Firas Kacem n'est plus de ce monde, ainsi que Rahma Lahmar qui nous a quittés l'an dernier et tant d'autres jeunes ravis à la fleur de l'âge. Que de familles endeuillées à jamais. Les causes diffèrent, mais l'Etat, embourbé depuis une décennie dans la crise politique, peine à juguler la criminalité violente. Encore une simple rixe qui a mal tourné et qui a envoyé ad patres le jeune Firas Kacem, originaire de Ksar Helal, relevant du gouvernorat de Monastir. Rien ne laisse présager une telle issue, mais des fois il suffit d'un rien pour que l'irréparable soit commis. Que de questionnements autour d'une criminalité qui ne fait qu'augmenter au fil des ans et choquer l'opinion publique. De l'absurde assassinat de Firas en passant par le crime crapuleux perpétré à l'encontre de Rahma dont le corps a été jeté dans un fossé à Ain Zaghouan dans la banlieue de Tunis en septembre de l'année dernière, sans compter d'autres crimes odieux, le dossier de la criminalité violente semble, pour le moment, ne pas constituer une priorité pour l'Etat. Poignardé, il décède dans sa voiture Selon un communiqué rendu public par le ministère de l'Intérieur, l'agresseur a eu un différend avec la victime devant un restaurant à Sousse. Les deux personnes en question ont fini au poste de police et tout le monde croyait que le problème était réglé vu que la victime avait abandonné les poursuites. Blessé dans son amour-propre, et n'ayant jamais appris à mettre son ego de côté pour éviter le pire dans pareilles occasions, l'agresseur a fait semblant de se plier à cette décision et de tourner la page. Sauf qu'après avoir quitté le poste de police, il s'est de nouveau attaqué à la victime lui assénant deux coups de couteau au niveau de la jambe avant de prendre la poudre d'escampette. Quelques heures après, Firas décède dans sa voiture des suites d'une grave hémorragie et son corps est transféré à l'hôpital Farhat-Hachad à Sousse. Une enquête judiciaire a été ordonnée par le Parquet sur cette affaire et un avis de recherche a été lancé pour arrêter l'auteur du crime, précise la même source. Une énième famille endeuillée et encore un jeune qui perd la vie pour un motif futile. L'assassinat a choqué l'opinion publique qui accuse l'Etat d'avoir tourné le dos au phénomène inquiétant de la criminalité violente, notamment dans le Grand Tunis qui caracole en tête en termes de crimes. Les statistiques inhérentes à ce phénomène sont toujours contradictoires et le ministère de l'Intérieur a toujours remis en question les chiffres présentés par les ONG et instituts de recherches à cet effet. Mais là où le bât blesse, c'est que d'autres associations, chapeautées en arrière-plan par des partis politiques au pouvoir, ont à leur tour tenté de minimiser l'ampleur de ce phénomène mettant en doute les statistiques alarmantes concernant l'insécurité dans le pays. Un échec politique La prolifération de la criminalité violente dans la Tunisie post-révolution inquiète et devrait pousser les autorités à agir énergiquement pour rassurer les citoyens et se pencher sérieusement sur la question de l'insécurité. Au moment où les unités sécuritaires redoublent d'efforts et accentuent les rondes de jour comme de nuit autour des points noirs, la criminalité ne fait qu'augmenter et n'observe que quelques courtes périodes de répit. L'Institut des études stratégiques (Ites) avait au temps de Neji Jalloul sonné l'alerte en soulignant que la moyenne annuelle des crimes enregistrés entre 2017 et 2019 est estimée à 200 mille. Les milieux carcéraux sont peuplés de jeunes âgés de 18 à 25 ans, d'après la même source. Rien que pour la journée du 29 octobre dernier, les unités de police relevant de la Sûreté et de la Garde nationale ont pu arrêter 950 individus qui font l'objet d'un mandat de recherche suite à leur implication dans différentes affaires. De telles campagnes sont de nature à rassurer le citoyen certes, mais les efforts sécuritaires ne sont pas susceptibles de juguler la montée du crime, notamment le crime violent. L'échec politique post-révolution a gravement impacté la situation générale du pays. L'augmentation du taux de chômage et de la pauvreté, la marginalisation des jeunes, la multiplication des affaires liées à la consommation de la drogue et bien d'autres facteurs socioéconomiques ont contribué à la prolifération du crime. À la fin, le constat est très alarmant avec la dégradation des valeurs sociétales sur fond d'instabilité politique et le spectre du crime organisé qui commence à prendre place dans le pays. L'odieux assassinat qui a visé la jeune Rahma au moment de son retour du travail et bien d'autres viols suivis de crimes exécrables ces dernières années n'ont pas laissé de marbre une large frange de la société qui a appelé à la restauration de la peine de mort en dépit de la signature d'un moratoire sur son exécution par l'Etat tunisien au temps de la Troika en 2012. Firas Kacem n'est plus de ce monde, ainsi que Rahma Lahmar qui nous a quittés l'an dernier et tant d'autres jeunes ravis à la fleur de l'âge. Que de familles endeuillées à jamais. Les causes diffèrent, mais l'Etat, embourbé depuis une décennie dans la crise politique, peine à juguler la criminalité violente. Il est temps de prendre le taureau par les cornes et de durcir la loi. Ce n'est pas seulement à la police qu'incombe le rôle de la lutte contre les crimes violents.