À la veille d'une audience prévue mardi 8 juillet 2025, Me Nafaâ Laribi, membre du comité de défense de la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, s'est exprimé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il y dénonce de « graves irrégularités » dans la procédure judiciaire et s'inquiète des conditions de détention de sa cliente à la prison de Bulla Regia. Au cœur de la polémique : l'affaire dite du « Bureau d'ordre », dans laquelle Abir Moussi est poursuivie sur la base de l'article 72 du Code pénal. Cet article, particulièrement sévère, prévoit la peine capitale pour toute tentative de modification de la forme de l'Etat. Une accusation que la défense juge infondée et politiquement motivée. Selon Me Laribi, la défense n'a été informée de la tenue de l'audience que le vendredi 4 juillet, en fin d'après-midi, bien après la clôture des horaires administratifs. « Tous les postiers sont venus nous notifier la date après les heures de travail. Nous ignorons pourquoi cette audience a été fixée en urgence, sans explication. Cela soulève des questions légitimes sur les intentions derrière cette précipitation », a-t-il déclaré.
Le recours en cassation a été déposé par la défense contre une décision de la chambre d'accusation datée du 24 décembre 2024. Depuis, le dossier était resté sans évolution notable jusqu'au mois de juin dernier : la défense a soumis ses mémoires le 13, suivie des réquisitions du ministère public le 27 juin. Or, jusqu'au 7 juillet, les avocats n'ont pas eu accès à ces réquisitions. « Il est inconcevable que nous soyons convoqués à une audience sans avoir consulté une pièce aussi essentielle », a dénoncé Me Laribi, qui compte demander un report. Mais il se dit pessimiste : « Je crains que cette requête soit rejetée. L'objectif semble clair : rejeter le recours en cassation dès demain et renvoyer l'affaire devant la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis. » Concernant l'état de santé d'Abir Moussi, détenue depuis plusieurs mois « sans fondement légal », selon la défense, Me Laribi a tenu à démentir les rumeurs alarmistes circulant en ligne. « Contrairement à ce qui se dit sur certaines pages, elle n'est ni dans un état critique, ni mentalement atteinte. Elle va bien et possède toutes ses facultés mentales. » Néanmoins, l'avocat décrit une situation physique difficile pour sa cliente, épuisée par la chaleur étouffante de juillet et les mauvaises conditions de détention. « La cellule est surpeuplée, sans confort minimum. Elle a demandé des améliorations, mais ses appels restent sans réponse de l'administration pénitentiaire ou de l'autorité de tutelle. »