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Mohamed Bari «cassidy» (ancien gardien et dirigeant du COT) : «Derrière la pénurie, un état d'esprit» Dossier : Sait-on former des sportifs de haut niveau ? (Partie 1 — Foot-ball)
Figure marquante du Club Olympique des Transports dont il garda les bois de 1959 jusqu'en 1972, avant d'en assurer le secrétariat administratif et général entre 1975 et 2000, puis la présidence en 2001-2002, Mohamed Bari, dit «Cassidy», apporte son témoignage. «Jadis, le foot de quartier constituait la meilleure école capable de développer le don technique. Tous les grands footballeurs des années 1950, 60 et 70 ont été formés sur le tas, dans les interminables parties de quartier. C'était en quelque sorte un passage obligé pour des lignées entières de superbes joueurs de haut niveau. Vinrent ensuite les centres de formation des grands clubs qui me paraissent tourner dans le vide. Il n'y a peut-être que les centres fédéraux à donner leurs fruits sans pour autant être assurés que leur produit puisse porter un jour l'étiquette de joueur de haut niveau. En parallèle, les grands clubs continuent d'acheter goulûment des joueurs prêts. L'expérience de mon club, le COT, installé dans une zone géographique à grande densité démographique, remonte au bon vieux temps de l'après-Indépendance. Une certaine continuité était incarnée par Hmid Dhib qui m'avait entraîné d'abord chez les cadets avant de me retrouver dans la catégorie seniors. Il a construit patiemment le COT, y exerçant de 1958-59 jusqu'en 1973-74. «Il n'y a plus de continuité !» Il y eut également Ali Chabbouh et Amor Dhib pour former la génération qui remporta la Coupe de Tunisie 1988, tout en terminant à la première place ex æquo avec l'Espérance de Tunis. Des natifs de 1960 (Khedher, Msakni), de 1961 (Lotfi Kaâbi), de 1962 (Henchiri, Fourat), de 1963 (Yahmadi) et même de 1965 (Boubaker Zitouni). Et puis, comment voulez-vous donner jour à des joueurs de haut niveau alors que la continuité est absente au niveau des dirigeants qui font office d'éducateurs. Depuis 2003-2004, chaque année apporte un nouveau président, et par conséquent une nouvelle politique. En 2008, le COT vit même passer deux présidents ! On a fini par vider le légendaire COT de ses meilleurs produits. A présent, toute une armada, 15 à 20 joueurs évoluent dans différents clubs de L1 et L2 : Hedhli au CA, Ghannem à Gafsa, Aït Lachgar à Monastir, Sabeur Ben Rejeb à Jendouba... Ils ont été vendus par les différents présidents qui se sont succédé depuis une quinzaine d'années à la tête du COT. Tout compte fait, l'œuvre délicate de la formation des joueurs de haut niveau, une sorte de travail d'orfèvre n'est pas une question de moyens seulement. C'est aussi et surtout affaire d'un certain état d'esprit. Le paysage du foot national continuera à ressembler à un monotone désert duquel le talent est absent tant que les clubs continuent de fonctionner selon le modèle boiteux d'aujourd'hui où tous les fonds vont vers l'équipe seniors, ne laissant que des miettes aux catégories des jeunes».