inaperçus à l'insu des habitants.
C'est pourquoi les géophysiciens, en particulier les sismologues, ont mis en place des échelles de mesure et de quantification. Les échelles habituelles communément utilisées et qu'on retrouve dans la littérature sont de deux grands ensembles. Il y a une échelle des magnitudes qui semble être créée par Charles F. Richter et qui mesure l'énergie dégagée au foyer ou à l'hypocentre (en profondeur au point de rupture du séisme). C'est une échelle logarithmique ouverte mais les séismes sont mesurés habituellement entre 1 et 9 degrés sur cette échelle. Il y a aussi une échelle des intensités qui mesure ou quantifie en fait, en surface, le ressenti par les personnes et la quantité et la nature des dommages observés permettant de classer l'intensité selon une échelle dite échelle macrosismique. Cette échelle mesure donc les effets du séisme en surface dans la zone épicentrale ou l'épicentre. Cette échelle compte 12 degrés en allant de 1 degré à 12 en exprimant la sévérité dans un ordre croissant.
Il existe, par ailleurs, d'autres échelles de même nature mais qui comptent 10 degrés comme celle de Mercalli ou Mercalli modifiée ou bien l'échelle JMA (Japaneese Meteorological Agency) qui compte 7 degrés (ou encore celle de Shindo). L'homme a vécu des expériences importantes, graves avec d'importants dégâts et parfois même douloureuses et catastrophiques, avec en particulier les séismes d'un côté et également avec les volcans, d'un autre côté. Ces dégâts ne sont pas occasionnés par n'importe quel séisme.
Voilà donc comment il faut comprendre et voir les séismes et les analyser dans une approche épidermique sans trop s'enfoncer dans les détails scientifiques. Ainsi donc, on peut dire que les différentes secousses qui ont eu lieu dans la région de Béja sont des secousses légères ou faibles et ne peuvent inquiéter ni causer des dégâts remarquables ou importants sauf probablement de légères fissures qui peuvent être notées dans certains domiciles au niveau des murs. Ceci ne signifie pas qu'il n'y aura pas dans le futur d'autres secousses dans cette région ou dans d'autres endroits du pays.
La terre bouge toujours par le biais de la dynamique créée par la tectonique des plaques à l'échelle de la terre et donc de l'énergie sera toujours emmagasinée en profondeur et le moment arrivé, le temps où les matériaux en profondeur ne peuvent plus supporter ces contraintes exercées, lâchent et libèrent cette énergie dont une partie est exprimée en énergie mécanique sous forme d'onde qui est en fait le séisme et d'autres parties seront exprimées sous d'autres formes de flux thermiques ou chimiques ou autres».
La tectonique des plaques, c'est quoi exactement ?
Il importe ici d'apporter quelques explications et éclaircissements au lecteur afin de comprendre ce qu'est la tectonique des plaques et sa relation directe avec en particulier les séismes, d'une part, et tout l'environnement avoisinant, ainsi que la vie, d'autre part. Le géophysicien interrogé de poursuivre : «La tectonique des plaques est une théorie qui repose sur deux hypothèses : l'expansion océanique qui est bien exprimée au niveau des rides médio-océaniques (milieu de l'Océan Atlantique) là où on a du magma qui est en perpétuel épanchement sur le fond de l'Océan Atlantique du Sud à des profondeurs entre 2 et 6 km et la dérive des continents qui est née pour expliquer la ressemblance des formes des côtes entre les continents (Afrique et Amérique par exemple), la faune, la flore, les fossiles et bien d'autres évidences. Le moteur de la dérive des continents et leurs éternels mouvements est imposé par cette expansion océanique ci-haut évoquée. Ces zones d'expansions océaniques délimitent une plaque tectonique : c'est un type de limite des plaques désigné par limite en divergence. C'est le cas du milieu de la Mer Rouge et des zones des rifts en Afrique. Au niveau de ce type de limite, on a une nette concentration de séismes faibles, légers forts, c'est-à-dire de magnitude 6 à 7 sur l'échelle de Richter. Les zones telles que l'Indonésie, les Philippines, les archipels du Japon, par exemple, constituent un autre type de limites qui délimitent une plaque tectonique : Ce sont des limites en convergence. C'est au niveau de ces endroits que les matériaux reviennent aux entrailles de la terre. Ce sont les lieux favoris ponctués de séismes forts et destructeurs dont les magnitudes sont supérieures à 7 et peuvent atteindre 8 ou 9 (ou parfois plus que 9) sur l'échelle de Richter. Il existe de telles limites également en Méditerranée, en particulier au niveau des côtes de la Grèce et la Turquie. On les observe également le long des côtes de l'Algérie et au niveau de la mer tyrrhénienne entre la Sardaigne, la Sicile et l'Italie. Au niveau de ces dernières sutures, les magnitudes échelonnent jusqu'à un maximum 8 sur l'échelle de Richter. Ces différentes limites sont désignées par limites en subduction».
Failles de faible dimension en Tunisie
«D'autres types de limites en convergence sont également à distinguer comme celles des failles transformantes, comme c'est le cas de la faille de San Andreas avec au-delà de 1.400 km de longueur et celle de la Mer Morte de 1.200 km de longueur qui longe la Jordanie. Ces zones peuvent générer des séismes de magnitude 6 et même 7 sur l'échelle de Richter. Les zones des grandes collisions et/ou des grandes montagnes comme les Himalaya où on peut observer des séismes pouvant attendre le 7 sur l'échelle de Richter. En ce qui concerne le territoire tunisien, il semble qu'aucune figure de limites de plaque ne coïncide avec notre cas. La sismicité en Tunisie semble être gouvernée et contrôlée par les failles géologiques récentes, puisque les différentes études géologiques et géophysiques penchent pour un territoire situé plutôt à l'intérieur de la plaque tectonique. Rien n'indique une limite tectonique apparente qui pourrait générer des secousses sismiques dépassant le 5 sur l'échelle de Richter. Comparées aux grandes failles des zones transformantes évoquées plus haut, les failles du territoire tunisien sont de faible dimension, voire négligeables et ne peuvent, a fortiori, que produire des séismes de faible magnitude».
Prévention et réduction des risques sismiques
L'expert de l'I.N.M. développe la politique de prévention des risques sismiques de l'organisme national qui a longtemps épargné la Tunisie de cette catastrophe naturelle : «Il est important de souligner les travaux réalisés dans le cadre des projets entrepris par nos prédécesseurs. En effet en 1985, le gouvernement tunisien a élaboré un projet de réduction des risques sismiques et a bénéficié d'un don auprès du Fades (Koweït). Dans le cadre de ce projet, l'INM a mis en place un réseau de surveillance de l'activité sismologique sur le territoire national et a acquis un ensemble d'accélérographes pour instaurer un réseau de mesures des mouvements forts du sol. Il a, par ailleurs, élaboré, en collaboration avec divers autres établissements nationaux, des études pour la prévention aboutissant vers 1997 à la mise en place d'une réglementation pour la construction parasismique.
L'I.N.M. a procédé à l'acquisition de nouveaux accélérographes afin de consolider les instruments existants et rénover ceux qui sont devenus obsolètes. Durant l'année 2015-2016, l'I.N.M. a rénové une grande partie du réseau sismologique dans un objectif de mise à niveau des stations d'observations sismologiques, afin de passer vers un réseau complètement numérique. D'un autre côté, l'existence d'une grande faille au large de la Méditerranée longeant le plateau continental du côté Est des côtes tunisiennes constitue un danger imminent pour générer des tsunamis. Cet accident visible sur carte bathymétrique et par imageries satellitaires montre une activité sismique remarquable. Dans un but de prévention, l'INM a profondément contribué au projet Tsumaps dirigé par l'Institut national de géophysique et de vulcanologie de Rome. Toutes ces actions répondent à un objectif primordial, à savoir la prévention et la sauvegarde de biens socioéconomiques en commençant par l'identification des sources sismogéniques et en apportant les éléments nécessaires pour une préparation à un quelconque sinistre sismique ou tsunamique». L'I.N.M. semble «veiller au grain» et rassure la population locale sur certaines craintes « démesurées » d'un tremblement de terre de forte magnitude en Tunisie. Mais la Nature a ses lois que la science ignore. Donc, faut-il s'en remettre à la Providence pour espérer rester longtemps éloigné du spectre d'un séisme retentissant en Tunisie ?


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