Ses personnages à la Basquiat ne s'embarrassent guère de formes ou de supports : ils chevauchent des portes récupérées, valsent sur des disques suspendus, grimpent à l'assaut de forêts de totems, ou s'alignent en jeux de dominos. Dieu qu'il est joyeux l'univers de Jnaïna Messaoudi : coloré, ludique, tonique, fantasque, fantaisiste et curieux. Cette toute jeune femme de belle lignée — tout le monde est artiste dans la famille—, donne l'irrésistible sentiment qu'elle s'amuse avant même de penser à nous amuser. Ses personnages à la Basquiat ne s'embarrassent guère de formes ou de supports : ils chevauchent des portes récupérées, valsent sur des disques suspendus, grimpent à l'assaut de forêts de totems, ou s'alignent en jeux de dominos. Ils rient ou grimacent, rêvent, s'agitent, sortent de leurs cadres, ou se découpent en silhouettes de fer forgé. Mais, surtout, ils déclenchent un véritable feu d'artifice de couleurs primaires, saturées, dans l'univers tout de camaïeux élégants de Musk and Amber. Lamia Ben Ayed suivait depuis longtemps Jnaïna, au joli nom de « petit jardin ». Elle avait repéré son travail dans le capharnaüm aux allures de cave aux trésors des ateliers de Mohamed Messaoudi où la toute jeune artiste récupérait les supports les plus improbables. Elle l'avait suivie lors de sa première exposition personnelle dans la très confidentielle galerie Antinéa. Elle connaissait son parcours de plasticienne formée à l'Institut des Beaux-Arts, ayant obtenu son diplôme en sculpture et en photographie, avant de décider que c'était la peinture qui lui seyait le mieux. Mais une forme de peinture toute personnelle, art brut mitigé d'africanisme, où la formation de sculpteur ressort dans le choix de la forme, le totem, du support, le bois, dans le parti pris d'achever ses œuvres par une petite sculpture de fer forgé. Lui offrir l'espace de cette galerie de design d'un éclectisme subtil donnait à l'artiste l'occasion d'y introduire un tsunami de couleurs, un tourbillon de sensualité, un souffle d'exubérance. Il est difficile de raconter et de transcrire l'univers de Jnaïna Messaoudi. Il faut l'appréhender avec le regard, les sensations, les impressions, les coups de cœur, les coups de folie. Il faut, en un mot, s'y immerger pour un pur moment de plaisir