La rémunération des dirigeants sociaux figure parmi les problématiques qui font couler beaucoup d'encre et intriguent les parties impliquées dans la promotion des performances au sein des entreprises. Il faut dire que cette pratique, de par son aspect indispensable tout en étant épineux, commence, depuis quelque temps, à prendre sa place dans les entreprises étrangères et à faire l'objet de plans et de stratégies pointus. Dans le monde arabe, le recours à la rémunération des dirigeants sociaux demeure fort timide. La réticence des responsables et chefs d'entreprise arabes est justifiable à plus d'un titre. Et c'est pour débattre de ce thème d'actualité et étudier ensemble, d'une manière méthodique et précise, les différents angles de cette pratique que l'Institut arabe des chefs d'entreprise organise, le 17 février, aux Berges du lac, un workshop ayant pour intitulé: «Rémunération des dirigeants sociaux». Prendront part à cette rencontre un bon nombre de responsables, notamment le président du centre tunisien de gouvernance (CTGE), le représentant de Sigma Conseil, le représentant du Centre des études juridiques et judiciaires ainsi que le président d'honneur de l'Ordre des experts comptables de Tunisie. Mais avant de plonger dans le vif du sujet, qui sont les dirigeants sociaux? En effet, ce sont les «personnes investies des pouvoirs de gérer, d'administrer, de diriger et de représenter une entité commerciale, dotée ou non de la personnalité morale». Il s'agit donc de personnes qui bénéficient d'une notoriété importante, susceptible d'influer remarquablement sur le développement d'une entreprise. L'éventuelle rémunération de ces personnes place d'emblée les responsables face à un choix des plus délicats. Il l'est car il décide, d'une manière ou d'une autre, non seulement du développement de l'entreprise mais aussi de tout le contexte réglementaire propre au domaine de l'entrepreneuriat. La tâche n'est pas aisée dans la mesure où elle aura, que ce soit positivement ou négativement, un impact de poids sur l'économie des pays arabes. Pour mieux peser le pour et le contre et anticiper sur l'ampleur que prendra le recours à cette pratique, les responsables des parties concernées devraient, d'abord, cerner leur positionnement en matière de rémunération des dirigeants sociaux à l'échelle mondiale et avoir de plus amples connaissances, notamment sur les pratiques pour lesquelles optent les instituts et les entreprises dans les pays européens et occidentaux. La comparaison s'avère utile dans la mesure où elle permettrait d'éclairer les responsables arabes sur les choix de leurs confrères et d'avoir une idée sur le résultat jusque-là enregistré. Le débat portera également, lors de cette rencontre, sur les deux alternatives à prendre en cas de rémunération. Il faudrait, en effet, se décider entre la maintenance du principe de la liberté et de l'auto-régulation ou opter plutôt pour la règle de plafonnement comme c'en est le cas dans les Etats-Unis. Autre point nécessitant réflexion et prise de position concerne le nouveau régime juridique des rémunérations. L'idée était de s'assurer si ce régime «permet d'accroître les caractéristiques de lisibilité des règles et de transparence ou aurait-il au contraire un effet négatif, de sentiment d'iniquité et de frustration» ? Le traitement de tous ces points fondamentaux fera donc le principal objet des travaux de ce workshop. Les participants à cette rencontre mettront en lumière les fondements de la rémunération des dirigeants sociaux et présenteront l'état des lieux de cette pratique. Il traiteront d'une manière approfondie les régimes juridiques et fiscaux de la rémunération ainsi que du rapport entre rémunération et gouvernance des entreprises. La deuxième séance de cette rencontre sera axée sur le rapport entre la communication financière et la rémunération des dirigeants sociaux.