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Il ne faut pas que la médina perde son âme
Entretien avec Faika Bejaoui
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 04 - 2016

Architecte, urbaniste, Faika Bejaoui a passé une partie de sa vie à travailler et militer à l'Association de sauvegarde de la médina (ASM), participant à la réhabilitation de cette partie de l'identité tunisienne. Passant à l'Alecso, une expérience qui lui ouvre une perspective sur les pays arabes. Elle est aussi membre du bureau exécutif national et du Conseil international des monuments et sites (Icomos), une ONG qui collabore avec l'Unesco. Aujourd'hui, l'Icomos participe avec d'autres organismes au recensement du patrimoine menacé ou détruit en Irak et en Syrie. Elle nous parle de cela et nous raconte la médina.
Est-ce que le patrimoine de la Tunisie est menacé ou l'a été un jour ?
La Tunisie fait partie d'un contexte où tous les biens culturels universels sont ou menacés ou déjà détruits. On ne peut nier non plus que le patrimoine national a été directement visé. Depuis le déclenchement de ce qu'on appelle le printemps arabe, et ça a continué en 2012 et 2013, les sites archéologiques et les centres anciens comme les médinas de Tunis, de Sousse et de Kairouan ont subi des menaces très sérieuses. Des monuments ont été saccagés, le mausolée de Sidi Ali Hachani, à Menzel Abderrahmane, incendié en 2013; le mausolée de Sidi Abdelaziz El Mahdi, situé à La Marsa incendié en 2013. Le mausolée de Sidi Bou Saïd, incendié le 12 janvier 2012. La Zaouia de Saïda Manoubia est incendiée en octobre 2012. Beaucoup d'autres monuments religieux, à Skhira, à Djerba, à Mahdia, à Mahres, et ailleurs n'ont pas été tous répertoriés. A mon avis, les attaques sont programmées. Mais je dois ajouter que tout est presque restauré. Il y a eu une prise de conscience populaire et institutionnelle. La réaction des Tunisiens a été admirable. C'est un peuple qui tient à son patrimoine, à sa culture et à son identité.
Pensez-vous que les groupes de Daech suivent des plans aboutis visant à détruire les sites patrimoniaux qui ont précédé la naissance de l'Islam ?
Tout le patrimoine et non pas uniquement celui qui a précédé l'islam, le patrimoine selon leur philosophie, si on peut appeler ça comme ainsi, ne doit pas exister. On pense aussi qu'il s'agit encore une fois d'une destruction programmée qui cible l'héritage des civilisations anciennes surtout en Irak et en Syrie. La communauté internationale s'est sentie impliquée et a réagi, il faut le souligner. Au niveau de l'Unesco, un comité de réflexion et de travail s'est penché sur la question. Des ateliers de formation se font à distance par vidéo-conférence ou au Liban. Nous sommes en train de réunir de la documentation pour collecter les informations. Il y a un projet en cours pris en charge par l'Icomos international qui répertorie les monuments détruits. Mais une fois la guerre terminée, espérons, il faudra procéder à un recensement minutieux.
Peut-on envisager la reconstruction des sites détruits ?
C'est la grande question. Les experts sont en train de réfléchir à ce qu'il faut faire. Reconstruire ou non, et si on reconstruit c'est à l'identique ou pas ? Sachant que l'approche pour réparer un centre historique ancien où les gens vivaient comme les médinas n'est pas la même que celle de restaurer ou reconstruire un site archéologique. Les jihadistes ont montré que rien ne les arrête, le directeur de Palmyre, ce grand monsieur, qui a refusé de quitter son site a été exécuté. Il y a une volonté d'effacer une partie de l'historie universelle. C'est une civilisation logée dans une région particulière, le croissant fertile, qui regroupe le Liban, la Palestine, la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Il y un plan qui œuvre à l'anéantissement de cette histoire et cette identité. Un peuple sans identité et sans racine, il est plus facile de le faire disparaître après.
Comment se porte la médina de Tunis à présent ?
Aujourd'hui, on y voit beaucoup de dépassements parce qu'on profite de la conjoncture. Il y a des constructions anarchiques et même si l'autorisation de construire est délivrée, les normes au moment de l'exécution ne sont pas toujours respectées. Malgré cela, les infractions ne sont pas irrévocables, on peut toujours trouver des solutions et y remédier. Il y a un éveil des habitants, la société civile joue un rôle important pour attirer l'attention des autorités et signaler ces dépassements. Les cinquante années de l'ASM ont changé la donne. Nous n'avons pas restauré les monuments ou réhabilité les édifices importants uniquement, on s'est occupé de ce qu'on appelle le patrimoine ordinaire, il y a eu amélioration des conditions de vie des habitants de la médina, avec le projet de restructuration du quartier Hafsia, par exemple.
Est-ce que la médina de Tunis vit la nuit. Hormis pendant le mois de Ramadan, lorsque les commerces ferment, et avec la tombée de la nuit, c'est mort
C'est une médina où il y a de la vie, malgré tout, il y a encore 100 mille habitants qui y vivent. Mais il faut dire aussi que ce n'est pas particulier à la médina de ne pas vivre la nuit, c'est propre à toute la ville de Tunis. Mon rêve, c'est de voir la médina de Tunis et toutes les autres vivre le soir pour et par leurs habitants. Même au mois de Ramadan ou au cours des événements culturels ponctuels, ce sont les résidents des autres quartiers qui y viennent.
Depuis quelque temps, on voit les habitants prendre part à leur manière à ces festivités en offrant de petites pâtisseries, des jus.
Si on veut mettre en valeur le patrimoine et le revitaliser, il faut adopter une approche participative. Rien ne se fait et ne se pérennise sans le concours de l'habitant. Il y a des familles qui n'ont jamais quitté la médina, et d'autres sont venues avec l'exode rural, elles y sont depuis les années 30 pour certaines. Le plus important à mon avis est que la médina ne se transforme pas en sanctuaire pour les riches et subisse ce phénomène de gentrification, ni un ghetto pour les pauvres. Il ne faut pas qu'elle devienne accessible uniquement à une catégorie sociale qui fréquente les hôtels, les restaurants, les galeries, les maisons de charme. Il faut que les souks soient préservés ainsi qu'une certaine mixité sociale, pour que la médina reste un centre urbain et ne perde pas son âme.


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