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Nejib Beskri, ancien basketteur du CSC et du CA: «L'amitié d'abord !»
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 12 - 2021

«La meilleure carrière que vous pouvez faire, c'est dans le sport que vous avez une chance de la vivre pleinement. Comme dans un conte de fées».
C'est Néjib Beskri, un des bâtisseurs de la légende du Club Sportif des Cheminots
(1968-1979) et du Club Africain (1980-1990), qui l'atteste dans cet entretien.
Deux championnats de Tunisie 1973 et 1974, et deux Coupes 1975 et 1978 avec le CSC; une Coupe de Tunisie 1982 avec le CA et un Championnat arabe 1981 à Tunis avec l'équipe nationale : pas mal comme palmarès pour un des basketteurs les plus doués de sa génération.
Nejib Beskri, tout d'abord, comment êtes-vous venu au basket-ball ?
C'est un grand ami du quartier, aujourd'hui médecin, Ridha Chebbi, qui m'a orienté vers la balle orange. J'ai signé en 1968 ma première licence pour le Club Sportif des Cheminots, catégorie minimes. Mon premier entraîneur, Moncef Cherif, était venu rencontrer mes parents afin de les convaincre de me laisser pratiquer ce sport. D'ailleurs, par la suite, ce sera pareil avec mes autres entraîneurs qui venaient chez nous pour vanter auprès de mes parents les bienfaits du sport.
Vos parents ont-ils fini par se laisser convaincre ?
Au début, mon père Mahmoud, employé à la Société nationale des Transports, et ma mère Ghezala étaient réticents. Mais ils ont fini par plier. Tout jeune, j'étais plutôt du genre sage; je ne jouais pas beaucoup au quartier, je n'aimais pas la violence. On m'a convoqué très jeune en sélection, j'étais encore cadet. Une fois rentré d'un premier voyage au Maroc avec le Cinq national, mon chemin était désormais tracé : entraînements, stages, matches, voyages… Nous étions trois garçons et deux filles dans la famille. Mes deux autres frères Radhouène et Béchir ont également joué le basket au Club Africain. A un certain moment, nous étions les trois frères dans la même équipe.
Pourquoi avoir intégré le CA après un aussi joli parcours au CSC ?
Nous avons vu le jour à Bab Jedid. Mes frères et moi, nous ne pouvions appartenir qu'à une seule équipe, le Club Africain, mon équipe du cœur même si j'ai commencé à pratiquer le basket au Club Sportif des Cheminots. Pourtant, en 1984-85, j'ai failli signer à l'Espérance Sportive de Tunis. Le président de l'époque, Abdelhamid Achour, m'a demandé d'aller en France passer l'année d'inactivité indispensable (selon les règlements de l'époque) avant de rentrer au pays rejoindre son club. Mais mon amour pour le CA m'a fait changer d'avis.
Pourquoi avez-vous choisi le basket, et pas le foot par exemple ?
Ma morphologie suffit comme réponse, je crois. J'ai 1,96m. En ce temps-là, des gamins de cette taille-là ne couraient pas les rues…
Comment avez-vous vécu votre premier match seniors ?
Lamjed El Ouni occupait mon poste, celui de pivot. Une fois, lors d'un choc CSC-ES Radès, j'ai pris la place d'El Ouni qui était malade. En face, j'avais affaire à Mohamed Senoussi qui était en même temps joueur à Radès et entraînait l'équipe nationale. C'était mon premier match seniors. Depuis, j'ai alterné les titularisations avec El Ouni avant de devenir titulaire à part entière.
Le CSC a longtemps tenu le haut du pavé du basket national grâce à une équipe séduisante. De qui se composait cette formation mythique?
Au début, il y avait l'Américain Bill Sweek que j'ai vu jouer. Borhane Erraies m'a entraîné un court moment. Ces deux-là ont marqué l'histoire du club. Notre équipe se composait des frères Ksontini, Belarbi, Rahmane, El Ouni, Guermassi, Bessaâd, Ben Ali… Elle a a construit pierre par pierre la gloire des Cheminots et rivalisait avec les ténors de l'époque, Radès et Nabeul. Je n'aurais pas quitté ce club s'il m'avait assuré une situation sociale intéressante. On vous intégrait à la Sncft sans autre horizon. J'ai arrêté mes études pour me consacrer à mes activités sportives. Je touchais 100 dinars par mois en travaillant à la Compagnie. En faisant mes adieux à mon président au club et à la Sncft, Ahmed Bellil, j'avais les larmes aux yeux. C'est dire à quel point j'étais attaché au CSC, une seconde famille pour moi.
Quels furent vos entraîneurs ?
Moncef Cherif qui m'a fait aimer la balle au panier, Rachid Ksontini, Ali Karabi, Ridha Laâbidi, Faouzi Madhi, Mehrez Gomri, Mohamed Zaouali, Mohamed Senoussi, Abdelaziz Ktatni, Mohamed Toumi…
Les plus grands dirigeants que vous avez connus ?
Au CSC, Abdelmajid Bazarbacha et la cheville ouvrière Mohamed Masmoudi. Au CA, Chedly Younsi et Noureddine Chaâbène.
Quelles furent vos meilleures rencontres ?
La finale victorieuse avec le Club Africain contre l'Etoile du Sahel. Pourtant, j'étais malade. Il y eut aussi ma sortie en équipe nationale devant la Mauritanie aux éliminatoires du championnat d'Afrique des nations. J'étais alors en Belgique, sans club. De l'avis de notre maître à jouer Taoufik Bouhima, j'ai été décisif dans ce succès à l'arraché, avec un petit point de différence.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Les titres remportés, surtout la médaille d'or aux championnats arabes en 1981 à Tunis.
Un mauvais souvenir ?
En arrivant au CA après avoir passé une année sabbatique en Belgique pour respecter les règlements, mon premier match a été contre… le CSC, mon ancien club. Je n'étais pas serein. Sans prendre conscience, j'ai commis un geste regrettable. J'étais malade et je prenais des médicaments qui agissaient sur moi de façon négative. Je m'excuse vivement auprès de mon ancien club que j'ai toujours chéri. Il a été à la base de mon succès. J'y ai passé des moments non moins exaltants que ceux vécus dans mon club du cœur, le CA. Le CSC, c'est l'étincelle. Il m'a fait connaître l'ambiance du sport, et m'a rendu une figure familière auprès du grand public. Quant au CA, c'est l'apogée, l'âge de la maturité. Hamadi Bousbii a été mon parrain. Il m'a pris en charge et m'a intégré dans son entreprise.
Pourquoi n'avez-vous pas suivi une carrière d'entraîneur ?
J'aurais bien aimé faire une telle carrière. D'ailleurs, j'ai le 2e degré d'entraîneur. Malheureusement, j'ai découvert que ce métier-là n'était pas fait pour moi. Je ne sais pas insister, mendier, faire ma propre promotion… J'ai pourtant entraîné un peu au CA, à Mégrine, à la Zitouna mais sans aller très loin. J'aurais sans doute pu faire un bon entraîneur. Joueur, je servais aux entraîneurs de relais et de courroie de transmission. Je savais respecter et faire respecter les consignes.
Quelles sont les qualités requises au poste que vous occupiez, celui de pivot ?
Une grande condition physique, la détente, l'altruisme et l'adresse sous le panier et loin du panier. J'aimais sortir entre deux ou trois joueurs adverses afin de servir un coéquipier. Il était aussi important pour moi que les autres marquent au même titre que je me soucie de mon efficacité. J'aime aussi le jeu spectaculaire.
Si vous prenez du recul et regardez dans le rétroviseur de votre carrière de basketteur, suivrez-vous exactement la même trajectoire ?
J'aurais sans doute corrigé certains détails. Je me serais par exemple engagé dans un club européen pour aller le plus loin possible. Lors de mon année sabbatique en Belgique, à travers quelques tests et tournois, j'ai pu mesurer que j'avais une chance réelle de m'imposer à ce niveau-là. Malheureusement, il me manquait l'agent capable de s'occuper de ma carrière pour me laisser me concentrer uniquement sur les choses du terrain. Vous savez, en notre temps, il n' y avait pas d'agents de joueurs.
Quel bilan feriez-vous justement de ce que vous a donné le sport ?
J'ai gagné l'amour des gens qui ne vous oublient pas et ils vous le rappellent de différentes manières. Le sport est porteur de valeurs au premier chef desquelles figure l'amitié. Tiens, un ami en équipe nationale : le Nabeulien Taoufik Ben Abdallah, quelqu'un d'exquis et de très éduqué. Un modèle pour moi. Au fond, je n'étais pas un joueur à problèmes. Question argent, je ne prenais jamais de primes. Y compris lors de mon transfert du CSC au CA, je n'ai rien reçu. Je pratiquais le sport pour le sport. On se contentait du ticket de cinéma qu'on nous offrait. Cela suffisait à notre bonheur. Je n'avais aucune idée de la prime qu'ont gagnée mes copains après la victoire en finale de coupe de Tunisie. Cela peut paraître drôle, mais c'est comme cela. Et je ne le regrette pas aujourd'hui. Je vis toujours dans la nostalgie de cette ambiance particulière que sait créer le sport. La meilleure carrière que vous pouvez faire, c'est dans le sport que vous avez une chance de la vivre pleinement, comme dans un conte de fée.
Avez-vous communiqué cette passion à vos enfants ?
Non, pas vraiment pour la simple raison qu'en leur parlant de ma carrière, ils se montraient très déçus par la manière dont j'ai quitté mon club.
Combien d'enfants comptez-vous au juste ?
Trois enfants: Omar, Roudayna et Mohamed Amine. J'ai épousé Chourouk en 1992. Je suis très attaché à ma famille à laquelle je consacre tout mon temps. C'est mon meilleur soutien.
A votre avis, quel est le meilleur basketteur tunisien de tous les temps ?
Incontestablement, le Radésien Taoufik Bouhima, capable de gagner un match à lui seul. De plus, il travaille énormément pour les autres. Une fois, dans un classique CSC-ESR, le public a pu assister à un duel épique Bill Sweek-Bouhima, comme si tout le match se résumait à ce duel des titans. Bouhima était aussi un modèle de fair-play.
Est-il vrai que le basket est un sport d'intellectuels ?
Disons qu'avoir un certain niveau intellectuel aide beaucoup dans ce sport. Vous devez trouver en une fraction de seconde la solution sur le terrain.
Quels sont vos hobbies ?
Je fais du sport dans une salle. Je regarde les rencontres du CA et du Real à la télé. Mon enfant cadet aime le Barça, et cela crée des frictions dans la famille (rire). Je rencontre souvent mon ami et ancien coéquipier Fethi Hajri. Nous sommes restés de grands amis.
Enfin, êtes-vous resté proche de votre club, le CA ?
Je suis resté longtemps à l'écart, traumatisé par la manière dont j'ai été prié de mettre un terme à ma carrière. J'ai vécu au CA présidé par les Azouz Lasram, Ridha Azzabi, Hamadi Bousbii, Ferid Mokhtar… Arriva par la suite un autre genre de responsables qui voulaient écarter les anciennes vedettes du club. Le niveau était tombé bien bas. On m'a traité de façon irrespectueuse alors que je n'ai rien fait qui mérite cela. En guise d'hommage pour ma carrière, le club m'a remis un diplôme du mérite sportif par l'intermédiaire du… gardien du Parc, Si Abdelhamid. Mais maintenant, je reviens avec plaisir dans le giron de mon club. J'appartiens aujourd'hui à l'Association des anciens du CA, présidée par l'ancien footballeur Mrad Hamza. Nous faisons beaucoup de choses en faveur des ex-joueurs du club, ceux qui ont énormément sacrifié pour hisser haut nos couleurs.


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