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De l'écriture à la rédaction
Une rencontre avec FAOUZI MELLAH
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 06 - 2016

Il est né à Damas, est écrivain tunisien, et vit et enseigne à Genève. On lui doit plusieurs romans et essais. Avec son dernier livre, «Ya Khil Salem», adoptant le titre d'une chanson de Saliha, paru aux éditions Démeter, Fawzi Mellah remportait le prix Comar. Nous l'avons rencontré pour vous.
Vous êtes né à Damas, et votre histoire familiale pourrait faire l'argument d'un roman.
Je suis né, effectivement à Damas. Mon grand-père appartenait à cette génération de grands commerçants tunisiens qui voyageaient à travers l'Orient, et dont on disait qu'ils avaient une femme dans chaque port. De son épouse syrienne est née ma mère. Mon père, syrien lui aussi, est décédé lorsque j'ai eu six ans, et ma mère, jamais réellement acceptée par sa belle famille, décida de rejoindre la famille tunisienne de son père pour réclamer ses biens. A Tozeur, on ne l'attendait pas, et elle dut se battre comme une lionne pour récupérer ses parts d'héritage. Aussi, quand on me dit pourquoi avoir écrit « Elyssa reine vagabonde », je réponds souvent : c'est l'histoire de ma mère. N'a-t-elle pas quitté la Phénicie pour Carthage ? Et la question que je déteste est bien : « Est-ce que vous vous sentez syrien ou tunisien ? » Car la réponse est évidente pour moi. Je suis les deux à la fois.
Votre vie est donc matière d'un roman. Quelle part occupe l'autobiographique dans vos écrits ?
Il m'est toujours extrêmement difficile de distinguer l'autobiographique du fictionnel. Il y a certainement du personnel qui ressort de temps en temps. Tout cela se mélange pour faire un roman. J'aime la phrase de Borgès : « Tout cela est vrai puisque je l'ai imaginé »
Vous êtes écrivain, mais aussi quelquefois journaliste dans votre façon d'appréhender certains évènements.
Je ne suis pas chroniqueur. Depuis 2011, je n'ai rien écrit, préférant prendre du recul sur l'actualité brûlante. On peut penser, en effet, que j'ai fait œuvre de journaliste d'investigation dans le cas de « Clandestins en Méditerranée ». Les vrais journalistes n'avaient pas vu le problème à l'époque. Personne n'en parlait. Nous venions chaque année en vacances à Kélibia, et chaque année, une famille pleurait un enfant. Des amis, à Kerkennah, vivaient les mêmes drames. Pourtant, les journaux n'en parlaient pas encore. Mais ce n'était pas pour autant du travail de journaliste. Disons que ce serait une curiosité se situant entre la sociologie et la littérature. Je voulais savoir ce que racontent ces gens qui partent, et surtout ce qu'ils se racontent. Moi qui suis un vieil émigré, et qui ai vu l'Europe dépérir, je voulais savoir comment ils imaginaient ce qu'ils croyaient être l'Eldorado
Comment choisissez-vous vos sujets : une rencontre, un personnage, un moment de l'Histoire ?
Dans une galerie d'art, je vois un tableau. Ce tableau a une histoire, j'ai envie de savoir laquelle, et un roman commence. « Elyssa reine vagabonde », par exemple, est né d'une question de ma fille. Elle s'appelle Meryem, elle porte le prénom de ma mère décédée quelques mois avant sa naissance, et me reprochait de ne jamais lui avoir parlé de cette grand-mère dont elle portait le nom. A Paris se tenait, à ce moment-là, une grande exposition sur « La Tunisie, de Carthage à Kairouan ». Je suis passé devant un buste représentant Didon. Ce fut là le point de départ de l'histoire de ma mère, et de Didon quittant la Phénicie pour Carthage.
Comment écrivez-vous ? Dans l'urgence, dans le recueillement, dans la solitude ? Le matin, le soir, dans l'euphorie ou dans la douleur ? Vite ou lentement ?
J'écris dans le recueillement, et je suis reconnaissant à mon entourage de sentir venir ce que j'appelle l'heure de la prière. Pour écrire, j'entre en moi-même, il y a un besoin d'intériorisation. Je convoque l'enfant que j'étais pour lui raconter une histoire. Une histoire déjà mature, mais pas encore apprêtée. Car je distingue entre l'écriture et la rédaction. L'écriture est un processus de maturation dont la majeure partie se passe de façon inconsciente. Quand c'est prêt, le roman veut alors sortir. Je ne suis, alors, que le rédacteur, le porte-plume. Le plus difficile, ce sont les cinq ou six premières lignes : celles qui donneront ce que le musicien appelle la tonalité. Or, la musicalité des mots joue un grand rôle dans l'écriture. Pour « Elyssa reine vagabonde », j'ai mis des mois à trouver ces premières lignes. Le reste vient après. J'y passe le temps qu'il faut
Vous a-t-il fallu cinq ans pour ce dernier livre ?
Effectivement. J'ai fait des ébauches : un premier jet sur Mohamed Bouazizi, une mauvaise chronique. Puis, j'ai tenté une approche théorique. Elle n'apportait rien. Au mois de février dernier, j'assistai à un concert hommage à Saliha au Palais D'erlanger. On chantait « Ya khil Salem ». Et je me suis dit : « Ça y est ». Le reste n'était que technique pure, péripétie d'écriture.
Et que représentait, alors, pour vous cette chanson?
«Y a khil Salem, Bech raouahtouli ». C'était dire "tout ça pour ça". On a vaincu la dictature pour accepter la tyrannie collective. J'avais trouvé ma tonalité dans ce chant bédouin qui ressemblait à une tragédie grecque
Un livre, dites-vous, commence à vive en vous bien avant que d'être écrit. Une fois terminé, continuez vous à le porter ?
Quand il est sorti, c'est terminé. Je ne peux même pas le relire. Un jour, en Allemagne, mon traducteur m'a relu quelques pages d'un de mes livres. J'ai trouvé cela très mauvais. Ce serait comme une passion qui finit en total rejet....
Parlez-nous de ce personnage central de votre livre « Ya Khil Salem » : Khedija, magnifique icône féminine.
Khedija est enseignante. On porte un absolu en soi quand on porte ce métier. Un enseignant veut transférer son amour, sa passion. L'éducation est nécessaire, non seulement pour donner aux enfants les moyens techniques de gagner leur vie, mais pour améliorer leur âme. C'était l'image qu'en avaient nos premiers hommes politiques. Si l'éducation n'ouvre pas des fenêtres, si elle n'ajoute pas au lieu d'enlever, qu'est-ce alors que l'éducation ?Khedija ne porte pas en elle de cité idéale. Elle est une optimiste professionnelle. Elle parie sur la transformation possible des jeunes. Il faut une dose de courage, d'insolence pour lutter contre le désespoir. L'éducation sert à améliorer, à ouvrir, à donner une respiration
Quel sera le prochain livre qui, croit-on savoir, paraîtra au mois de juin prochain?
Il ne s'agira pas d'un roman mais d'une réflexion sous forme de dictionnaire. J'essaierai d'y recenser les douze plaies du monde arabe. Une réflexion libre, qui ne se veut ni académique ni universelle. Je m'interroge : qu'est-ce qui, depuis l'Empire Ottoman, ne va pas chez nous? Une espèce d'archéologie de l'échec. On nous avait appris que l'Histoire était une progression continue, de A vers Z et que Z était meilleur que A. Or, chez nous, l'Histoire non seulement piétine, mais revient en arrière. De A à Z, j'y recense donc les notions les plus importantes pour moi :A, ou le besoin d'autoritarisme, Z ou le zaïmisme, ou le désir d'un d'être « zaïm »


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