Où en est l'équipe de Tunisie? Pour bien se faire une idée, il convient d'analyser trois indicateurs essentiels: la qualité de la compétition nationale, la compétitivité africaine et les aptitudes du sélectionneur. A travers ces trois critères, nous osons penser que le temps de passage moyen ainsi que l'impression mitigée qui se dégagent des différentes prestations accréditent la thèse d'une marge de manœuvre étroite et rétrécissante. La sélection vit autant d'espoirs que de craintes. Elle peut être des fois bonne à prendre, mais ses performances et ses exploits ne sont pas écrits d'avance. Toutes les péripéties par lesquelles elle est passée peuvent donner encore plus envie aux joueurs, et aussi au sélectionneur, de se surpasser. Il paraît cependant qu'à un certain âge, au moment de la crise des démons de midi, certains ne croisent pas toujours l'attachement et la passion du jeu. En débarquant de nouveau en sélection tunisienne, Kasperczak s'était promis certainement de revenir tout en haut. Il avait peut-être trop peur de disparaître comme ça, ou encore de faire plaisir à ceux qui ne croyaient plus en lui. Il lui manquait cependant le coup de jeune susceptible de réveiller l'acharnement des entraîneurs faits pour gagner. Le constat ne manque pas de retenir l'attention: sous sa conduite, la sélection ne joue pas pour gagner, et encore moins pour plaire. Elle subit plus qu'elle en impose, plus qu'elle agit. Elle est plus inspirée quand elle défend que lorsqu'elle fait le jeu. Comme quoi, ce n'est pas la possession du ballon qui compte, et encore moins son utilisation. La présence de Kasperczak à la tête de l'équipe de Tunisie remet la vocation du sélectionneur au centre des débats. Fait-il vraiment le nécessaire pour tirer le meilleur de l'équipe? Son système de pensée est-il en mesure de former le collectif parfait? Est-il réellement ce que beaucoup pensent de lui, c'est-à-dire un perfectionniste du rendement défensif? Le sens du changement Il n'y a pas de définition objective de ce qu'est le jeu, d'attaque et le jeu défensif. Plus encore, la beauté du jeu, longtemps préconisée et souhaitée, ne vient pas forcément des passes courtes ou de la technique. Produire du bon football n'a rien à voir avec l'idéologie et ce n'est pas non plus la propriété intellectuelle de tel ou tel illuminé. L'on sait cependant qu'à travers ce qu'il laisse entrevoir, que ce soit lors de son ancien passage en équipe de Tunisie, ou l'actuel, Kasperczak n'a que très rarement démontré le sens du changement dans ses orientations tactiques. Après une longue carrière, virtuose de la fermeté défensive, l'on ne sait pas encore s'il a vraiment tourné le dos à ses habituels réflexes défensifs. Et encore moins opté pour un système flexible qui permet de passer du 4-4-2 au 4-2-4 ou au 3-5-2. Il manque bien des choses à la sélection version Kasperczak. Elle devrait faire mieux dans sa projection vers l'avant pour faire plus mal à ses adversaires. C'était mieux autrefois. La rigueur, c'est bien, mais il faut aussi avoir le plus au niveau offensif. Les regrets que l'on peut nourrir, ce sont les restrictions dans les idées, le jeu et le mode de comportement. La sélection encaisse plus de buts qu'elle n'en marque. Avoir de bonnes bases défensives, c'est important. Mais il faut plus et mieux. La métamorphose de la sélection sera certainement compliquée à renouveler aujourd'hui, mais elle devrait avoir le mérite de redonner un peu de corps au vieux cliché de son vieux football. Kasperczak est adepte d'une école de football qui préconise que la meilleure attaque est la défense. Des ‘'pas révolutionnaires'', on en voit bien souvent. Il y a cependant de ces entraîneurs qui se sont pourtant posé des questions et des interrogations avant de se décider du style de jeu et des considérations tactiques. Le mythe de la défense à la manière de Kasperczak est toujours vivant. Un concept poussé à l'extrême où les restrictions défensives sont très soignées. Cela fait partie de la culture des entraîneurs d'une école de football bien particulière. Aujourd'hui, les temps ont changé. Le football est devenu plus offensif. Pas mal de règles ont changé : le hors-jeu (qui n'est plus sanctionné quand il est passif), l'interdiction de la passe à l'arrière vers le gardien, l'arbitrage devenu plus sévère. Jouer la défense, aujourd'hui, c'est devenu beaucoup plus compliqué qu'auparavant. L'évolution du jeu a affaibli et enterré la tradition défensive. Il n'est plus question de faire reculer un milieu ou un attaquant pour défendre. Plus important encore, le rôle de libéro est devenu majeur dans la relance et la construction du jeu. C'est une libération. Le jeu d'attaque valorise de plus en plus les joueurs parce que même les défenseurs sont impliqués dans l'attaque. Rythme de jeu intensifié, pressing forcené...Il s'agit là d'une école qui est devenue une institution...