«Il est communément admis que certains traits de la personnalité sont corrélés avec la survenue de blessures...» «Les blessures font certes partie des aléas du sport-roi. Mais réduire les risques dépend de plusieurs variables telles que la diététique en premier, l'hygiène corporelle, l'état d'esprit et un train de vie globalement sain. A notre époque, manger bio ne relevait pas du sensationnel mais du réel. De point de vue accompagnement du plan da carrière et encadrement, Nagy, Fabio et Ameur Hizem étaient avant tout des éducateurs avant d'être des techniciens de renom. Ils savaient comment orienter le sportif de haut niveau vers l'excellence tout en l'encadrant au mieux. Conseils et suivi des joueurs étant les maîtres-mots, le résultat ne s'est pas fait attendre avec des risques minimes de blessures. Vous savez, à Dusseldorf, lors d'un tournoi relevé et en présence des cinq plus grands clubs de la planète, nous avons abordé ladite ronde en disputant huit matchs en quatre jours. Aucune blessure n'a été relevée car le groupe était sérieux, professionnel dans le vrai sens du terme. Donner le temps à la récupération, à l'oxygénation, à l'hydratation. Evacuer les toxines. Tout cela relève d'une prise en main où le compétiteur est tout d'abord responsable de soi. L'assistance et la surveillance sont l'apanage des amateurs. Le culte de la performance, quant à lui, s'accompagne de plusieurs exigences. Même si elles sont contraignantes, elle sont incontournables pour réussir. En effet, si une blessure empêche momentanément un sujet d'être performant, elle témoigne néanmoins de son investissement dans une logique de l'extrême et du risque. Elle révèle également un paradoxe en ce sens où elle symbolise l'excellence corporelle mais aussi la faillite de ce corps (dualisme). Certes, les facteurs physiques comme le surentraînement, la fatigue sont les causes principales des blessures sportives. Cependant, les facteurs psychologiques sont aussi des éléments prépondérants dans la survenue des blessures mais également dans l'accélération de la récupération de ces facultés physiques. Le nombre de blessures par carrière et par joueur diffère selon les spécificités des sportifs. Comme je vous l'ai affirmé, il y a un lien de causalité entre traits de personnalité et blessures. Car il est communément admis que certains traits de la personnalité sont corrélés avec la survenue de certaines blessures. Niveau de stress identifié, hygiène, connaissance de son corps et de ses propres limites, tout cela fait partie des antécédents pouvant occasionner des blessures sportives. D'ailleurs, c'est là que la mission des encadreurs-éducateurs prend tout son sens. Plus précisément, il semble qu'un footballeur court un risque accru de blessure s'il subit des changements importants dans sa vie sans jouir d'un soutien social adéquat et sans avoir la capacité de réagir efficacement au changement. C'est dire combien le régime d'entraînement doit être adapté afin d'éviter toute lésion, tension musculaire ou même relâchement nuisible. A notre époque, tout était différent. Actuellement, les exigences et les contraintes exigées parfois par l'entourage du sportif ne sont pas toujours productives. Des injonctions comme : «sois dur et donne-toi à 200%», ou encore «donne tout ce que tu as ou reste chez toi» favorisent les comportements à risque. La culture du corps robuste ne prend pas toujours en compte le côté sain. A ce niveau, la responsabilité du plateau technique est engagée. Vous savez, j'ai fait partie de quatre sélections, la même année. Outre le Club Africain, je militais du côté de l'équipe nationale olympique, la sélection A, la sélection universitaire et l'équipe nationale de la police sans qu'aucune blessure ne vienne entraver mon parcours. Ce n'est pas dû au hasard mais à la combinaison de plusieurs facteurs. Les élongations, les contractures, lésions, déchirures, entorses, foulures, tendinites et autres inflammations sont monnaie courante actuellement. Elle sont dues la plupart du temps à une sorte de sacralisation du corps, d'une recherche de l'excellence corporelle à tout prix. Sauf que cette finalité a un coût. On voit tellement de footballeurs émérites qui développent une attitude de mépris vis-à-vis de toute faille, de toute rupture de leur corps. Il n'est pas rare que des entraîneurs encouragent les sportifs à pratiquer en dépit de blessures avec des injonctions comme «il faut souffrir pour vaincre». C'est une attitude de déni vis-à-vis de la souffrance». «Seule la victoire est belle, peu importe la façon...»?! C'est devenu l'attitude de l'élite. Et après, on s'offusque et on s'étonne de voir des footeux qui ont tendance à vouloir réduire la gravité de leur blessure et sa signification.