Un an après, la Tunisie rend hommage aux victimes de l'attentat du 18 mars 2015 avec de la musique et du chant lyrique. De la musique symphonique au chant lyrique en passant par la poésie au programme de la cérémonie de la première commémoration de l'attentat du Bardo qui a fait 24 victimes. Plusieurs personnalités politiques et du monde de la culture dont Habib Essid, chef du gouvernement, Mohamed Naceur, président de la chambre des députés, Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères français, ainsi que les membres du gouvernement et des ambassadeurs de plusieurs pays, en Tunisie, sans oublier le gratin du monde, la culture, ont assisté à cet événement culturel et hautement symbolique. Des agents de sécurité assuraient la protection du musée et de ses environs. «Une cinquantaine de caméras ont été installées, ainsi que des portiques et des scanners dans les différents espaces du musée», affirme Sonia Mbarek, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Difficile d'oublier l'odieux et lâche attentat perpétré par des terroristes, dans ce haut lieu de culture et du patrimoine. Un an après, la Tunisie a voulu rendre hommage aux 22 victimes de cet attentat du 18 mars 2015, 21 touristes et un policier tunisien. A l'entrée du jardin du musée, une très belle fresque en mosaïque de 27 mètres carrés représente leurs portraits ainsi que le nom et le drapeau de leurs pays. Le chien policier Akil, berger allemand, qui a permis aux agents de la BAT de débusquer les terroristes et qui a péri lors des échanges de tirs, figure aussi parmi les victimes de l'attentat et a lui aussi sa mosaïque. Exécutée à l'initiative de l'association «Nous sommes Tous Bardo», la fresque commémorative a été réalisée par 60 spécialistes, et ce, durant trois mois, dans les quatre ateliers spécialisés dans le domaine de la mosaïque, dans la ville d'El Jem. Dans la grande salle du musée, rehaussée par une magnifique mosaïque romaine, la cérémonie a démarré avec l'hymne national, orchestré par Chadi Garfi et interprété par la cantatrice Alia Sellami. Puis, ont suivi les allocutions du chef du gouvernement, du ministre des Affaires étrangères français et de la ministre de la Culture, dans lesquelles ils ont souligné l'importance de la culture, en tant que rempart dans la lutte contre le terrorisme. Absence de spécificité tunisienne Au cours de la première partie du programme, l'orchestre philarmonique «El Wifak», sous la conduite de Chadi Garfi, a exécuté la fameuse symphonie «Le Bardo», une valse au piano du compositeur français Henri Boubala . Elle a été composée pour célébrer la fondation du musée national du Bardo, en 1890 du temps d'Ali Bey. «Pavane» de Gabriel Fauré, compositeur français (1845-1924), interprété par Andréa Sadam, sous la baguette de Chadi Garfi a été suivi par un intermède poétique, proposé par Jamel Slaii, intitulé «Khadhra», en référence à la Tunisie. La deuxième partie du concert a été réservée au chant lyrique. Deux sopranos ont interprété, successivement, des pièces d'opéra, chaleureusement ovationnées par l'assistance. La violoniste Yasmine Azaiez a enchanté les spectateurs par un cocktail tunisien de musique instrumentale. Enfin, la dernière partie du concert a été consacrée à la lecture d'un poème de Abou Kacem Chebbi par Jamel Slaii et une chanson de Sabri Mosbah. Un programme marqué par la musique de conservatoire bien interprétée, mais qui manquait cruellement de spécificité tunisienne. Excepté Yasmine Azaïez, qui a pris le soin de jouer un cocktail tunisien, il n'y avait malheureusement aucune sonorité locale. Par ailleurs, sur le plan de l'acoustique, le lieu n'est pas véritablement approprié pour accueillir de la musique symphonique et du chant lyrique. Mais l'équipe du metteur en scène Lassaâd Ben Abdallah a fait de son mieux au niveau de la sonorisation et de l'éclairage. Il fallait aussi penser à distribuer aux convives un livret, dans lequel aurait dû figurer le programme de la cérémonie avec les noms des pièces et leurs interprètes. Cette soirée de commémoration de l'attentat du Bardo a été suivie par un autre événement culturel, intitulé «Les nuits du Musée du Bardo». La première session de cette manifestation culturelle a débuté le 20 mars et se poursuivra jusqu'au 24 du mois à l'intérieur de l'enceinte du musée, qui pourra accueillir 350 spectateurs à chaque soirée. Le chanteur Mounir Troudi, le pianiste polonais Wojcieh Waleczek, les deux artistes Japonais Yoshiko Matouda et Dai Sugimote présenteront des spectacles à cette occasion. Un ouvrage, intitulé « Un monument, un musée, je suis Bardo » de 500 pages, a été publié à cette occasion. Il expose l'histoire du monument beylical et de ses spécificités architecturales. Il raconte également son extension et son réaménagement qui ont eu lieu en 2011, sans oublier de mentionner et de rendre hommage aux victimes de l'attentat.