C'est une «mégatendance» qui modifie en profondeur les sociétés africaines pour servir ainsi les objectifs du développement durable, et transformer les villes africaines en moteurs de croissance. «L'Afrique doit voir grand, accomplir de grandes choses et avancer à grands pas. Ne faisons jamais preuve d'un manque d'ambition pour l'Afrique». Ce message du président de la Banque africaine de développement, lancé à l'occasion de ses assemblées annuelles, est largement significatif. Il atteste de l'importance du potentiel dont dispose notre continent, mais malheureusement encore en mal d'exploitation. Aujourd'hui, changement de contexte oblige, il faut absolument libérer rapidement ce potentiel, pour rattraper, progressivement, le retard sur les pays développés et surtout garantir aux générations futures leur droit à un développement socioéconomique durable. De ce fait, l'on estime que le nouvel agenda lancé tout récemment à Lusaka est une réponse concrète à ces nouvelles exigences Reste que l'application rapide et intelligente de ce programme repose, en grande partie, sur l'implication inconditionnelle de tous les acteurs, mais aussi et surtout la caution des dirigeants politiques. Justement, pour lui, l'émergence a besoin de mutualisation. Cette mutualisation est d'autant plus importante que l'Afrique, en plus de son potentiel, dispose d'autres avantages compétitifs. En effet, et comme le souligne le rapport annuel sur les perspectives économiques en 2016, l'Afrique est l'un des rares qui a maintenu un comportement positif en 2015, grâce à une bonne capacité de résistance aux chocs. Le rapport relève justement que les flux financiers nets en direction de l'Afrique ont été estimés à 208 milliards USD, soit 1.8 % de moins qu'en 2014 sous l'effet d'une contraction de l'investissement. À 56 milliards USD en 2015, l'aide publique au développement a, toutefois, augmenté de 4 %, les envois de fonds restant la source de financement extérieure la plus stable et la plus importante, à 64 milliards USD en 2015. Investir massivement dans l'infrastructure Aujourd'hui, il est nécessaire donc de transformer cette résilience en croissance rapide globale et inclusive. En plus de cette question de résilience, l'Afrique dispose d'autres atouts de taille, l'importance de la croissance démographique et l'urbanisation. Le rapport sur les perspectives économiques en Afrique 2016 précise, dans ce contexte, que «la population urbaine a doublé entre 1995 et 2015 pour atteindre ainsi les 485 millions d'habitants. Il faut donc savoir tirer pleinement profit de cette évolution démographique et surtout urbaine». Car, « à condition d'être encadrée par des politiques appropriées, l'urbanisation peut contribuer à faire progresser le développement économique par la hausse de la productivité agricole, l'industrialisation, l'essor de la classe moyenne et ses répercussions bénéfiques sur les services, et l'investissement direct étranger dans les corridors urbains. » Elle « peut également promouvoir le développement social grâce à un habitat urbain plus sûr et inclusif, et des systèmes robustes de protection sociale ». L'urbanisation a également pour mérite, toujours selon le même rapport, de « favoriser une saine gestion environnementale en remédiant aux effets du changement climatique, ainsi qu'à la rareté en eau et en autres ressources naturelles, en agissant sur la pollution atmosphérique, en développant des systèmes de transports publics propres et d'un bon rapport coût-efficience, et en améliorant la collecte des déchets et l'accès à l'énergie ». D'une manière plus globale, elle est une mégatendance qui modifie en profondeur les sociétés africaines pour servir ainsi les objectifs du développement durable, et transformer les villes africaines en moteurs de croissance à l'échelle du continent. Toutefois, pour tirer pleinement profit, il est nécessaire d'investir massivement dans l'infrastructure. Le rapport précise d'ailleurs que «deux tiers des investissements dans les infrastructures urbaines nécessaires à l'horizon 2050 doivent encore être faits». Il est nécessaire également «d'améliorer la connectivité avec les zones rurales, d'améliorer l'adéquation entre les marchés de l'immobilier et la demande de logements en précisant les droits fonciers, et d'encadrer la croissance des villes intermédiaires». En somme, l'on pense « que des réformes courageuses des politiques et des initiatives ambitieuses de planification seront nécessaires pour récolter les fruits de l'urbanisation».