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Massacre du plastique en Méditerranée: Quand la Tunisie traîne les pieds
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 04 - 2022

Chaque minute, ce sont 17 tonnes de déchets plastiques, soit l'équivalent d'un camion poubelle, qui sont déversées dans la mer.
La pollution plastique, c'est 9 à 12 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année. Chaque année 1,5 million d'animaux marins meurent à cause du plastique. L'on recense 1.400 espèces affectées. En 2050, si nous n'agissons pas, la mer contiendra
plus de plastique que de poisson.
Une cigarette fumée, un mégot jeté par terre et écrasé par la chaussure. Un geste récurrent, fortement banalisé commis par de simples citoyens ou même des médecins, des universitaires, des chercheurs. Hommes, femmes ou jeunes fumeurs ne savent pas que 60% des mégots jetés par terre finissent en mer. Résultat : contamination chimique instantanée. Le mégot contient 4.000 agents chimiques. Composés à 95% d'acétate de cellulose (plastique), il se décompose entre 2 et 5 ans. Il sera ensuite ingéré par les animaux marins pour réintégrer la chaîne alimentaire et revenir dans nos assiettes. Chaque minute, ce sont 17 tonnes de déchets plastiques, soit l'équivalent d'un camion poubelle, qui sont déversées dans la mer. La pollution plastique, c'est 9 à 12 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année. Chaque année 1,5 million d'animaux marins meurent à cause du plastique. L'on recense 1.400 espèces affectées. En 2050, si nous n'agissons pas, la mer contiendra plus de plastique que de poisson.
Un massacre sous l'eau
Un bateau de plaisance jette l'ancre le long des côtes, c'est comme couper quatre arbres dans une forêt pour garer sa voiture. Alors que dans huit cas sur dix, on peut mouiller à côté sur le sable. L'ancre jetée arrache les posidonies sur des kilomètres. Pourtant, les vastes forêts sous-marines que forme cette plante à fleurs — les herbiers de Posidonie — fournissent des services écosystémiques d'une valeur inestimable. Elles constituent en premier lieu une source de nourriture ; de nombreuses espèces de poissons et de crustacés viennent s'y nourrir et s'y reproduire. Poumons de la Méditerranée, les posidonies produisent de l'oxygène permettent la vie aquatique et une bonne qualité des eaux littorales. Elles sont en même temps une arme contre le réchauffement climatique.
Des dauphins sont pêchés par milliers accidentellement, des tortues de mer échouent dans les filets. L'homme est responsable à 75% de la dégradation de l'écosystème terrestre. Il est à l'origine de la disparition de 85% des zones humides, il est la cause de la disparition de 32 millions d'hectares de forêt tropicale entre 2010 et 2015. Le continent africain, qui subit de plein fouet la grande sécheresse et ses conséquences environnementales, connaît mieux que quiconque les effets néfastes des changements climatiques : déforestation, disparition du couvert végétal et des espèces rares, avancées à grands pas du désert, assèchement des plaines, le tout corroboré par la réduction paradoxale du lac Tchad dont la superficie est passée de 25.000 km2 dans les années 60 à moins de 3000 km2 actuellement.
Une richesse précaire
Le bassin méditerranéen est le deuxième lieu au monde des plus riches en termes de biodiversité : riche en diversité végétale avec plus de 25 000 espèces de plantes. Les forêts méditerranéennes et les autres terres boisées de la région apportent une contribution vitale au développement rural, à la réduction de la pauvreté et à la sécurité alimentaire, ainsi qu'aux secteurs de l'agriculture, de l'eau, du tourisme et de l'énergie. Cependant, les espaces protégées ne couvrent que 9 millions d'hectares, soit 4,3% de la superficie totale de la région.
En Tunisie, nous savons que nous nous retrouvons dans un contexte d'alerte rouge, celle du ravage de la pollution plastique en mer Méditerranée, ce joyau de la biodiversité. Le dernier rapport mondial de l'Unic soulignait déjà que l'extinction de la biodiversité n'était plus une menace mais un processus bien installé. Nous devons donc entendre comme un même phénomène autant la larme des méga-feux que le silence des oiseaux qui s'installe dans nos campagnes, dans nos forêts et aussi surmonter l'apathie quand ce n'est pas le déni face à la tragédie sous les mers qui se joue notamment autour des grands récifs coralliens et avec cet effondrement qui menace non seulement la survie humaine qui est en jeu mais c'est aussi la beauté, la poésie, la diversité du monde qui risque de s'évanouir. C'est une régression qui sera tragique pour l'humanité si nous ne réagissons pas parce que la diversité du vivant, c'est aussi la diversité du langage, c'est aussi la diversité des cultures, c'est aussi le monde de la création.
Pour enrayer cette régression, la Tunisie doit s'engager à l'objectif mondial de protéger 30% de la planète d'ici à 2030. Mais engluée dans ses tiraillements politiques et ses problèmes financiers et économiques, elle n'arrive toujours pas à trouver des mécanismes pour y parvenir.
Il n'empêche, participer à cet effort mondial en doublant nos zones protégées d'ici 2030 et en ciblant les zones stratégiques de la biodiversité aideront l'Etat à prendre ses responsabilités en se saisissant de ces formidables outils pionniers que sont les conventions internationales pour le patrimoine naturel maritime mondial essentiel pour la survie de l'homme et la biosphère.
Mais protéger 30% de la planète serait vain si nous ne réconcilions pas 100 % de l'humanité avec la nature, et c'est tout ce rapport avec le vivant qu'il faut profondément modifier et cette nouvelle éthique du vivant, elle se gagnera aussi peut-être surtout dans les mentalités, et c'est tout le sens lié à l'éducation pour renforcer considérablement la place de l'éducation à la nature dans les programmes scolaires alors que la biodiversité est mentionnée dans moins de 20% des programmes scolaires en Tunisie.
C'est pourquoi l'éducation à la nature doit être au cœur des programmes scolaires, un enjeu qui se place à l'échelle plus globale des sociétés parce que pour mieux protéger, il faut mieux comprendre par les sciences, par la recherche et il faut aussi mieux diffuser ses connaissances par une culture scientifique véritablement partagée. C'est ainsi que nous avons besoin d'abord de plus de science et aussi de plus de femmes en science historique pour que le consensus soit identifié comme un choix scientifique clair et en même temps pour que celles-ci soient respectées et valorisées dans les sciences, les savoirs des peuples autochtones qui sont les gardiens de 80% de la biodiversité et qu'ils ont tant à nous apprendre. Il est à noter qu'il y a plus d'un million de Tunisiens qui vivent dans les forêts et que plus d'un demi-million vivent de la mer.
C'est aussi une occasion historique à saisir face au déclin de la santé des mers. Il faut saluer, au-delà des scientifiques, les artistes, les cinéastes et les documentaristes qui nous font voir, toucher et comprendre la nature. Saluer aussi l'apport des sciences humaines, des philosophes, des anthropologues et tous ceux qui nous font percevoir ce que la nature nous apporte de sérénité, de paix, de beauté. Ce contact est essentiel avec la nature dont on a mesuré à quel point elle nous manquait pendant les périodes de confinement. Cette parenthèse nous a démontré que dans ces paysages somptueux se cache une biodiversité incroyable de plusieurs milliers d'espèces mais dont des centaines d'entre elles sont menacées. C'est pourquoi en plus des efforts institutionnels, les acteurs associatifs, les entrepreneurs, les collectivités et les organisations internationales sont convoqués à agir sur le défi majeur de notre temps : la protection de la nature, la protection du vivant. Et Tunis comme le reste des villes du monde doit être en première ligne sur les questions de la préservation de la biodiversité. Nous sommes devenus les gardiens d'un jardin qui se meurt. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous devons porter ce combat.


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