Les travaux de nettoyage de la plage Sidi Fradj et le traitement des déchets toxiques prendront fin le 27 mars L'évolution des travaux de dépollution marine dans la région de Kerkennah a fait l'objet hier, à Tunis, d'une conférence de presse organisée par l'Agence nationale de protection de l'environnement (Anpe). Rappel des faits. Dimanche dernier, les habitants de l'île de Kerkennah avaient intercepté une énorme flaque noire couvrant une partie de la plage de Sidi Fradj. Du pétrole brut coulait depuis le puits de pompage numéro 7, relevant du champ pétrolier de Sassina, exploité par la société des services pétrolifère (TPS). Cette dernière a cru bon d'éviter d'alerter les parties concernées. Ayant appris le désastre, le ministère de l'Environnement et du Développement durable et l'Anpe se sont empressés d'agir et de prendre les mesures nécessaires. Ouvrant la conférence de presse, M. Hatem Ben Kedim, chef de cabinet du ministre de l'Environnement et du Développement durable, précise que le ministère n'a pris connaissance de l'incident que le lundi 24 mars, soit un jour après que les habitants l'eurent observé. Aussitôt informé, M. Néjib Derouich, ministre de l'Environnement, a tenu une réunion pour s'accorder avec l'équipe d'experts convoqués sur les démarches à suivre. Plusieurs manquements Puis, il s'est rendu sur les lieux, accompagné d'experts, afin d'examiner de visu l'incident et d'estimer ses répercussions sur l'écosystème marin. « Le ministère et l'Anpe ont décidé d'appliquer le plan d'action régional de lutte contre la pollution marine et d'entamer les procédures de pénalisation à l'encontre de la société TPS, et ce, conformément aux lois en vigueur», souligne M. Ben Kedim. Dans cette affaire, la société des services pétroliers a commis plusieurs dépassements et manquements. Outre la fuite du pétrole en mer, qui aurait dû être évitée par des mesures techniques de prévention, la société n'a pas alerté les parties concernées sur l'incident. D'autant plus qu'elle a opté pour des interventions de nettoyage improvisées, sans aucun préavis ni aucune autorisation préalable. « Nous avons suspendu lesdites interventions. Le traitement d'un incident similaire doit obéir à des démarches bien définies. La société aurait dû, en effet, proposer son plan d'action aux parties concernées pour homologation », explique le responsable. Les travaux ont démarré le 16 mars. La TPS s'était entendue avec deux sociétés spécialisées : l'Icees pour se charger de la propreté de la plage de Sidi Fradj et l'Atco pour le traitement des déchets dangereux et toxiques. « Nous avons examiné à l'aide de photos sous-marines l'étendue de l'incident. Heureusement, le fond marin est indemne. La pollution engendrée par l'écoulement du pétrole est superficielle », souligne le responsable. Et de noter que le taux d'avancement actuel des travaux est de 60%. On estime qu'ils prendront fin dimanche 27 mars. Les experts remettront, à la fin de cette opération, un rapport final détaillé aux parties concernées. Jusqu'à 50 mille dinars d'amende Prenant la parole, M. Salah Hassini, directeur général de l'Anpe, précise que les quantités de pétrole déversées se limitent à deux mètres cubes : « Une quantité négligeable par comparaison avec les catastrophes engendrées par des milliers de tonnes de pétrole brut déversées dans la mer. La catastrophe écologique marine observée en 2007, dans le Golfe du Mexique, a été provoquée par 800 mille tonnes de pétrole déversées dans l'océan ». Les sociétés Icees et Acto s'appliquent actuellement à leurs tâches respectives. De leur côté, les experts relevant de l'Anpe veillent au bon déroulement des actions. Ils présentent quotidiennement des rapports minutieux portant sur les missions accomplies. En termes quantitatifs, les actions menées ont permis, jusqu'au 22 mars, de délester la plage de trois tonnes de déchets végétaux pollués, de 72 m3 d'algues imprégnées de pétrole, de 5,7 tonnes de sable noirci et de 7,5 tonnes de roches souillées. S'agissant des mesures juridiques, M. Slim Daoud, sous-directeur des affaires juridiques, rappelle que la loi pénalise toute atteinte exercée par les sociétés pétrolières sur l'environnement. La pénalité se traduit par une amende qui varie de 100 dinars à 50 mille dinars. Sa valeur dépend de l'ampleur des dégâts et du coût indispensable au réaménagement de l'espace endommagé.