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Rupture du jeûne pieds dans l'eau
Sidi Ali Mekki
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 06 - 2016

Les mœurs ont changé. La génération actuelle aime profiter de la vie.
Quelques années en arrière, rompre le jeûne en dehors de la maison était inconcevable pour les familles tunisiennes. Une honte presque. Quelques restaurants des grandes villes préparaient l'Iftar pour des célibataires ou des veufs. Or, depuis que le mois saint se déroule en été, les habitudes des Tunisiens ont changé, notamment la jeune génération qui va de plus en plus rompre le jeûne dans un restaurant de préférence près de la mer.
Nous avons repéré sur les réseaux sociaux une liste de restaurants qui proposent un menu spécial Iftar. Nous avons choisi l'un d'eux situé à Sidi Ali Mekki à Ghar El Melh, station balnéaire très prisée par les familles tunisiennes, située à environ 60 km de Tunis. On peut emprunter l'autoroute ou la Nationale, le trajet est agréable et sans encombres. Le bouchon commence à Ousja, où se tient le marché hebdomadaire. Dès samedi, les vendeurs installent leurs marchandises et les clients commencent à affluer, perturbant le trafic routier.
Après ce premier contretemps, on arrive à Ghar El Melh, là aussi l'entrée de la ville en direction de Sidi Ali Mekki est compliquée. La rue notamment au niveau du «Sabbat» ne peut contenir qu'un véhicule. Il faut donc s'armer de patience pour traverser ce bout de chemin. Arrivé à Sidi Ali Mekki, on est accueilli par des agents municipaux carnet en main, ils barrent la route, nous obligeant à payer 1,5d le stationnement au parking. En réalité, il n'y a pas de parking. Mais on ne peut accéder à la plage qu'en payant le passage.
Parking encombré
Une fois ce premier barrage franchi dans un tohu-bohu indescriptible, d'autres garnements munis de bâtons indiquent l'accès à un soi-disant parking. Puis, vous soutirent encore 1,5d. Pas la peine de tergiverser ou de rebrousser chemin, l'encombrement est tel qu'il vaut mieux céder. Une fois sur la côte envahie par des centaines de parasols et de restaurants installés à quelques mètres de la mer, il faut aller tout de go au resto où on a fait la réservation. Dès qu'on a récupéré la table, on oublie les mésaventures survenues en cours de route et on profite au mieux de la mer et du dîner de l'Iftar en préparation.
La mer est quelque peu agitée mais les gens se baignent, d'autres profitent du spectacle des baigneurs en attendant la rupture du jeûne. Trois amis : Zied de l'Ariana, Ramzi du Bardo, Zine Hamza de La Soukra, tous du même âge, 24 ans, travaillent dans un centre d'appel à Tunis, sont arrivés vers 16h et ont profité d'une baignade. «C'est la première fois que nous venons rompre le jeûne à Sidi Ali Mekki. Nous avons programmé cette sortie depuis le début de la semaine. On comptait apporter avec nous le repas, puis en consultant Facebook, on a repéré des restaurants qui organisent des Iftar sur réservation», confie l'un d'eux. Au cours de la semaine, ils rompent le jeûne au centre d'appel, qui offre à l'équipe du soir le repas.
Changer d'ambiance
Changer d'ambiance sans toutefois se ruiner, telle est leur motivation pour quitter le cocon familial. Selon eux, le seul bémol reste l'encombrement du parking. «Il y a des gens qui trouvent des difficultés à se garer alors qu'ils ont payé le droit de stationnement (1,5d). On paie sans savoir si on va trouver une place», se désole l'un des trois amis. «Il faut reconnaître qu'on s'attendait à trouver une grande foule. Samedi, les familles s'organisent pour sortir. D'habitude, le Tunisien est casanier et ne fait la rupture du jeûne que chez lui. J'ai vu un reportage télé sur ce phénomène. La caméra s'est déplacée à La Goulette où de nombreux Tunisiens rompent l'iftar. Ceci ne s'explique pas seulement par l'arrivée de la saison estivale mais il y a un changement de mœurs. Les gens en ont marre de faire la cuisine. Ramadan est fatigant à cause de la longue journée de jeûne. De plus, s'enfermer dans la cuisine avec la chaleur et le souci de trouver une recette est une routine avec laquelle le Tunisien veut rompre. Quoique nos parents trouvent étrange qu'on mange dehors au mois de Ramadan».
A proximité de ces trois copains, Cyrine, 24 ans, Fatma, 24 ans, Meriem, 24 ans, internes en médecine à Bizerte sont réunies autour d'une table pour rompre le jeûne. «Nous voulions changer d'ambiance» avoue l'une d'elles. Habituellement, les femmes sont plus casanières et ne veulent en aucun cas abandonner leur cuisine pour sortir rompre le jeûne dans un restaurant. «Ce sont nos mères qui tiennent beaucoup à leur cuisine, pas nous» rétorque Fatma, admettant que les mentalités ont bien changé.
Manel Hafedh est accompagnée de son mari et de son bébé de deux mois. Elle travaille avec son conjoint, directeur d'un centre d'appel, mais en ce moment, elle est en congé de maternité. «C'est la première fois que nous décidons de rompre le jeûne à l'extérieur. C'est tout à fait par hasard. Nous avons réservé par téléphone, sur recommandation de ma famille qui est venue auparavant dans cet endroit. J'aimerais bien sortir tous les week-ends dîner dehors. Mon mari n'aime pas beaucoup rester à la maison», confesse Manel. Et d'ajouter, cela nous permet de nous changer les idées et de nous distraire un peu après une semaine de travail. Abondant dans le même sens, son mari affirme que chaque année au mois de Ramadan, ils rompent le jeûne dans différentes régions balnéaires : Kélibia, Korba, Nabeul, etc. et de relever que les mœurs ont changé. Outre le facteur climatique qui incite à la sortie, la génération actuelle aime profiter de la vie.
Un Iftar à 25 D
Le restaurant de Mohamed Ghomidh, 28 ans, de Ghar El Melh, fait le plein chaque week-end. «Je reçois entre 250 à 300 personnes par jour», relève ce dernier. Abandonnant l'informatique et le travail à l'étranger, à son retour au bercail, il y a 5 ans, juste après la révolution du 14 janvier, il monte avec ses deux autres frères le projet d'un restaurant. «Ghar El Melh est un village paradisiaque où il existe tous les moyens de divertissement, lac, lagune, mer, montagne...» souligne-t-il. Il a démarré avec ses propres moyens. «On a fait un petit local avec de la paille qui nous a coûté entre 4 et 5 mille dinars. La capacité d'accueil était alors réduite. Petit à petit on s'est fait connaître grâce à la convivialité et la bonne cuisine. Nos clients viennent de partout, il y a même des étrangers», enchaîne-t-il.
La petite cabane en bois a été aménagée en un local en bois fixé sur pilori de façon à ce que la mer ne l'affecte pas lorsque la marée est haute. Le projet s'est ainsi agrandi et les ennuis ont commencé. L'Agence de protection et d'aménagement du litorral a imposé un règlement qui consiste à exploiter la plage pour les restaurants et cafés en bord de mer du 15 juin au 15 septembre. Mohamed qui ambitionne l'extension de son affaire et de l'exploiter durant toute l'année n'a pas trouvé écho auprès des autorités. «Nous sommes obligés de déroger à la règle parce que nous n'avons pas le choix. Ghar EL Melh n'a pas d'autres sources économiques que la mer», rouspète-t-il.
Pendant que les clients profitent de la baignade, le staff des cuisiniers s'active à préparer le repas, dont le menu est composé de : dattes, tchich aux fruits de mer, brik à la chevrette, salade tunisienne et salade méchouia, complet poisson composé d'une daurade, frite et tastira et le dessert : fruit de saison, thé à la menthe et une bouteille d'eau. Un seul et même menu à 25d par personne. A l'approche de l'Iftar, les 25 serveurs et cuisiniers auront du fil à retordre pour nourrir et servir tout ce beau monde qui doit rompre le jeûne en même temps. Certains seront servis plus vite, d'autres moins vite. Certains clients iront chercher leur plat à la cuisine s'ils ne veulent pas trop attendre. D'autres seront privés de salade. Mohamed explique cela par le fait que «des clients réservent pour trois, mais viennent à cinq, on ne va pas les renvoyer».
Des prestations à améliorer
Cela fait trois ans que son restaurant organise des dîners d'Iftar. Dans les environs, six autres restaurants sans compter une dizaine près du port qui pratiquent le même système. «La concurrence est rude», reconnaît le restaurateur. La fourchette de prix se situe entre 15d et 25d, voire plus. «En ce qui concerne notre restaurant, le bouche à oreille fonctionne bien ainsi que les reportages télé et notre page facebook nous ont beaucoup aidé à nous faire connaître. L'année dernière, ça a bien marché et cette année aussi si cela coïncide avec un beau temps». Mis à part le dîner, quelques restaurants proposent de la musique et font appel à des DJ pour animer les soirées.
Mohamed reconnaît que le seul handicapé c'est le parking, notamment en haute saison : juillet et août. La circulation devient dense et les gens peuvent passer facilement 3 heures dans l'embouteillage. «C'est mal organisé et infernal.
Les responsables sont bien au courant, mais rien ne bouge», martèle-t-il. Pour ce qui est du contrôle sanitaire, l'inspection a lieu au début de la saison estivale. Les autorités sont au garde-à-vous. L'hygiène doit être respectée. «En tout cas, tous nos produits (poissons, légumes et fruits) proviennent de la région», déclare Mohamed qui reconnaît que ces trois dernières années les Tunisiens ont pris l'habitude de rompre le jeûne dans les restaurants. «Les traditions ont changé. La première semaine, ils restent à la maison, puis les femmes en ont marre de la cuisine et veulent se libérer. Nous proposons à nos clients un dîner pieds dans l'eau dans un cadre agréable, dans la convivialité et la sécurité».
Ghar El Melh est une destination prisée par les Tunisiens. Elle a gardé son charme malgré l'encombrement et l'envahissement des plages aménagées. 120 autorisations ont été délivrées par les autorités locales.


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