Plus que des histoires de résultats, le rendement de la sélection offre les contours de plusieurs interrogations. Comme on le sait, la CAF a désigné le match comptant pour la 5e journée des éliminatoires de la CAN Gabon 2017 entre Djibouti et la Tunisie pour le vendredi 3 juin 2016 à 13h30 heure tunisienne (15h30 heure locale) au stade Gouled. Déjà et en ouverture des éliminatoires de la même épreuve, en juin 2015, la sélection tunisienne a malmené son adversaire sur le score sans appel de 8-1. De la formation alignée à l'occasion , il ne reste pas aujourd'hui beaucoup de joueurs. Elle n'a plus le même profil, et encore moins les acteurs principaux. Du moins par rapport à ceux retenus lors des derniers matches. A moins d'un nouveau remaniement dans la liste des convoqués, ce qui est peu probable, plus de la moitié de l'équipe, Ben Cherifia, Agrebi, Yaakoubi, Khalifa, Touzghar et Chikhaoui (auteur de trois buts et trois passes décisives), s'est évaporée. Depuis ce temps-là, la grande partie de ce qui se conçoit désormais en sélection est devenue une crainte avérée, une source d'interrogations, pas seulement selon l'angle de vue à géométrie variable, mais tout particulièrement en rapport avec l'utilité et l'apport de tel ou tel joueur. L'équipe n'a pas non plus de modèle sur lequel elle peut s'identifier sur le terrain. Par rapport au système de jeu et des schémas tactiques préconisés par Kasperczak, sa tendance à chambarder l'ossature de l'équipe, des associations improvisées chaque fois, il n'y a pas de véritables motifs de satisfaction dans la manière de jouer de la sélection et dans le comportement et le rendement de ses joueurs. L'on n'hésite pas aujourd'hui à considérer qu'il y a un grand décalage entre les objectifs tracés et tout ce qui était préconisé au moment de la nomination de Kasperczak, et la situation actuelle de l'équipe. Certains choix, essentiellement de la part du sélectionneur, ont participé au développement d'un certain malaise. Nous sommes conscients du fait que le football est aussi fait d'erreurs et de maladresses parfois inévitables, mais les défaillances et les manquements concédés ne peuvent constituer une excuse à certains comportements. Plus que des histoires de résultats, le rendement de la sélection offre les contours de plusieurs points d'interrogations. Joueurs, mais aussi staff technique, voici qu'apparaît devant chacun une marge de responsabilité évidente dans ce genre de dérapage. En l'absence de stratégie, de complémentarité et d'homogénéité, les travers sont nombreux et bien connus en sélection: incompétence, inconstance technique et physique, et, dans tous les cas de figure, fragilité de ceux dont dépend l'avenir de l'équipe. La sélection s'en remettra-t-elle? Ignorés jusqu'ici sous l'effet d'arguments erronés, les véritables besoins et impératifs de l'équipe de Tunisie ne sont pas placés à leur juste valeur. On tarde encore à retrouver la bonne direction et encore moins à donner une raison d'être à la manière de jouer de la sélection. Le problème se situe au niveau aussi bien des individualités, des noms, des aptitudes et des compétences que des stratégies, des approches. Le pire est que les commanditaires ont le sentiment d'avoir raison. Leur appréciation de la situation leur paraît juste. Mais le problème est qu'ils ont raison tout seuls. On ne saura aujourd'hui ignorer le mauvais usage des notions, voire des exigences de jeu. Il est évident qu'on ne fait pas disparaître, certes, magiquement le cumul d'un héritage très lourd. Mais la sélection ne progresse pas. Elle n'évolue pas outre mesure. Pire : on a de plus en plus l'impression que le sélectionneur n'est pas suffisamment impliqué, ou encore engagé dans ce qui doit se faire par rapport aux véritables besoins de l'équipe. Derrière les critères retenus dans le choix des joueurs, se cachent encore et toujours des appréhensions et des pressentiments. Ce ne sont pas toujours les meilleurs joueurs qui sont choisis. Evoquer aujourd'hui les insuffisances et les manquements de la sélection, c'est aussi provoquer certains jugements et appréciations de valeur. Elle cumule les ennuis de ce genre. Cela dépasse largement le débat autour du rendement que ce soit individuel ou collectif de l'équipe, mais c'est carrément le devoir de pointer ce que nous considérons comme des erreurs, ou des dérives de la part de ceux qui sont aux postes de commande. Aujourd'hui, la question essentielle est de savoir si la sélection est vraiment capable d'évoluer et de progresser face aux défaillances qui s'accumulent. Le constat est évident : le sélectionneur est encore dans l'incapacité de faire valoir une vision et un projet de jeu valables. Dans le sillage d'une équipe qui n'a pas jusqu'ici affronté des adversaires de haut niveau, elle s'habitue aux choses ordinaires et oublie de plus en plus les exigences, le devoir de surpassement. A aucun moment, en tout cas, les parties concernées ne donnent l'impression de pouvoir remédier à une situation devenue inquiétante. On a beau vouloir s'inscrire dans de nouvelles alternatives, les solutions, les bonnes, les vraies, ne sont pas là. Cela ne fait que pousser au paroxysme une logique de suffisance qui risque de se transformer en un mode d'emploi, une ligne de conduite. Mais, parfois, les difficultés permettent d'avancer et la sélection ne devrait pas pour autant céder aux aléas d'un football dénaturé. Entre l'essentiel et l'accessoire, la manière d'alterner temps de jeu, formules et raisonnement, on reconnaît ici l'impératif d'une mobilisation et d'une adhésion inconditionnelle à tout ce qu'il y a de mieux pour l'ensemble. Pour l'équipe...