Melody Gardot est une artiste complète, une superbe voix suave, langoureuse et puissante, une musique jazzy-soul irrésistible et sensuelle mais aussi beaucoup de présence sur scène. Les rideaux sont tombés, samedi dernier, sur la 11e édition de Jazz à Carthage. Une édition impeccable à bien des égards tant celui de l'organisation que celui de la programmation. Le festival s'est conclu dans la fête et la bonne énergie avec le panache de deux superbes artistes, Robyn Bennett et Melody Gardot, qui ont régalé un public venu très nombreux pour les applaudir. La belle interprète américaine Robyn Bennet and Bang Bang nous ont ravis, en première partie de soirée, avec les morceaux de l'album «The song is you». Sonorités jazzy, pop, swing, rock et de funk ont vite fait d'emballer la scène et d'entraîner le public dans un nuage de good vibration. Généreuse et radieuse, la chanteuse et les talentueux musiciens qui l'accompagnaient, entre autres l'excellent tromboniste de jazz Ben Van Hille, avec lequel elle a d'ailleurs fondé le groupe, nous ont donné une leçon de rythme et de justesse. Une folle énergie a secoué la scène, accentuée par l'intensité et l'émotion qu'avaient les artistes à partager leur amour pour la musique. La fabuleuse Melody Gardot La star de la soirée, tant attendue par ses fans tunisiens (depuis la révélation de sa participation à Jazz à Carthage, sold out dès les premiers jours!), a fini par faire son entrée sur scène. Meldoy Gardot! Née le 2 février 1985, elle est auteur-compositeur-interprète américaine. En novembre 2003, alors qu'elle est âgée de 18 ans, Melody Gardot est renversée par un 4×4 n'ayant pas respecté un feu de signalisation. Ses blessures sont nombreuses et sa rééducation est longue : la jeune femme reste clouée sur un lit d'hôpital pendant un an. Un seul remède pour ce corps et cet esprit meurtris par tant de violence : la musicothérapie. Dans l'incapacité de s'asseoir, elle abandonne le piano pour se mettre à la guitare. Melody Gardot sort un premier EP écrit et enregistré depuis son lit d'hôpital, qui obtient des critiques plus qu'encourageantes. Suffisamment pour que la jeune chanteuse persévère dans cette voie. Son premier album, Worrisome Heart, qu'elle écrit et compose entièrement, est distribué en 2008 chez Verve, une maison de disques spécialisée dans le jazz. De nouveau, le succès comme la critique l'accompagnent et elle ne tarde pas à donner toute une série de concerts. Cette activité sur scène ne semble pas l'empêcher d'écrire son second album, qui paraît un an plus tard et reçoit encore une fois un accueil favorable. La reprise de Somewhere Over The Rainbow, qu'elle chante tant en solo qu'avec Eddy Mitchell, est une réussite. En juin 2015, la chanteuse-compositeur-musicienne met rap et jazz au service de textes portant sur les bavures policières et les crimes racistes, thèmes récurrents chez l'artiste. Elle sort alors son quatrième album, «Currency of Man».Avec ses rythmes funky, ses arrangements de cuivres rétro-soul, ses chants gospel euphoriques et ses orchestrations ésotériques. Elles nous transportent à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. Entre soul et funk torride, c'est ce qui fait la signature de Melody Gardot. Il y a des artistes que l‘on aime écouter habituellement, allant jusqu'à mettre en boucle leurs chansons et autres vidéos, mais en concert l'alchimie n'est pas totale, c'est loin d'être le cas de Melody Gardot. Car c'est une artiste complète, une superbe voix suave, langoureuse et puissante, une musique jazzy-soul irrésistible et sensuelle, mais aussi beaucoup de présence sur scène. Car Melody Gardot s'est révélée être une show-woman qui sait parler à son public. Accompagnée de musiciens extraordinaires, entre autres, le jeune saxophoniste Irwin Hall Jr, l'excellent trompettiste Shareef Clayton, le tromboniste Ben Vanhille, le contrebassiste Sam Minaie, le guitariste Massimiliano Mastella, elle nous a livré de succulents morceaux de purs moments de musique. L'alchimie était là; à la guitare ou derrière le piano, la chanteuse n'a pas cessé de parler à un public conquis d'avance (en musique et en tchatche). Et quand elle rend hommage à un autre grand artiste, Chet Backer, le public tombe sous le charme. Ce public qu'elle a entraîné pour chanter en chœur avec elle son single «Preacherman» et qui a insisté pour son retour sur scène lorsqu'elle est partie (après quelques morceaux). L'artiste de retour nous a offert un dernier morceau, au grand plaisir de ses fans. Bravo les artistes et merci à Jazz à Carthage!