Face à l'impossibilité de télécharger le passe vaccinal depuis l'espace citoyen d'Evax, les autorités vont être plutôt tolérantes les premiers jours de l'application de ladite loi. Une procédure provisoire qui ne pourrait certainement pas durer dans le temps. Reportage. Deux mois déjà, le passe vaccinal, exigé en vertu d'un décret-loi présidentiel daté du 22 octobre dernier, vient d'entrer en vigueur. Deux jours avant, toute tentative d'accès à la fameuse plateforme Evax pour télécharger le document en question était vouée à l'échec. A quelques exceptions près, à vrai dire! Cela s'est expliqué, entre-temps, par le fait de constater un bug qui avait coupé la route au flux massif d'internautes voulant s'y inscrire, afin de pouvoir obtenir leur pass sanitaire, devenu désormais obligatoire. Et pour cause ! Dimanche dernier, les centres de vaccination, qui étaient récemment quasiment désertés, ne s'attendaient pas à afficher complet. Trop de monde vu de loin. En file indienne, un grand nombre de citoyens ont fait la queue, dans un bruit tumultueux. Alors que les vaccinés, ces derniers jours, ne peuvent, en aucun cas, obtenir leur pass sanitaire immédiatement, comme l'avait indiqué, mardi, à la TAP Ines Ayedi, conseillère auprès du ministre de la Santé. Malgré les voix discordantes protestant contre une telle mesure liberticide, ce décret-loi a pris effet à partir d'hier, mercredi. Vu le caractère restrictif qu'il revêt, il faudrait, sans broncher, s'aligner sur son application. On ne peut accéder aux espaces publics, sans exception, sans être muni d'un passeport sanitaire comme pièce justificative d'un schéma vaccinal dûment accompli. Une manière d'incitater les retardataires à se faire vacciner. Les non-inscrits carrément ou ceux n'ayant reçu qu'une seule dose de l'un des vaccins que l'on administre deux fois. Majeurs et non vaccinés s'abstenir. Ainsi stipule la loi. Mais pas forcément ! Dans la pratique, il y a eu une certaine nuance d'interprétation du texte aussi souple qu'on le pense. D'autres se sont montrés beaucoup plus fermes à cet égard. A la Cité El Ghazala, à l'Ariana, de grandes surfaces exigent, à l'entrée, la présentation du passe vaccinal. A l'accueil, les agents demandent aux clients à ce qu'ils en soient munis, soit en format papier ou numérique enregistré sur le téléphone portable. Pourtant le visage masqué, ceux qui ne l'ont pas se sont vu interdire d'y accéder. Pas si loin, l'agence Télécom de la place a commencé, elle aussi, à se mettre en conformité aux nouvelles normes. Pas d'accès sans passe vaccinal-Clouée au mur, une quinquagénaire attendait, sans succès, une autorisation d'entrée. D'ailleurs, cet établissement public avait, tout récemment, envoyé à ses clients des SMS d'avertissement relatifs à l'obligation de présenter un passe vaccinal pour pouvoir y accéder. Et les banques ont fait de même. Il faut dire que la quasi-totalité des services de l'Etat devraient appliquer la loi. Qu'en est-il du secteur privé ? Toujours, il y a des pour et des contre. Du côté des cafés et restaurants, rien n'a changé. Leurs habitués n'ont aucun souci. Avec ou sans passe, l'accès y est visiblement permis. Telle était la situation qu'on a constatée de visu. Leur patron syndical, Islam Ben Chaâbane, président de la Chambre nationale des restaurateurs relevant de l'Utica, avait annoncé que les restaurateurs et propriétaires de cafés ne comptaient pas obliger leur clientèle à présenter un passe vaccinal pour accéder aux lieux. Pour lui, ce décret-loi serait impossible à appliquer, notamment durant les pics de service, et ce de par le manque de main-d'œuvre ressenti le plus souvent. A cela s'ajoute le coût financier qu'ils ont lourdement subi, à la suite d'un confinement sanitaire prolongé décrété au premier semestre de l'an dernier. «Nos affilés avaient beaucoup souffert des restrictions qui leur ont été imposées depuis le début de la pandémie», défend-il. Que faire face à ces opposants ? De facto, la réticence à se faire vacciner était, en quelque sorte, à l'origine de ce niet catégorique. C'est que cette relation de cause à effet a dû susciter, aujourd'hui, une position pareille. A la veille de l'entrée en vigueur dudit décret présidentiel, l'obsession des uns et des autres aurait pu donner le ton. Y aura-t-il report de l'application de la loi ? Il n'en est pas question, croit savoir le directeur juridique du ministère de la Santé. D'après lui, cela ne serait pas possible, puisque tout report ne doit être opéré que via un autre décret présidentiel. Toutefois, face à l'impossibilité d'avoir pu télécharger le pass vaccinal depuis l'espace citoyen d'Evax, promet-il, les autorités vont être plutôt tolérantes les premiers jours de l'application de ladite loi. Une procédure provisoire qui ne pourrait certainement pas durer dans le temps. Le passe sanitaire tunisien finalement reconnu Rappelons que le bug survenu sur le réseau avait empêché beaucoup de télécharger leur passe vaccinal. Aller à la source pour s'expliquer était, pour certains, l'ultime recours. Ainsi, le Centre informatique du ministère de la Santé, situé à l'avenue Mohamed-V à Tunis, semble la partie la plus habilitée à éclairer la lanterne d'un public qui s'est senti induit en erreur. Des milliers d'entrées par seconde, simultanément, repérées sur le site, ont été hélas sans suite. Personne n'avait eu la réponse dont il avait besoin. Sauf des messages flous indiquant "Code introuvable", «Serveur introuvable» ou «Site en cours de maintenance». Une maladresse qui versa dans la confusion. Sous l'effet du questionnement à n'en plus finir, il a été utile de recourir aux médias pour mettre le point. Toujours une question de communication ! Lotfi Allani, directeur dudit centre, a déploré une panne technique survenue sur Evax, plateforme déjà trop saturée, suite au nombre important de demandes. Atteindre son but, loin s'en faut ! Ici ou ailleurs, un tel passe vaccinal demeure un document exigé pour tout accès à n'importe quel espace public. Surtout que les certificats de vaccination tunisiens sont, désormais, reconnus par l'Union européenne, facilitant, de ce fait, les déplacements dans l'espace Schengen. D'autant plus que la Délégation vient de préciser, mardi dernier, que la reconnaissance du passeport sanitaire tunisien a été, enfin, adoptée. Il peut être utilisé dans les pays européens après son intégration au système numérique Covid de l'UE. Déjà, cette décision intervient dans le cadre de la reconnaissance mutuelle des passeports sanitaires des deux parties.