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La société civile veut sortir les femmes victimes de l'ombre de l'Histoire
Instance vérité et dignité
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 06 - 2016

Grâce à la mobilisation de l'Association Tounissiet (Tunisiennes) et du Centre international pour la justice transitionnelle (Ictj), le nombre des dossiers des femmes victimes a connu une hausse sensible, passant d'un taux de 5 à 21%
Les dossiers des femmes tunisiennes ayant subi des violations de droits humains ont connu des pourcentages en hausse ces derniers mois, passant de 5% de l'ensemble des plaintes à 21%. Les délais d'inscription ayant été prolongés depuis décembre dernier de six mois, ils auront permis la déposition en tout de 46.500 dossiers, dont 8.800 appartiennent à des femmes. Cette évolution des chiffres concernant la participation des femmes au processus de justice transitionnelle, l'Instance vérité et dignité le doit en grande partie à la société civile. Et particulièrement à deux réseaux associatifs, à savoir l'Association Tounissiet (Tunisiennes) et le Centre international pour la justice transitionnelle (Ictj). A quelques jours de l'expiration des délais d'inscription des victimes, le 15 juin 2016, l'IVD a initié, vendredi dernier, à son siège à Tunis, un atelier d'échange sur «Le rôle de la société civile dans l'accompagnement des femmes victimes et les perspectives de collaboration des organisations de la société civile avec le Comité femme». Un atelier organisé en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le Haut-commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh) pour le soutien de l'opérationnalisation du processus de justice transitionnelle en Tunisie, l'ONU Femmes et le Centre international pour la justice transitionnelle. Une vingtaine de femmes victimes identifiées et accompagnées par l'association Tounissiet ont procédé à cette occasion à l'enregistrement de leurs dossiers auprès de l'IVD.
Torturées, violées, interdites d'emploi
Harcelées par la police, qui s'introduit chez elles à n'importe quelle heure du jour, privées volontairement de toute ressource économique, incarcérées arbitrairement, seules sans le père de leurs enfants, obligées parfois à divorcer d'un homme aimé à coup de pressions du pouvoir... Mais également torturées, violées, bannies de tout travail, interdites de lycée, d'universités et même d'hôpitaux y compris pour soigner des nourrissons, stigmatisées par une société traditionnaliste à cause d'un passage en prison... la liste des atteintes visant les femmes tunisiennes inscrites dans la dissidence politique ou épouses, sœurs ou mères d'un opposant est très longue. «Elles sont souvent les victimes indirectes de la répression mais ne le savent même pas. Parce que les femmes tunisiennes sont dans le don total de soi. Nous savons, également, qu'a cause de tous les tabous et par crainte d'être diabolisées par leur entourage, elles n'osent pas témoigner de ce qu'elles ont subi dans les centres de détention», signale Ibtihel Abdellatif, présidente du Comité femme de l'Instance vérité et dignité. Ce comité a mis en place des mécanismes spécifiques pour accueillir et aider les femmes victimes et les protéger lorsqu'elles le souhaitent sans dévoiler leurs identités. «Qu'une femme se déplace dans l'un de nos bureaux est souvent considéré comme un exploit. Pour cela, nous entourons les dépositions des femmes et leur audience privée de l'anonymat et de toutes les garanties susceptibles de les rassurer. La confidentialité de leur dossier fait partie de nos priorités. Leur témoignage est recueilli par une femme, et à leur demande par un homme, dans le cas ou leur bourreau s'avère de sexe féminin. Nous continuons le suivi des plus vulnérables sur le plan psychologique, social et économique et orientons les plus traumatisées vers l'institut Nebras de réhabilitation des survivants de la torture», explique Ibtihel Abdellatif.
Tu ne témoigneras point !
Selon une étude du Baromètre de la justice transitionnelle intitulée : «La participation des victimes au processus de justice transitionnelle. Participer, c'est avoir de l'espoir», les hommes, leurs maris, leurs frères ou leurs pères n'encouragent pas les femmes à aller témoigner, en particulier lorsqu'elles ont subi des violences sexuelles. Beaucoup de pressions sociales continuent ainsi à peser sur les Tunisiennes, à étouffer leur élan pour connaître la vérité, demander des comptes au système de l'Etat et à inscrire leur récit dans l'Histoire sombre du pays.
L'idée de l'Ictj de mettre en place en septembre dernier un «Réseau de la justice transitionnelle pour les femmes aussi» est né de ce constat. Le Réseau, qui cherche à insuffler la variable genre dans le processus de JT tunisien est formé d'une quinzaine d'associations féminines, réunies autour d'une charte, et couvrant le pays du nord au sud. Il est encadré par l'Ictj à coups d'ateliers de formations visant à pousser les femmes à s'impliquer davantage dans le processus en général, à témoigner des atteintes aux droits humains commis pendant la période de la dictature et à déposer leurs dossiers avant la fin du délai consacré à cette phase en particulier.
L'Association Tounissiet fait partie de ce réseau tout en développant son propre projet : «Victimes du passé, leaders d'aujourd'hui», qui bénéficie de l'appui du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), du Haut-commissariat aux droits de l'Homme (Hcdh) et de l'expertise de l'Ictj. Pour surmonter les blocages des unes et les traumatismes des autres, les membres de Tounissiet rencontrent les femmes dans des lieux qui leur sont dédiés, comme les centres de planning familial des vingt-quatre gouvernorats du pays, afin de les aider à comprendre la démarche de la justice reconstructive et à leur faire connaître leurs droits de victimes directes ou indirectes.
Après l'expiration des délais d'enregistrement, commencera une phase importante : l'analyse des dossiers et des types de violations. La Commission investigations prendra alors la relève pour chercher à savoir si des poches et des périodes de violation n'ont pas été couvertes par les plaignantes. Le maping des atteintes aux droits de l'Homme commis entre juillet 1957 à décembre 2013, que cette commission est en train de dresser, lui servira de combler les vides et de reconstruire tout le paysage des sombres phases de l'histoire de la Tunisie.


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