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À la Foire Internationale du Livre à Sousse | (11 au 21 mai 2023) « El Melef El Asfar » de Amira Ghenim : Un roman de qualité supérieure !
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 05 - 2023

Amira Ghenim, l'autrice déjà largement connue de «Nazelet dar el akaber», nous donne à lire, ici, un «roman psychologiques» de qualité supérieure à l'intrigue bien ficelée et aux personnages fort attachants qui confirme son exceptionnel talent de romancière douée, talentueuse et plus que prometteuse. Une vraie alchimiste du verbe et une vraie magicienne de la langue arabe qui signe son nouveau roman à la Foire internationale du livre qui se tient à Sousse du 11 au 21 mai 2023.
Voici un beau roman en langue arabe comme on en écrit rarement en Tunisie et qui a déjà fait l'événement littéraire de ce deuxième trimestre de l'année 2023 : «El Melef El Asfar» (Le dossier jaune ou le vieux dossier). Un roman on ne peut plus troublant qui, dès son prologue, vous jette un sortilège pour vous attirer dans ses filets et vous attacher jusqu'à l'enchantement suprême. Car son autrice, la romancière tunisienne, maintenant largement confirmée, Amira Ghenim, ne fait pas que l'écrire, mais trace à l'aiguille et au burin sa prose novatrice et sa vive gymnastique scripturaire dans votre peau de lecteur pour se glisser ensuite, à votre insu, en vous-même, atterrir dans l'obscur de vos fantasmes et vos émotions, créer en vous cette insoutenable douleur de l'amour et de la perte, vous faire mal, délibérément, littérairement, en vous faisant jouir, en «sado-masochiste» tel surtout son personnage central, Ghassen El Jaouadi, par qui le scandale arrive. Mais par qui arrive aussi toute l'histoire tumultueuse, époustouflante, de ce roman, sortant, à un rythme narratif savamment maîtrisé, de sa bouche de héros-narrateur intradiégétique. Un héros négatif mystérieusement subjugué, fasciné jusqu'à l'aveuglement, par une espèce de femme fatale comme on en trouve parfois dans une vie gravement marquée par le Destin ou dans le classique film noir. Une femme au charme irrésistible et dangereux, refermant en elle-même des blessures, une diabolique volonté de domination et un monstre qui lui échappe ; une femme ambitieuse qui calcule son coup, ses coups successifs, nourrit à distance et sans répit les désirs obstinés, obsédants, de sa victime. Stratège et machiavélique, elle conduit Ghassen El Jaouadi, son fou amoureux insoumis au principe des réalités, par le bout du nez, jusqu'à sa propre perte, jusqu'à la dévastation de sa vie conjugale avec la paisible et patiente Emna, jusqu'à sa dépossession de lui-même et son effondrement dans le délire paranoïaque où se confondent réalité, perceptions, sentiments frustrés, cassures intérieures et illusions.
Quelque chose ici fera sans doute penser un peu au mythe toujours vivant et vif de la femme tentatrice et destructrice tout à la fois : Eve qui tenta Adam et lui causa la condamnation à la terre et à la souffrance ! Et celle qu'a façonnée superbement Amira Ghenim, dans une langue de la plus belle eau, soyeuse, d'une grande richesse lexicale, poétisée au plus haut degré et à l'effet quasi hypnotique, s'appelle «Hajer» (nom dérivé du verbe «Hajara» en arabe voulant dire «quitter», «délaisser», partir loin) et elle porte bien son nom. Car elle ne fait rêver Ghassen que pour l'abandonner ensuite dans la solitude, la folie et la douleur.
Etait-elle en fait, elle-même, une simple vision obsessionnelle, un fantôme revenant d'un cimetière ? A-t-elle fini par mourir elle-même lamentablement après s'être appliquée à le tuer par petites doses ou après qu'il s'était promis de splendides amours impossibles avec elle ? La voix narrative de Ghassen El Jaouadi, masculine qui se démarque délibérément de celle, féminine et volontairement «muette», de l'autrice, et qui raconte, au seuil de sa mort, à la première personne du singulier, au présent de l'indicatif, dans un long flash-back, le passé de cette improbable passion meurtrière, sait répondre à ces questionnements, déjà depuis l'incipit du roman intitulé «Salutations du moribond» (pp. 5-7) et directement adressé à Azraël, l'ange de la mort, par le héros-narrateur qui se meurt en remontant sa propre histoire tragique avec sa passion assassine. Les coupures des journaux trouvées soudain, vers la clôture du roman, dans un vieux dossier caché depuis 4 ans, et qui est le satané «Melef El Asfar», révèlent l'identité mortuaire de cette femme fatale devenue, après une grave «psychose hallucinatoire chronique» dans laquelle a sombré le personnage principal traumatisé par la terrible mort de l'aimée, une image obsédante qui l'obnubile et le coupe totalement de la réalité. Toutefois, la très habile Amira Ghenim s'arrange pour que le lecteur ait à la fin un doute sur la nature-même de ce discours narratif qui croit être un flash-back, c'est-à-dire une reconstruction d'un passé déjà vécu, avant qu'il ne s'aperçoive vaguement que toute l'histoire n'aurait jamais eu lieu et qu'elle ne serait qu'une construction «psychotique», essentiellement fictive, faite de phantasmes obsédants, de désirs refoulés et d'images oniriques pour vivre, dans le déni de la réalité et en attendant la mort, un bel amour compensatoire.
Amira Ghenim — qui nous donne à lire ici, un «roman psychologique» de qualité supérieure à l'intrigue bien ficelée et aux personnages fort attachants, en dépit de leurs défaillances intérieures, et qui n'est pas vraiment son deuxième roman, mais sa belle primeur qu'elle a produite quelques années avant son étonnant et incontournable «Nazelet dar El akaber» (cf- notre papier dans ce journal du 17/10/2020, p. 16) et que, pour diverses raisons, elle n'a fait éditer, à Tunis, que cette année, après une première édition aux Emirats arabes unis, confirme dans ce «Melef El Asfar» son exceptionnel talent de romancière douée, talentueuse et plus que prometteuse. Une vraie alchimiste du verbe et une vraie magicienne de la langue arabe, cette langue qui, sous sa plume enchanteresse, nous devient plus proche et plus belle !
Amira Ghenim, «El Melef El Asfar», Tunis, Editions «Pop Libris», 2023, 306 pages, Conception de la couverture par Hena Ouaslati. Prix de Rached Ben Hmad Echarqui pour la Création» en 2020.


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