«Color's by Adel» est une exposition regroupant les dernières œuvres de l'artiste peintre Adel Akremy à la galerie Alexandre Roubtzoff à La Marsa jusqu'au 10 avril. Adel Akermy est un peintre autodidacte, né en 1956 à Tunis. Il a su se forger son propre style, d'abord, en utilisant des matériaux de récupération, tels les sacs de ciment, comme support, des panneaux de bois récupérés, des toiles de jute pour enfin aboutir à la toile retournée. L'an dernier, à la même période, la même galerie Roubtzoff lui consacrait une rétrospective de «10 ans de peinture». Le voilà donc de retour dans le même espace et avec toujours la même veine de reproduire des paysages tunisiens et des portraits adoptant le cubisme comme forme d'expression. Sans jamais perdre son âme d'enfant, il peint de manière spontanée comme il sent les choses. Des portraits de femmes aux vêtements colorés incrustés dans des décors de Médina ou d'intérieur, rappelant les demeures traditionnelles tunisiennes, mais aussi des cabanes sur une plage, souvenirs lointains d'enfants évoquant les vacances et le farniente qui vont avec. Des compositions décoratives harmonieuses mi-figuratives, mi-abstraites avec des couleurs pastel qui font transparaître discrètement le support sur lequel elles sont transposées. Guidé par ses pulsions, le peintre transmet des émotions ressenties tout au long de son parcours, marqué par une certaine sérénité propre aux enfants. Ce sont ses réminiscences qu'il met en scène dans ses œuvres où les couleurs ne s'entrechoquent pas, mais plutôt se complètent. La rencontre des couleurs réinvente un monde imaginaire proche de celui de Ali Ballagha ; bien que les couleurs chez ce dernier soient plus contrastées et l'univers traditionnel tunisien plus défini. Les espaces dans les tableaux de Adel Akremy sont pleins, saturés de motifs, de signes, etc., symbolisant notamment les poissons et les oiseaux sans laisser place à la moindre aération. Acrylique et autres techniques mixtes occupent avec fougue les supports. Une peinture ludique se dégage de ces œuvres inspirées fortement des peintres de l'école de Tunis. L'attachement de l'artiste à un certain genre de cubisme bannissant la perspective renvoie, sans nul doute, à Picasso, mais aussi à une peinture orientale, voire carrément persane, qui transgresse l'univers de la perspective, cher aux adeptes de la peinture occidentale classique. Sans oublier quelques clins d'œil à Paul Klee, peintre qui a séjourné en Tunisie et s'est inspiré de ses paysages lumineux.