Agriculture biologique : porter la superficie des cultures de 285 à 500 hectares d'ici 2014 Appel à la création d'un observatoire maghrébin de veille sanitaire et de prévention L'utilisation non sécurisée des produits chimiques coûte cher aux pays du Maghreb Arabe, tel est le constat des participants à un séminaire, organisé, hier, à Tunis, sur le thème «Système de contrôle de la santé végétale et gestion des risques de l'utilisation des pesticides et herbicides dans les pays de l'Union du Maghreb Arabe» (UMA). Les intervenants à cette manifestation, qui se poursuivra jusqu'à demain, ont souligné que l'émergence et la propagation, au cours des dernières années, de plusieurs maladies attaquant les diverses cultures, que ce soit à cause de l'utilisation excessive des pesticides et produits chimiques ou en raison des changements climatiques, exige des pays de l'UMA la mise en place d'une stratégie cohérente en vue de rationaliser et sécuriser l'utilisation de ces produits. Cette stratégie devrait reposer sur l'amélioration des méthodes de traitement et de lutte contre les maladies fongiques et parasitaires dans le cadre des activités agricoles intégrées et aussi l'encouragement de l'agriculture biologique. Les Maghrébins, réunis à Tunis, relèvent que l'objectif principal de cette stratégie est de créer une politique maghrébine commune pour la gestion et l'utilisation sécurisée des produits chimiques, et ce, dans le cadre des conventions internationales et régionales adoptées par les cinq pays de l'UMA. M. Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche, a formulé l'espoir de voir ce séminaire déboucher sur un consensus maghrébin pour la mise en place d'un projet régional cohérent sur la protection des végétaux et la rationalisation de l'utilisation des pesticides. Les pays de la région sont appelés, pour ce faire, à renforcer leur coopération et à exploiter au mieux les opportunités de complémentarité intramaghrébine pour relever les défis auxquels le secteur agricole fait face (changement climatique, concurrence étrangère, maladies, épizooties...). Encourager la culture biologique Le ministre a souligné, à cette occasion, la volonté de la Tunisie de développer ses capacités nationales de contrôle phytosanitaire des végétaux et produits agricoles importés et exportés, ajoutant que le pays accorde une attention particulière au suivi des plantations et cultures, notamment celles qui jouent un rôle économique stratégique telles que les palmeraies, les cultures agrumicoles et les oliveraies. M. Mansour a rappelé, à ce sujet, les actions menées pour promouvoir le contrôle de la santé végétale sur les plans intérieur et extérieur. Ces actions sont orientées, essentiellement, vers la protection des cultures contre les risques de propagation des maladies fongiques et parasitaires telles que le «Bayoudh» et le charançon rouge (des maladies qui attaquent les palmiers), les pucerons cendrés et les pucerons des galles rouges qui attaquent les pommiers et la tristeza, une maladie grave qui affecte les agrumes et entraîne le dépérissement rapide et fatal de la plante. Au-delà de la stratégie nationale de l'utilisation rationnelle et sécurisée des produits chimiques, la Tunisie, soucieuse de garantir la sécurité des produits alimentaires et de préserver l'écosystème, se déploie également, pour encourager l'agriculture biologique et compte développer encore ce secteur dans le cadre du programme présidentiel pour la période 2009-2014, a-t-il poursuivi. Le principal objectif visé dans ce cadre consiste à porter la superficie des cultures biologiques de 285.000 hectares actuellement à 500 000 hectares en 2014, a-t-il précisé. Sensibilisation, vulgarisation et formation M. Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'Union du Maghreb Arabe, a passé en revue les efforts déployés par l'Union en vue de protéger l'activité agricole dans la région, notamment l'adoption d'une convention maghrébine sur la mise en quarantaine agricole. Cette convention offre un cadre juridique pour la protection des récoltes agricoles et ressources forestières contre les maladies et les fléaux. A signaler qu'un groupe de travail a été créé, à partir de 1993, pour assurer le suivi de la mise en œuvre de cette convention et élaborer une stratégie maghrébine commune dans le domaine de la protection des plantes. M. Mohamed Mehdi Mlika, président de l'Association du réseau méditerranéen de développement durable, a appelé les pays maghrébins à prendre les mesures nécessaires à la lutte contre les insecticides, notamment les matières organiques stables dont l'impact sur l'environnement dure des centaines d'années. Il a souligné la nécessité d'intensifier la sensibilisation, la vulgarisation et la formation au niveau de la production, du stockage, du transport et de la gestion sécurisée des pesticides. Il a mis l'accent sur l'importance de renforcer les capacités maghrébines dans ce domaine. Il a proposé la création d'une banque de données sur l'utilisation sécurisée des produits chimiques, d'intensifier l'échange de données entre les associations maghrébines et de renforcer leurs actions en matière de sensibilisation, de formation et d'élaboration de programmes sur le terrain. Partenariat intermaghrébin De son côté, M. Mabrouk Bahri, président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), a appelé à la création d'un observatoire maghrébin de veille sanitaire et de prévention ainsi qu'à l'échange de données en matière de maladies végétales. Il a souligné la nécessité d'élargir la coopération et à renforcer le partenariat entre les instituts de recherche agricole dans les pays maghrébins afin de tirer profit des résultats de la recherche sur l'utilisation rationnelle des pesticides et sur les nouvelles techniques de production. Il a appelé à la mise en place de programmes de recherche appliquée pilotes en matière de formation et d'encadrement des agriculteurs. M. Omar Ayet Amor Meziène, coordinateur du bureau sous-régional pour l'Afrique du Nord de la FAO à Tunis, a noté l'importance de l'adoption d'une stratégie régionale devant aider les pays maghrébins à mettre en œuvre les conventions et programmes des organisations internationales en vue de prévenir les risques générés par l'utilisation des insecticides, et ce, en tenant compte des spécificités de chaque région. Le séminaire est organisé par le secrétariat général de l'UMA en collaboration avec l'Union maghrébine des agriculteurs dans le cadre de la célébration du 21e anniversaire de l'Union.