On ne gère pas une institution sportive comme on gère un cabinet de conseil En dépit du branle-bas de mouvement annoncé à la tête du CA, le mercato est d'ores et déjà lancé avec des reconductions réalisées en attendant des renforts ciblés et des départs quasi confirmés. A l'inverse de la politique menée l'hiver dernier (marché hivernal), cet été sera forcément bien plus agité du côté du Parc A. L'occasion de tenter d'étudier et d'élucider d'un peu plus près la logique pas toujours très claire des décideurs clubistes. Sans analyser intrinsèquement la portée des premiers contrats ficelés (ou en passe de l'être), ces premiers mouvements laissent une nouvelle fois, sur le fond, dubitatif au vu de la politique et des affirmations ouvertement prêchées par les composantes fortes du CA. On n'ira pas jusqu'à dire qu'au fur et à mesure que le temps passe, le CA persiste dans ses incohérences, comme si l'établissement d'un véritable projet, notamment en termes de formation, n'était en réalité qu'une vaste utopie, un an à peine après avoir regoûté au succès. Mais de tenter de dissocier le contenu du contenant, le premier devant refléter le second en termes d'apport et de renfort, et non pas juste pour le décor. En clair, nous faisons ici allusion à l'attaquant nigérian Stanley Ohawuchi, à Omar Zekri et à l'Algérien Mokhtar Belkhiter (dont les négociations ont déjà abouties). Globalement, l'historique et autre palmarès permettent de percer les secrets de la gestion des CV. C'est une étape capitale, puisque de nombreuses «candidatures» de joueurs sont éliminées à ce moment. Se montrer sélectif, c'est comme si les paramètres étaient pris en compte, tels que la marge de progression, la formation acquise à la base, le caractère, la discipline, le mental du compétiteur, sa stabilité, sa détermination et son ambition. Tout cela ne peut être déchiffré en un simple clic. Or, nous assistons de nos jours à la montée en puissance du «e-recrutement», ce qui occasionne de grosses marges d'erreurs. En clair, on gère désormais des flux très importants. Et pour compenser le temps passé à organiser sa base de données, les clubs consacrent moins de temps à analyser et à superviser le joueur en période «probatoire». D'où l'incontournable nécessité d'agir à l'ancienne et de se fixer sans hésitation sur le profil du joueur sous la main. Force est de constater que du côté du Parc A, les tenants n'ont pas vu juste la saison passée. On ne gère pas une institution sportive telle que le CA comme on gère un cabinet de conseil. La dimension humaine n'est pas la même. La réussite d'un joueur est pluridimensionnelle. Elle dépend de plusieurs volets comme la faculté d'adaptation, le caractère et l'environnement immédiat. Le but n'est pas ici de remettre en question ni les tiraillements connus au sein du club cette année, ni de juger de la qualité des joueurs recrutés ou plus généralement du niveau de l'équipe clubiste. Délit de faciès ou problème de niveau ? Depuis sa prise de fonction, l'exécutif clubiste a clairement affiché l'ambition de développer un centre de formation performant. Investir dans le vivier et revenir aux fondamentaux. C'est forcément louable surtout si l'alchimie de groupe opère via un savant dosage sans aboutir à un conflit de générations. L'idée est donc simple, le CA doit pouvoir, avant d'acheter tel ou tel joueur, s'appuyer sur son socle et ses jeunes pour briller. D'aucuns ont même osé le parallèle avec l'équipe championne de Tunisie en début des années 90. Un onze fort d'une ossature qui a gravi les échelons dès la section minime. Les Sabri Bouhali, Faouzi Rouissi, Mohamed Lahzami, Lassâad Hnini, Adel Sellimi, Houssem Hadj Ali, Mohamed Hamrouni, Khaled Maghzaoui... ont remis au goût du jour un modèle de projet et une nécessité de créer une identité de jeu propre au club, articulée et basée majoritairement sur les jeunes du cru. La saison passée, à titre d'exemple, et à l'exception de Ruud Krol, adepte du rajeunissement avec la montée des Boualégui, Zemzmi, Ayachi, Lahouel, aux côtés des Jaziri, Srarfi, Ouedhrfi, Chiheb Jebali, Malik Touré, Ghazi Ayadi et autre Khlil, il a été quelque peu reproché à son prédécesseur sa frilosité au moment de faire confiance aux jeunes. Pire, certains l'ont même accusé de mettre ces espoirs volontairement de côté. Alors, délit de faciès ou réel problème de niveau ? On pourrait botter en touche en s'interrogeant sur le niveau global de la formation clubiste. Sauf que les éléments de réponse reviennent en boucle et de manière récurrente. Le constat est clair et commence même à devenir poussiéreux: le CA n'arrive pas à opérer la mue officiellement désirée par ses têtes pensantes. Outre les retentissants échecs incarnés par certains recrutements (Touzghar, Nouioui, Akrout ou le jeune Walid Dhaouadi perdu dans les méandres de l'absolu), le CA semble, en réalité, incapable de mener un vrai projet de fond visant à amener sa formation parmi les meilleures du pays. Devant ce peu d'investissement, ils seront cédés à titre de prêt pour s'aguerrir et pour ne pas faire banquette. Plus inquiétant, très peu semblent à même de viser à terme une carrière professionnelle à une échelle convenable dans le futur. Le problème est bien réel, ces jeunes ne sont tout simplement pas au niveau de ce que l'on est en droit d'attendre d'un club comme le CA. Une conclusion qui la fout mal pour la formation clubiste, historiquement grande pourvoyeuse de jeunes pousses, et jadis, véritable pépinière de talents en herbe.