Afin de relever le défi du développement et de la modernisation du pays, la Tunisie a, dès le lendemain de l'avènement du Changement, placé la promotion des ressources humaines au cœur des priorités politiques, en généralisant l'accès de l'éducation à toutes les franges de la société et en dynamisant le secteur de la recherche, le dotant de ressources humaines, financières et techniques qui ont permis de le hisser au niveau des meilleurs dispositifs de recherche dans le monde. Les femmes ont pu progressivement s'imposer dans ce système, contribuant, grâce à l'expression de leurs compétences, à impulser la recherche scientifique en Tunisie. La présence massive du genre féminin dans la population des chercheurs est la résultante des nombreux efforts engagés par l'Etat pour faciliter l'accès des filles à l'éducation. Le taux de scolarité des filles âgées de six ans a atteint 99% dans le primaire, 58% dans le secondaire et 60% dans l'enseignement supérieur, alors que la femme tunisienne représente 44% du corps enseignant à l'université et 47% du corps des chercheurs. Par ailleurs, de plus en plus de jeunes filles choisissent de poursuivre leurs études dans des disciplines scientifiques, augmentant les rangs des chercheurs scientifiques, encouragées en cela par la politique mise en place qui garantit l'égalité des chances et l'équité dans les perspectives qui s'offrent aux chercheurs et aux chercheuses dans le domaine de la recherche. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et reflètent la présence considérable des femmes dans les disciplines de recherche. La femme chercheur et objet de recherche Le taux d'étudiantes dans les sections scientifiques de l'université est passé à plus de 50% dans les technologies de l'information et de la communication, à plus de 52% dans les sciences agronomiques et à plus de 65% dans les sciences médicales. «Cette évolution qualitative de la présence de la femme tunisienne dans les domaines scientifique et technologique constitue le prolongement naturel de la place remarquable qui est la sienne dans tous les domaines et qui a conforté ses droits au sein de la famille, de la société et des divers espaces de la vie publique et lui a permis de s'intégrer dans le circuit économique et social, forte en cela d'une volonté politique inébranlable émanant d'une profonde conviction que les droits de la femme font partie intégrante des droits de l'homme et qu'il ne peut y avoir ni progrès ni modernité sans la femme», dixit Mme Leïla Ben Ali, Première Dame de Tunisie, lors du dernier congrès qui s'est tenu sur la recherche scientifique. La femme en Tunisie n'est pas seulement chercheur. Elle a fait également l'objet d'études scientifiques dans plusieurs domaines qui rendent compte de divers aspects liés à la condition ainsi qu'à l'évolution du travail de la femme au sein de la société. Des travaux de recherche ont été conduits dans la discipline d'histoire-géographie pour étudier le rôle et la place de la femme dans le développement économique et social, dès lors que la femme, en s'instruisant, peut acquérir la même formation que l'homme, accéder au marché du travail et contribuer au même titre que l'homme au développement économique et social. «Apporter un appui accru aux chercheuses» Les études qui ont été effectuées par des femmes chercheurs géographes sur les femmes ont montré qu'elles se sont dégagées progressivement d'une société traditionnelle et se sont insérées progressivement au cours des deux dernières décennies dans le processus de développement économique et social. Dans le domaine des sciences sociales et humaines, des femmes chercheurs ont reconstitué les faits historiques de l'évolution de la femme dans la société tunisienne, balisant les repères de la dynamique féminine, à l'instar de Raoudha Chagrouch-Gharbi dont l'étude, effectuée au début des années quatre-vingt, s'est articulée autour du thème «Tahar Haddad et Mohamed Salah Ben Mrad : deux représentations conflictuelles du statut de la femme dans la société». Dans la discipline des sciences de la communication, la trilogie femme-communication-société a été au cœur de la recherche tunisienne en sciences de la communication et de l'information et les travaux de recherche effectués se sont intéressés au rapport de la femme à la lecture ainsi qu'à son vécu communicationnel et relationnel dans ses rapports avec l'homme au sein des institutions. Donc la femme tunisienne a non seulement fait l'objet de nombreuses études et travaux de recherche, mais elle s'est, par ailleurs, distinguée tout au long de ces années par ses compétences, prenant ses galons de chercheur aussi compétente et émérite que l'homme dans plusieurs disciplines. Et comme l'a souligné Mme Leïla Ben Ali, il faut renforcer la place de la femme au sein de ce dispositif et apporter un appui accru aux jeunes chercheuses, afin de les encourager à poursuivre les recherches, ce qui «contribuera à rationaliser l'exploitation de leurs potentialités créatrices et à renforcer la participation de la femme à la défense de ses causes et à la promotion de son rôle en tant que force d'impulsion essentielle des efforts de notre pays en faveur du développement durable auquel tous participent et dont tous se partagent les fruits».