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Abondance d'or noir et pénurie de matière grise
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 03 - 2016


Par Hmida BEN ROMDHANE
La première instrumentalisation politique du pétrole remonte à 1973. En Octobre de cette année, les pays arabes producteurs, guidés par le premier d'entre eux, l'Arabie Saoudite, ont décrété un embargo pour protester contre le soutien américain, en particulier, et occidental, en général, à Israël lors de la guerre de Kippour.
En fait, cette première instrumentalisation s'est révélée, en dernière analyse, bénéfique à la fois pour ceux qui l'ont utilisée et pour ceux contre qui elle a été utilisée. Pour les producteurs, elle a permis le quadruplement du jour au lendemain du prix du baril, pour les pays industrialisés, gros consommateurs, après le choc et les dérèglements des premiers mois, l'industrie occidentale a largement bénéficié de l'importante augmentation des réserves en devises des pays exportateurs, devenus de grands importateurs de biens et services produits en Occident.
L'effet le plus catastrophique de cette première instrumentalisation politique du pétrole est qu'elle a donné des idées au royaume wahhabite quant à la manière de régler ses comptes avec ses ennemis et d'étendre son influence dans le monde arabo-musulman.
Les deux pays que l'Arabie Saoudite a toujours considérés comme ses pires ennemis sont l'Iran et la Russie, indépendamment du régime en place. C'est ainsi que les Saoudiens, par leur instrumentalisation de l'arme du pétrole à travers la manipulation du prix du baril, ont à la fois contribué au succès de la révolution iranienne en 1979 et à l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.
En 1977, afin de limiter les ambitions iraniennes du Chah, l'Arabie Saoudite inonda le marché en ouvrant à fond ses vannes, ce qui se traduisit par une forte chute des prix, accentuant ainsi la crise économique en Iran, intensifiant les tensions sociales et précipitant l'arrivée de Khomeiny au pouvoir. L'inondation du marché à travers la surproduction saoudienne n'était pas certes l'unique cause de la révolution iranienne, mais c'était certainement l'un des facteurs qui l'avaient précipitée.
Une décennie plus tard, plus précisément en 1986, l'Arabie Saoudite récidivait. Elle décida à nouveau d'inonder le marché, et il y en a qui soutiennent que cela fut fait avec la bénédiction du président américain de l'époque, Ronald Reagan. La stratégie d'alors consistait à porter un coup à l'Union soviétique qui était engluée dans la guerre d'Afghanistan et dont l'économie reposait essentiellement sur l'exportation du pétrole et du gaz.
Selon l'économiste russe Igor Gaidar, pour comprendre l'effondrement de l'Union soviétique, il faut remonter au 13 septembre 1985, le jour où le ministre saoudien du Pétrole d'alors, Ahmed Zaki Yamani, affirma que son pays allait «changer radicalement sa politique pétrolière». Ce changement radical s'est traduit tout simplement par une plus grande inondation du marché. Les prix atteignaient des niveaux qui ne permettaient plus aux dirigeants de l'Union soviétique de répondre aux besoins de la guerre et de la population. Ce fut la défaite en Afghanistan d'où les troupes soviétiques s'étaient retirées dans la précipitation en 1989, et l'effondrement du régime deux ans plus tard.
Venons-en à la situation actuelle. En juin 2011, le prince Turki Al Faisal, ancien patron des services saoudiens de renseignement, affirma publiquement à Londres que l'Arabie Saoudite se préparait à inonder le marché du pétrole dans le but d'«entraver la marche de l'Iran vers l'appropriation de la bombe nucléaire». Trois ans après, chose promise, chose due : l'extraction du pétrole saoudien tournait à plein régime, mais cette fois la manipulation du prix du baril avait trois cibles principales : l'Iran, bien sûr, la Russie bien évidemment, mais aussi l'industrie américaine du pétrole de schiste qui inquiète tant les Saoudiens.
En 2014, cela faisait trois ans que le régime syrien résiste malgré les milliards de dollars dépensés par le royaume wahhabite en soutien à une opposition armée hétéroclite. Pour les Saoudiens, sans le soutien de Téhéran et de Moscou, Bachar Al-Assad aurait subi, il y a bien longtemps, le sort de Mouammar Kadhafi. L'inondation du marché en 2014 est, dans l'esprit des dirigeants saoudiens, une punition de ces deux ennemis traditionnels que le royaume wahhabite ne cesse d'utiliser contre eux, depuis 40 ans, l'arme du pétrole à travers la manipulation du prix du baril.
Dans l'esprit des dirigeants saoudiens, l'inondation du marché décidée en 2014 servirait aussi, par ricochet, à rendre la production du pétrole de schiste intenable pour les industriels américains, ce qui provoquerait leur faillite et tarirait ainsi les sources de financement de la recherche dans ce secteur qui fait peser une menace mortelle sur le premier producteur mondial de pétrole.
Seulement, cette fois, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En décidant leur dernière manipulation des prix du pétrole, les dirigeants saoudiens étaient à mille lieux de penser que le baril atteindrait des niveaux aussi bas. D'après les experts pétroliers, les Saoudiens, avant de prendre leur décision n'avaient jamais imaginé que le prix du baril descendrait en dessous de 60 dollars...
Si actuellement le prix est remonté un peu, atteignant les 40 dollars, pendant des mois il a oscillé entre 20 et 30 dollars. Avec de tels niveaux de prix, l'Arabie Saoudite s'est trouvée plus endommagée que les pays visés, l'Iran et la Russie. Ses coffres se vident à vue d'œil, ses citoyens commencent à expérimenter l'austérité et le Fonds monétaire International la met en garde contre la faillite en 2020, si le niveau des dépenses et des subventions n'est pas drastiquement réduit.
A quoi a-t-elle servi, cette fois, la décision saoudienne d'inonder le marché? A accroître la misère de dizaines de millions d'êtres humains au Venezuela, au Nigeria, en Azerbaïdjan et dans bien d'autres pays producteurs, à entamer gravement ses propres finances et mettre en danger la sécurité intérieure du royaume, sans réduire, ne serait-ce que d'un iota, la détermination russo-iranienne de soutenir leur allié syrien.
Les Saoudiens ont énormément d'or noir, mais souffrent visiblement d'une pénurie de matière grise qui leur permettrait de profiter durablement et sereinement de cette manne du Ciel plutôt que de l'utiliser pour mettre la pagaille dans le monde.


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