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Des principes intangibles et beaucoup de pragmatisme
60e anniversaire du ministère des affaires étrangères
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 05 - 2016

Lorsque Bourguiba s'attribue dans le premier gouvernement de l'indépendance le poste de ministre des Affaires étrangères qu'il cumule avec la présidence du conseil et le ministère de la Défense nationale, les lignes directrices de la politique étrangère tunisienne étaient depuis longtemps définies et une pratique diplomatique déjà ancienne a été mise en place en parallèle avec la lutte contre l'occupant par les autres moyens pour conquérir l'indépendance nationale. C'est donc dans un terrain connu qu'il a mis les pieds. Des principes intangibles guident la politique extérieure tunisienne. La non-ingérence dans les affaires des autres, le respect sourcilleux de la souveraineté nationale, l'ouverture sur le monde pour développer des relations d'amitié et de coopération font partie de ces principes. Ces principes vont de pair avec le pragmatisme dont il a fait preuve dans le combat pour la liberté : prendre en compte la réalité, manœuvrer pour parvenir au but, accepter la solution, fût-elle incomplète, pour repartir de nouveau en vue de réaliser l'objectif ultime. C'est toute la dialectique qui sera mise au service de la diplomatie. Mais il lui faut, cependant, construire un ministère et trouver des hommes pour conduire cette politique tant à Tunis qu'à l'étranger. C'est dans le vivier destourien qu'il va les chercher au départ.
Bourguiba, dès le départ, s'attache à placer la Tunisie dans son milieu naturel, le Maghreb et le monde arabe. La première fournée d'ambassadeurs est nommée à Rabat, à Tripoli, au Caire et à Djeddah (Arabie Saoudite). La question algérienne ayant pris ses quartiers en Tunisie (le Gpra à Tunis et le QG de l'ALN à Ghardimaou), le soutien à la cause du pays frère et voisin s'impose dans l'agenda tunisien.
L'unité du Maghreb est parmi les priorités de la Tunisie indépendante. Avec les développements dramatiques en Algérie où une guerre totale est menée contre le peuple frère, la Tunisie a estimé que seul un Maghreb fort peut tenir tête à la puissance coloniale. Le détournement d'avion des leaders du FLN donne l'occasion aux trois pays de montrer leur cohésion en convoquant à Tanger une conférence des partis de libération nationale dans les trois pays (Néo-Destour, Istiqlal et FLN) qui appelle entre autres à un Etat fédéral entre les trois pays.
Monde arabe : des défis et des revanches
C'est en relation avec le monde arabe que la Tunisie nouvellement indépendante va faire face au défi majeur de ses premières années de souveraineté, celui de l'ingérence dans ses affaires intérieures. Nasser, en champion du panarabisme, profite du conflit entre Bourguiba et Ben Youssef (qui trouve refuge chez lui) pour s'immiscer dans les affaires tunisiennes. C'est inadmissible pour Bourguiba qui décide de rompre ses relations diplomatiques avec l'Egypte. Méfiant envers la Ligue arabe soumise aux ordres du Caire, il décide de faire un coup spectaculaire. Presque au même moment qu'elle adhère à la Ligue arabe, la Tunisie la quitte en claquant la porte. Dans un discours minutieusement préparé à Tunis et lu en son nom, Bourguiba fustige la mainmise de l'Egypte sur l'organisation panarabe. Les relations entre Tunis et Le Caire vont passer par des moments difficiles jusqu'à la guerre de juin 1967 quand le chef de l'Etat tunisien tourne la page et décide de marquer sa solidarité et son soutien à l'Egypte de Nasser. Bourguiba a pris sa revanche sur cette ligue, longtemps aux ordres du Caire, quand en 1979 elle décide de transférer son siège à Tunis à la suite des accords de Camp David.
L'ONU lui paraît une plateforme idéale pour faire entendre la voix de la Tunisie. Il ne peut en être autrement pour un petit pays qui est confronté aux défis de la conquête des attributs de son indépendance face à une des plus grandes puissances du monde à l'époque. Le fait qu'elle soit installée en Amérique, ce monde libre qu'il a choisi depuis l'ère de la lutte nationale, cela lui met du baume au cœur et lui permet de tenir la dragée haute à la France, pourtant alliée des Etats-Unis. C'est pourquoi l'une des premières ambassades ouvertes a été celle de Washington. Mongi Slim y est nommé. Il cumule ce poste avec celui de représentant permanent auprès des Nations unies à New York dès que la Tunisie adhère à l'organisation internationale en novembre 1956. C'est là qu'il brille et donne la pleine mesure de son talent. Il sera le premier président africain de l'Assemblée générale des Nations unies en 1961. Auparavant en 1958-60, notre pays siège au Conseil de sécurité où il est élu sans vote suite au désistement de l'Iran en sa faveur.
La Palestine et Jéricho
Au sujet de l'ONU, il y a lieu de souligner que c'est dans son cadre que Bourguiba propose la solution à la cause palestinienne. C'est l'injustice du siècle, dit-il, mais le rapport de force étant en faveur d'Israël, il propose le retour au plan de partage voté par les Nations unies en 1947 et qui est l'acte de naissance de l'Etat hébreu et que celui-ci ne peut, donc, pas rejeter. Dans un discours resté célèbre, celui de Jéricho, devant les réfugiés palestiniens, le président tunisien exhorte les Palestiniens à prendre leur destin en main et à être le fer de lance de leur lutte pour récupérer leurs droits et ne pas compter sur les Arabes. Cette prise de position lui vaut des volées de bois de la part de certains dirigeants arabes de l'époque. Mais la suite lui donnera raison. Le transfert de la direction palestinienne qu'il a accueillie en Tunisie en 1982 fut comme celui du siège de la Ligue arabe sa revanche sur une classe politique arabe portée plus par les slogans creux que par la volonté de prendre en considération la réalité des relations internationales.
Soutien aux mouvements de libération en Afrique
Bourguiba se tourne très tôt vers l'Afrique qui est pour lui le prolongement naturel de la Tunisie et son arrière-cour. Le Ghana est le premier pays de l'Afrique du sud du Sahara à obtenir son indépendance de l'empire britannique le 6 mars 1957. Aussitôt Bourguiba ouvre à Accra une ambassade. Il s'y rend lui-même pour le premier anniversaire de l'indépendance et invite Kwame Nkrumah à Tunis. Quand survient la crise du Congo (Léopoldville, actuelle République démocratique du Congo), il dépêche un contingent de la toute jeune armée tunisienne au sein des forces de l'ONU (Casques bleus) dans ce pays. En Afrique, Bourguiba a soutenu tous les mouvements de libération nationale. Il a été aux côtés du Frelimo dans le Mozambique lointain ainsi que de l'ANC de Nelson Mandela dans sa lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.
Bourguiba a été aussi le pionnier de l'unité africaine. En 1960, se tient à Tunis la Conférence des peuples africains. Elle constitue le premier noyau de ce qui va devenir l'Organisation de l'unité africaine qui a tenu son sommet constitutif à Addis-Abeba en mai 1963. Bourguiba a fait au cours de ce sommet l'un de ses plus brillants discours donnant forme à une unité africaine en devenir.
Fondateur de la Francophonie
La Tunisie indépendante, débarrassée des scories de la période coloniale, s'est attachée à entretenir des relations étroites avec la France. La langue et la culture françaises sont pour la Tunisie « un butin de guerre », selon le mot de Kateb Yacine. Bourguiba en fait des outils pour le progrès et le développement sans complexe ni parti-pris. Bien plus, il est, avec ses pairs africains, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Nigérien Hamani Diori, l'un des « Pères fondateurs » de la Francophonie.
Au-delà de la France, c'est toute l'Europe qui intéresse la Tunisie indépendante. En effet, concomitamment, naît la Communauté économique européenne (CEE dit Marché commun) en vertu du Traité de Rome qui entre en vigueur en 1957. Six Etats d'Europe en font partie dont les voisins immédiats sur l'autre rive de la Méditerranée, la France et l'Italie. C'est une diplomatie économique avant la lettre qui prend en charge les relations entre la Tunisie et la CEE. Un premier accord date des années 1960. L'aire traditionnelle des échanges commerciaux de la Tunisie devient l'espace où un partenariat toujours plus poussé se développe entre les deux parties. Cette diplomatie économique ne se limite pas aux rapports Tunisie/Europe mais embrasse tous les pays et les institutions financières internationales et régionales qui ont été mobilisés pour apporter leur soutien au développement de la Tunisie.
Amitié et coopération avec tous
Sur le plan bilatéral, la Tunisie s'est souciée d'avoir des rapports d'amitié et de coopération avec tous les pays du monde sur tous les continents. Certes, le choix de Bourguiba s'est porté sur le monde libre, les Etats-Unis en tête, mais il ne s'est pas privé d'avoir de bonnes relations partout dans le monde. Avec l'ex-Urss et les pays du camp soviétique, il s'attache à profiter de l'aide qu'ils peuvent apporter à la Tunisie indépendante, notamment dans le domaine de la formation des cadres, mais aussi des opportunités d'échanges avec eux. La Yougoslavie de Tito est un partenaire privilégié de la Tunisie et elle ne manque pas de lui livrer les armes dont elle a besoin pour défendre son intégrité. La Tunisie adhère au mouvement des pays non alignés lors du Sommet fondateur tenu à Belgrade en septembre 1961. Des pays comme la Turquie, le Pakistan et l'Iran sont dès l'indépendance des partenaires privilégiés de la Tunisie. Viennent se joindre à eux l'Inde et l'Indonésie du fait des rapports d'amitié qui lient Bourguiba respectivement à Jawaharlal Nehru et à Ahmed Soekarno.
Pour conduire cette diplomatie tous azimuts, la Tunisie a pu compter sur une pléiade de diplomates de talent. Les passer en revue serait fastidieux tant ils sont nombreux. Mais il suffit de rappeler que Bourguiba a nommé, à une exception près, à la tête du ministère des Affaires étrangères des hommes qui ont réussi comme chefs de mission diplomatique. Trois d'entre eux, ressortent du lot. Ils y ont passé plus de cinq années : Sadok Mokaddem (29 juillet 1957-29 août 1962), Habib Bourguiba Jr : (12 novembre 1964-12 juin 1970) et Béji Caïd Essebsi (15 avril 1981-15 septembre 1986)


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