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Houssine Triki : Un grand militant «Hors norme»
Opinions


Par Khaled M. TEBOURBI *
Les obsèques du grand militant de la première heure Feu Houssine Triki ont eu lieu le lundi 28 mai 2012 au cimetière El Djellaz, en présence de ses proches, de ses amis, du président de la République, du président de l'Assemblée nationale Constituante, de plusieurs membres du gouvernement, du grand mufti de la République, de responsables de partis politiques, d'autres personnalités tunisiennes et d'une foule nombreuse, Feu Houssine Triki ayant émis le vœu de son vivant d'être enterré auprès de compagnons de lutte Habib Thameur et Youssef Rouissi dans le «Carré des Martyrs» au Djellaz. Rappelons-nous, Houssine Triki fut avec Salah Ben Youssef (1), Brahim Ben Tobal et bien d'autres militants tunisiens de farouches partisans d'une solidarité totale et sans faille avec le peuple Algérien, liant inéluctablement l'Indépendance de la Tunisie à celle de l'Algérie sœur. Cette politique était aussi celle de certains leaders nationalistes marocains, comme le héros de la guerre du Rif Abdelkrim El Khattabi, qui a vaillamment combattu les troupes des armées coloniales espagnoles, puis françaises. Il n'est pas question d'émettre un quelconque jugement sur la personnalité du leader Salah Ben Youssef. On ne refait pas l'Histoire, étant évident que la politique qu'il préconisait constituait une alternative, qui n'était pas celle adoptée par notre pays sous la conduite de l'ancien Président Habib Bourguiba, tournée davantage vers l'Occident qualifié alors de «monde libre», tournant plutôt le dos au monde arabo-musulman et aux pays de l'Est, alors dirigés par l'ex-Urss (2). Bourguiba adopta en effet une tout autre politique, celle qu'il qualifiait lui-même de «politique des étapes» et qu'il appliqua du reste à notre pays durant son long règne (1956/1987), avant sa destitution par son dernier Premier ministre, le Général Ben Ali à la suite d'un coup d'Etat, le 7 novembre 1987.
Une solidarité sans faille vis-à-vis de l'Algérie combattante
Force est de reconnaître cependant que l'ancien président Bourguiba a été solidaire avec les Algériens et leurs dirigeants. Il est indéniable en effet que la Tunisie a notamment abrité l'instance dirigeante qui conduisait la lutte de libération nationale algérienne, à savoir le Front de Libération Nationale algérienne (FLN). Rappelons dans ce cadre que le siège du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (Gpra) était établi à Tunis à l'hôtel Majestic. Ayant incontestablement épousé la cause algérienne, Bourguiba a aidé les Algériens dans leur lutte pour leur indépendance, avec les moyens dont la Tunisie disposait à cette époque. A titre de simple exemple, rappelons que la Radio de l'Algérie combattante et du FLN émettait à partir de Tunis. Les responsables Algériens aux divers niveaux et une importante colonie algérienne se sont refugiés et se sont installés en Tunisie durant les nombreuses années de leur lutte contre la colonisation française... Autre fait irréfutable, notre pays a hébergé et a aidé l'Armée de Libération Nationale Algérienne. Cette solidarité avec l'Algérie sœur a d'ailleurs valu aux dirigeants tunisiens la désapprobation et l'hostilité des gouvernements successifs français de l'époque et de sévères représailles de l'Armée française contre notre pays, allant jusqu'à la violation du territoire tunisien par l'aviation française, comme en témoigne entre autres le bombardement du village tunisien de Sakiet Sidi Yousef, qui a fait parmi nos compatriotes plusieurs dizaines de morts et de blessées civils, hommes, femmes et enfants.
Compagnon de la première heure du leader Habib Bourguiba avant de s'opposer à lui, feu Houssine Triki, tout comme Salah Ben Youssef, est lui aussi originaire de la ville de Monastir. Il est l'un des principaux militants de la première génération du mouvement de lutte nationale. En 1938, il s'engage très jeune au sein du Parti Libre Destourien. Il occupe des positions avancées dans la direction du Néo-Destour après l'arrestation du militant Habib Bourguiba en 1938, aux côtés de Rachid Driss, Taïeb Slim et Habib Thameur... Condamné à la peine de mort par les autorités françaises après la IIème Guerre mondiale, il s'exilera en Espagne lors de l'entrée en Tunisie des troupes alliées en 1943. Puis il ira se réfugier en Egypte. Il adhérera et sera membre du Bureau du Maghreb arabe au Caire aux côtés de Habib Bourguiba, Habib Thameur et du grand leader marocain Abdelkarim El Khattabi (3). Il militera inlassablement pour la cause algérienne et pour la Palestine, nouant une étroite amitié avec le leader palestinien Mohamed Ali Taher et le Secrétaire Général de la Ligue Arabe, El Azzem.
Maghrébin convaincu, il fut un des hommes politiques qui ont eu une vision futuriste du grand Maghreb arabe et a fait montre d'une clairvoyance politique remarquable. C'est indéniablement un visionnaire et un des précurseurs du Maghreb, tout comme le grand leader algérien Messali Hadj (4) et les autres nationalistes nord-africains de cette époque. Bénéficiant du soutien de la Ligue des Etats arabes, des leaders marocains, des nationalistes algériens, parmi lesquels Ahmed Ben Bella, et des nationaliste tunisiens de l'époque représentant les pays du Maghreb, tous se réunissaient au Caire en Egypte, œuvrant à la libération de leur pays, assurant la coordination de leurs actions politiques contre l'occupation française et travaillant à la réalisation du grand Maghreb.
Un des grands visioinnaires et précurseurs du Grand Maghreb
Ayant une conscience visionnaire de l'impératif de l'intégration des pays maghrébins, il a acquis une dimension internationale par son engagement et son militantisme en faveur de la cause palestinienne, attirant l'attention de la Communauté internationale sur le danger que constitue le sionisme dans le monde. Ayant œuvré à défendre avec acharnement la Palestine, la cause maghrébine et arabe, il a joué un rôle diplomatique important dans le monde arabe et dans les pays de l'Amérique latine. C'est lui qui est chargé d'ouvrir le premier bureau de la Ligue des Etats arabes en Argentine, afin de défendre les causes : palestinienne, arabe et du Maghreb. Longtemps contraint à l'exil, il fera l'objet de tentatives d'assassinat par le Mossad israélien, en raison de son engagement inlassable et de son activisme en faveur de la cause palestinienne.
Ayant visité plusieurs pays d'Amérique latine en 1956, feu Houssine Triki est parvenu à la conclusion que les peuples de cette grande partie du continent américain constituent le groupe humain le plus proche du monde arabo-musulman car, pense-il, «les habitants d'Amérique latine sont originaires d'Andalousie. Souvenons-nous en effet, affirmait-il, que la chute de Grenade est intervenue le 2 janvier 1492, tandis que le continent américain a été découvert le 12 octobre 1492, seulement neuf mois et dix jours après la chute de Grenade. Toutes les vagues de populations qui ont atteint ces pays avec Christophe Colomb venaient d'Andalousie».
Houssine Triki rentrera au début de 1990 à Tunis, mais n'y restera pas longtemps, préférant demeurer en Argentine, mais revenant épisodiquement au pays natal, afin de visiter sa famille et son fils unique Omar, enseignant universitaire, et pour participer à des séminaires sur l'histoire du Mouvement national. Durant son dernier voyage à Tunis, il accorda plusieurs entretiens, qui ont été diffusés par plusieurs chaînes de télévision tunisiennes, qui ont contribué à mieux faire connaître les périodes qui ont précédé l'Indépendance et la page mouvementée et tragique du youssefisme.
Ces témoignages, avec celui qu'il confia à la Fondation Temimi, ont permis de mieux faire connaître une période cruciale de la lutte de libération nationale, sous le Protectorat français mal connue, notamment au cours de la Seconde Guerre mondiale, avec la constitution du Bureau du Maghreb au Caire et l'action arabe en Amérique latine. Personnalité pluridimensionnelle, Feu Houssine Triki a consacré sa vie aux questions majeures du monde arabe et musulman. Il a joué un rôle aussi important que celui du leader Habib Bourguiba ou encore du leader Salah Ben Youssef pour défendre la cause tunisienne et la lutte pour l'Indépendance de notre pays. Emprisonné et condamné à mort à deux reprises, notamment pour activisme youssefiste (5), il l'a été la première fois pour connivence avec les forces de l'Axe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de l'Indépendance de la Tunisie, il sera poursuivi durant la «chasse aux sorcières» engagée par la Tunisie de Bourguiba contre les Youssefistes et sera condamné à mort une deuxième fois.
Non à la falsification de l'histoire
Sous les longs «règnes» du président Habib Bourguiba et du président déchu Z. A. Ben Ali, l'histoire du Mouvement de libéralisation nationale a été, hélas, occultée et souvent pervertie, les deux régimes dictatoriaux que notre pays a subis ayant bénéficié de l'engagement inconditionnel, actif et sournois de vils courtisans bourguibistes et benalistes «plus royalistes que le roi». La personnalisation et le détestable culte de la personnalité de l'ancien président Bourguiba ont été repris par le général Z.A Ben Ali. Il est à déplorer grandement que la focalisation de l'Histoire du mouvement de libération nationale de notre pays sur un seul homme a éliminé par tous les moyens possibles et imaginables et sans vergogne, après l'Indépendance de notre pays en 1956, tous les autres leaders susceptibles de concurrencer et de porter ombrage à Bourguiba, en dépit du fait que ces personnalités ont elles aussi mérité de la nation. C'est notamment le cas du militant de la première heure, feu Houssine Triki. Effacer de notre Histoire ces grandes figures du nationalisme tunisien équivaut purement et simplement à une falsification de l'Histoire de notre pays. Au lendemain de la Révolution du 14 Janvier 201I, nul doute que les Tunisiens qui se sont libérés de deux dictatures successives sont unanimes, aspirant à honorer tous ses militants. Il s'agit, dans ce cas, d'apporter le témoignage de la patrie envers un de ses plus illustres leaders, feu Houssine Triki, qui a milité avec détermination et courage pour l'Indépendance de notre pays. Dans ce cadre, on pourrait imaginer que soit organisée officiellement en son honneur :
— une cérémonie officielle présidée par de hauts responsables de la nation au cours de laquelle l'Avenue de France serait rebaptisée Avenue Houssine Triki;
— une journée à l'occasion du 40e jour du décès de ce grand militant, avec des témoignages de ceux qui l'ont connu.
Les Tunisiens ont un devoir de mémoire, étant évident qu'un vibrant hommage pourrait être rendu à cette occasion à ce militant nationaliste «hors pair», ayant vaillamment lutté pour l'indépendance de notre pays. Ce serait une belle façon de récompenser feu Houssine Triki pour son combat anticolonial qui n'a rien à envier à celui des autres leaders nationalistes, comme Habib Bourguiba, Salah Ben Yousef, Abdelaziz Thaâlbi, Salah Farhat, M'hamed Chenik, Tahar Ben Ammar, Moncef Bey, Farhat Hached, Hédi Chaker et autres...Ayant mérité de la nation, tous ont indéniablement droit à notre reconnaissance.
(1) Salah Ben Youssef, né le 11 octobre 1907 à Djerba est un homme politique tunisien et un des principaux chefs de file du mouvement tunisien de libération nationale, aux côtés de Farhat Hached et Habib Bourguiba. Il a été assassiné le 12 août 1961 dans un hôtel à Francfort en Allemagne par son cousin Béchir Zarg El Aoun, à l'instigation de son compagnon de lutte Habib Bourguiba, devenu son adversaire politique et ennemi irréductible, celui-ci ayant reconnu «avoir débarrassé la Tunisie d'une vipère» à la Télévision française: l'Ortf (Office de la radio télévision français).
(2) Ancienne République Socialiste Soviétique dissoute par l'ancien et dernier président de l'Urss Michael Gorbatchev le 26 décembre 1991.
(3) Grand résistant à la colonisation du Maroc par l'Espagne, puis par la France.
(4) Fondateur du premier mouvement nationaliste algérien «L'Etoile nord africaine» en 1924.
(5) Il a été condamné à la peine capitale la première fois pour connivence avec les forces de l'Axe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de l'Indépendance de la Tunisie, il sera poursuivi durant la «chasse aux sorcières» engagée par la Tunisie de Bourguiba contre les Youssefistes et sera condamné à mort une deuxième fois pour son soutien au leader nationaliste Salah Ben Youssef.


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